C’est une bourgade où vivent à peine plus de 300 âmes, un petit village du nord-Finistère introuvable sur une carte à grande échelle. A deux pas de Lannilis, théâtre du Tro Bro Leon au printemps, le petit bourg est situé au cœur des Abers et de la Côte des Légendes. Son nom pourtant, dans l’antre des crossmen, résonne comme un haut-lieu du cyclo-cross. Lanarvily. Il a suffi d’une prairie en contrebas, d’un petit sous-bois, de quelques escaliers et d’un comité d’organisateurs bénévoles des plus dynamiques entraîné par le vicomte Jean Le Hir, pour faire du circuit du Mingant une terre légendaire. Samedi et dimanche, c’est toute la France du cyclo-cross qui déferlera sur la minuscule commune bâtie tout là-bas, à la pointe ouest du pays. Pour la quatrième fois, Lanarvily s’apprête à accueillir les Championnats de France de cyclo-cross.

Désormais organisé sur deux jours, une formule instaurée voici deux ans et qui a rapidement fait ses preuves, le championnat national verra nos meilleurs spécialistes français s’affronter samedi et dimanche pour l’un des six titres mis en jeu : les Cadettes, les Cadets et les Espoirs demain, les Juniors, les Dames et les Elites après-demain. Six courses intenses qui se succéderont sur le circuit de cyclo-cross le plus réputé de Bretagne, dont le palmarès fut ouvert en 1958 par l’inégalable Jean Le Hir, un vrai personnage à lui tout seul. Impossible de dissocier le cyclo-cross de Lanarvily de celui que l’on appelle le vicomte, ce robuste finistérien à la casquette vissée sur la tête et aux intarissables pitreries. C’est à la tête d’un solide comité d’organisation qu’il a permis à Lanarvily d’organiser un Championnat du Monde, une Coupe du Monde et donc, ce week-end, un quatrième Championnat de France.

Le décor est planté. Reste maintenant à savoir pour qui l’on fera jouer la Marseillaise dans les quarante-huit heures à venir. Les trois manches du Challenge National, l’automne dernier, ont permis de situer le niveau des uns et des autres. Si les courses devraient être plus ouvertes chez les jeunes, elles devraient tourner à un duel dans les catégories supérieures. Chez les Espoirs, on ne voit personne pour empêcher Matthieu Boulo (Roubaix Lille Métropole) de se succéder au palmarès demain devant son public, en l’absence d’Arnaud Jouffroy, blessé et forfait jusqu’à la fin de la saison. En revanche, il devrait y avoir davantage de rivalité chez les filles dimanche entre Christel Ferrier-Bruneau (Béziers Méditerranée Cyclisme), Pauline Ferrand-Prévot (AC Bazancourt-Reims) et Caroline Mani (CC Etupes).

Dans la course-reine, dimanche après-midi, Francis Mourey (FDJ) restera l’homme à battre. Le Franc-Comtois convoitera un sixième titre national qui le rapprocherait du record absolu des sept titres nationaux. Mais l’adversité existe et, sur une course d’un jour, tout peut arriver. Son adversaire numéro un est Steve Chainel, le coureur lorrain qui porte désormais les couleurs de la FDJ, ce qui ne devrait guère avoir d’influence sur le duel que pourraient se livrer les deux hommes. Sauf bien sûr si Nicolas Bazin (BigMat-Auber 93) et John Gadret (Ag2r La Mondiale), les deux autres challengers, viennent y mettre leur grain de sel. L’épreuve se disputera entre prairie et sous-bois, avec deux franchissements d’escaliers. Le ciel devrait être clément avec les concurrents pour l’occasion.