Depuis 2006, il rejettait en bloc les accusations. Depuis que sa carrière s’est interrompue brutalement à Strasbourg alors que le Tour était sur le point de s’élancer, il niait farouchement. Hier encore, il fallait employer le présent, on peut désormais utiliser l’imparfait. L’époque où Jan Ullrich niait avoir eu recours au dopage est maintenant révolue. L’Allemand était l’un des derniers à ne pas être passé aux aveux, il l’a fait au magazine Focus dans un entretien paru aujourd’hui. Clin d’oeil du destin, là encore, il passe après Armstrong, son meilleur ennemi, celui qu’il a regardé sur la plus haute marche du podium du Tour à ses côtés à quatre reprises : trois fois dauphin de l’Américain en 2000, 2001, et 2003. Une fois 3ème en 2005.

Reconnaissons-le. Que Jan Ullrich ait eu recours au dopage n’est une surprise pour personne. Il avait même été suspendu pour un contrôle positif aux amphétamines en 2002. La nouveauté, c’est qu’il l’avoue enfin. Le mensonge aura duré sept ans. Les accusations étaient trop fortes, les remords étaient peut-être trop intenses. « Oui, j’ai eu recours aux traitements de Fuentes, a confessé l’Allemand de 39 ans. Presque tout le monde utilisait des produits interdits à l’époque. Je n’ai rien pris que les autres n’aient pas pris. Je ne voulais pas être avantagé par rapport aux autres, je voulais avoir les mêmes chances », tente même de se justifier le retraité. Mais comme dans le cas d’Armstrong, ce sont des aveux a minima. Quels sont justement ces « traitements » ? Pas de véritable réponse. Au final, on reste sur notre faim, n’apprenant pas grand-chose de plus que ce que l’on ne savait déjà. Ullrich ayant déjà reconnu avoir été en contact avec Fuentes, mais sans jamais reconnaître avoir bénéficié de ses « services ».

Si ces aveux portent sur la fin de carrière de l’Allemand, rien n’est dit sur sa période « glorieuse ». Celle où le jeune espoir d’alors était promis à un avenir radieux. Depuis 2007, soit dix après sa seule victoire sur la Grande Boucle, ses ex-coéquipiers chez Telekom se sont mis à table un à un, Bjarne Riis le premier. Oui, le staff allemand administrait de l’EPO à ses coureurs. Les médecins de l’équipe l’ont même reconnu. Tout le monde les a suivis… sauf Jan Ullrich qui persiste à nier. Cette fois, le présent reste de mise, car le natif de Rostock ne dit toujours rien sur cette période pourrie de notre sport. Pour combien de temps encore ? Moins de sept ans, espérons-le…