Jean-Christophe, après une saison compliquée vous avez fait votre retour au Tour de San Luis. Comment s’est déroulée cette expérience argentine ?
C’était conforme à mes attentes. C’est une course particulière. On est en janvier, c’est la première course de l’année. On arrive en plein été avec des températures allant jusqu’à 40 degrés alors que l’on sort de l’hiver en France. Les Sud-Américains sont eux en pleine saison et marchent déjà très fort. J’avais déjà eu des résultats similaires même quand je sortais d’une bonne saison. Ça ne met pas en confiance, mais j’ai l’impression d’avoir bien travaillé. J’ai pris cela comme un stage d’entraînement. Ça l’a été. Il ne reste qu’à capitaliser là-dessus.

Vous partirez à la découverte du Giro en mai prochain. Votre but sera-t-il de monter en puissance d’ici là ?
J’aurai un premier objectif intermédiaire sur Tirreno-Adriatico. Ce sera ma première course WorldTour de l’année. On verra alors si je suis dans l’allure pour le reste de la saison ou si ça s’annonce plus compliqué, comme cela l’a été l’an dernier. Je voulais découvrir le Giro pour avoir fait les trois Grands Tours. J’ai fait une Vuelta, plusieurs Tours de France. Il était dommage de tirer sa révérence sans avoir vu le troisième Grand Tour qu’est le Giro. Le Tour d’Italie a un certain charme, je suis content d’y aller avec beaucoup de motivations et d’envie. Les strade bianche et les routes non goudronnées me rappellent des choses (il rit).

Quelles ambitions pourrez-vous y afficher ?
Je sors d’une année 2015 compliquée. C’est difficile de parler d’ambitions. Je rêve d’en avoir, tout simplement. Il est encore trop tôt pour en parler. L’hiver a été bon. Je suis parti avec un organisme reposé contrairement à l’an dernier. J’ai de l’espoir. Je travaille pour avoir de meilleures sensations.

Vous avez participé aux JO d’Athènes, de Pékin et de Londres en VTT. Pensez-vous à une quatrième olympiade sur la route ?
Bien sûr, nous sommes nombreux à y penser. Les Jeux Olympiques ont un goût particulier pour moi. Quand je faisais du VTT, je ne rêvais que de cela. C’est resté ancré en moi. Après le chrono de Périgueux sur le Tour 2014, j’avais dit que ma médaille d’argent aux Jeux de Pékin valait plus que ma 2ème place sur le Tour. Puis, avec le recul, j’avais dit que je les plaçais au même niveau. Une chose est sûre, ce sont deux moments importants de ma vie. Je n’ai qu’une envie, c’est de retourner aux Jeux pour y performer. Tout dépendra de mon niveau. Je ne veux y aller que si je suis incontournable et si j’ai des choses à faire valoir.

Pensez-vous avoir plus de chances sur l’épreuve en ligne ou sur le contre-la-montre ?
Les deux. Ce qui multiplie les chances par rapport au VTT où il n’y avait qu’une épreuve. Je me dis qu’il y a peut-être plus d’ouverture sur l’épreuve en ligne pour aller chercher une médaille. Le chrono est particulièrement bien tracé pour moi, mais sur le papier, des coureurs comme Chris Froome ou Alberto Contador qui sont de bons rouleurs-grimpeurs sont susceptibles de faire de meilleurs résultats que moi. Mais il est vrai que si je retrouve mon meilleur niveau, j’ai des chances de briller sur le chrono.

Vous prendrez votre retraite sportive au terme de la saison. Où pourra-t-on vous retrouver dans un an ?
Je n’en sais trop rien pour le moment. Normalement, j’ai une place qui m’attend chez Areva. Il faut que j’étudie les différentes possibilités afin de trouver un projet motivant dans lequel je puisse m’épanouir. J’ai vécu de ma passion pendant des années. J’ai pris un plaisir fou à le faire. J’ai envie de continuer à vivre avec ce même plaisir. Prendre une année sabbatique, c’est à double tranchant, on peut vite vous oublier et c’est difficile de remettre le pied à l’étrier. Ce n’est pas mon projet à l’heure actuelle.

Le vélo continuera-t-il d’avoir une place dans votre vie ?
Oui, je pense, cela reste une passion. Avec un vélo électrique peut-être (il rit). Je continuerai sans doute de rouler. Peut-être plus en VTT parce que c’est moins dangereux et qu’il y a moins de voitures. Et cela reste ma passion.

Vous faites référence à la polémique du vélo électrique. Une telle technologie a-t-elle pu être utilisée sur la route ?
Ça a peut-être existé, mais je pense qu’aujourd’hui c’est voué à disparaître. Quand personne n’y pensait, c’était peut-être judicieux, mais maintenant que l’on en parle, s’y mettre, c’est plus qu’osé. Personnellement, je ne pense pas y avoir été confronté. Pour s’affranchir des débats, le plus simple serait de rendre systématiques les contrôles aux arrivées pour que le doute ne soit plus permis. Un passage aux rayons X et l’on peut simplement détecter les moteurs. Quelque part, ce qui fait vivre la triche, c’est le doute généralisé et la suspicion.

Propos recueillis le 1er février à Paris.