Organisation. C’est une question qui était sur les lèvres de tous après la 16ème étape dantesque : l’organisation a-t-elle demandé la neutralisation de la descente du Stelvio ? Le compte Twitter officiel et certifié de la course l’avait annoncé, mais RCS assure qu’aucune mesure n’a été demandée sur radio course. « Radio course a mal interprété les indications des directeurs du Giro, tente d’expliquer RCS dans un communiqué. Comme nous l’avions indiqué précédemment, notre intention était de garantir la sécurité des coureurs pendant les six premiers virages de la descente du Passo dello Stelvio, soit les 1500 premiers mètres, où la visibilité était réduite en raison des nuages bas et du brouillard. A aucun moment, radio course ou les directeurs du Giro n’ont fait référence à une possible neutralisation de la descente. »

BMC Racing Team. Manifestement, tout le monde n’est pas d’accord avec la version officielle, à commencer par Jim Ochowicz, patron du BMC Racing Team qui a vu la 3ème place au général de Cadel Evans menacée. « Cela a été une parodie d’étape, accuse le patron de la structure américaine. Une communication officielle a demandé aux coureurs de s’arrêter au sommet du Stelvio, car la course serait contrôlée dans les descentes pour des raisons de sécurité. Toutes les équipes sauf deux ont respecté cet ordre. L’UCI et l’organisation ont la responsabilité de s’assurer que les règles soient respectées. Nous ne prenons aucune position à l’encontre des trois coureurs qui ont terminé ensemble. Mais RCS et l’UCI doivent s’assurer d’une certaine équité dans les conditions de course, ce qui n’a pas été le cas. »

Rigoberto Uran. Dans la descente du Stelvio, Rigoberto Uran (Omega Pharma-Quick Step) a peut-être perdu le Giro. Un fait de course qu’il met encore sur le dos de l’organisation. « Dans le Stelvio, Davide Bramati m’a dit que la descente serait neutralisée par les motos pour des raisons de sécurité, explique le Colombien. J’ai réussi à mettre mon imperméable avant le sommet et je ne me suis pas arrêté. J’ai commencé à descendre, mais je n’ai pas vu de motos. Dans la descente, quelques coureurs sont venus auprès de moi et je ne me suis pas rendu compte que Quintana n’y était pas. L’écart était déjà conséquent et nous avons organisé la poursuite. Dans des circonstances normales, je pense que l’histoire aurait été différente. Mais le Giro n’est pas terminé et je vais essayer de reprendre le maillot rose. »

Nairo Quintana. Pour s’emparer du maillot rose, Nairo Quintana (Movistar Team) a-t-il exploité un fait de course ? Non, répond le Colombien qui a repoussé tous ses concurrents à plus de 1’30 » au classement général. « Nous avons commencé la descente très rapidement, révèle le nouveau leader de la course rose. Je suis simplement resté dans la roue de mon coéquipier. Je n’ai pas entendu que la descente serait neutralisée, mes coéquipiers non plus. Nous voulions bien nous couvrir pour la descente. En bas, nous avons réalisé que nous n’étions plus que six dans ce groupe derrière l’échappée (avec Pierre Rolland et Ryder Hesjedal notamment). De toute façon, le temps que j’ai gagné sur mes rivaux a principalement été creusé durant la montée finale de Val Martello. Je ne vois pas en quoi il y a polémique. »

Pierre Rolland. Nairo Quintana mis à part, Pierre Rolland (Team Europcar) est le grand bénéficiaire de la journée mythique que nous avons vécue hier. Désormais 4ème du général, il n’est plus qu’à 5 secondes de Cadel Evans. « J’ai eu un très mauvais souvenir du Tour de Catalogne cette année ou j’avais été pris par le froid et je ne pouvais plus pédaler ni changer de vitesse. J’ai donc mis toutes les chances de mon côté pour ne pas avoir froid aujourd’hui, explique l’Orléanais. Par contre, j’ai très peu mangé et très peu bu, mais ce n’était pas vraiment évident dans ces conditions. Encore une fois, j’ai pu m’appuyer sur un super équipier, Romain Sicard, qui a été exceptionnel. Étant dans les premières positions dans la descente du Stelvio pour ne prendre aucun risque, quand j’ai vu débarquer Quintana avec un équipier, j’ai tout de suite décidé de les suivre. Avec cette descente humide et très technique, l’écart était fait. »

L’étape du jour :

17ème étape : Sarnonico-Vittorio Veneto (208 km). Difficile de prédire ce qu’il se produira aujourd’hui sur la route du Giro. La dernière étape à Trieste mise à part, c’est la dernière occasion de voir les sprinteurs briller sur ce Tour d’Italie, Nacer Bouhanni (FDJ.fr) en tête. Reste à savoir si les hommes rapides, mais aussi leurs coéquipiers, auront récupéré des efforts consentis hier pour arriver dans les délais. Dans le cas contraire, ce pourrait être la journée des baroudeurs. Encore faut-il que certains aient le courage de passer toute la journée à l’avant de la course. D’autant que les mauvaises conditions pourraient encore être au rendez-vous en Vénétie. Le temps doit se dégrader en fin d’après-midi selon les prévisions et des orages sont même prévus en toute fin d’étape. Le ciel n’est définitivement plus du côté des coureurs !