Fanny, comment analyses-tu ta saison 2011, qui s’est conclue samedi dernier avec ta victoire chez les Espoirs féminines au Roc d’Azur ?
C’était avant tout une grande nouveauté pour moi avec mon entrée dans le team GT-Skoda-Chamonix. C’est vrai que rentrer dans une structure comme ça a changé pas mal de choses, que ce soit au niveau de l’encadrement, du matériel… J’ai passé une super année, je n’ai rien à reprocher au fonctionnement du groupe. Quand on voit tout ce que font les dirigeants du team pour nous, on ne peut que les remercier. Sportivement, je n’ai pas forcément atteint les objectifs que je m’étais fixés. Je voulais faire un Top 5 en Coupe du Monde et aux Championnats du Monde.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour y parvenir ?
Disons que ça a été une année assez irrégulière. En début de saison à Pietermaritzburg, j’étais partie pour remporter la première manche de Coupe du Monde Espoirs quand j’ai brisé ma chaîne à 3 kilomètres de l’arrivée. J’ai fini à pied pour arriver sur la ligne en 4ème position… A Dalby Forest, je suis tombée et me suis déplacée le bassin avec un trauma crânien. La semaine suivante à Offenburg, j’ai réussi à faire 3ème. J’étais super contente mais j’ai mis du temps à me remettre de tout ça. Je pense avoir voulu repartir trop fort tout de suite. Avec en plus mes examens de médecine en juin, ça a repoussé sur tout l’été. J’ai passé plus de temps à courir après ma forme qu’à préparer mes objectifs.

C’est donc une saison mitigée sur le plan des résultats ?
Je suis quand même satisfaite. Je fais quand même 6ème du classement général de la Coupe du Monde Espoirs, à une place près de l’objectif fixé, puis 9ème au Championnat du Monde Espoirs. Je me suis blessé au pied début août, juste avant les Championnats d’Europe. Après cela, je pouvais difficilement faire mieux. Au général, je suis quand même contente.

Cette blessure au pied, comment est-elle arrivée ?
Tout bêtement. Je me suis tordu la cheville et je me suis arraché une partie du cinquième métatarse. Depuis, je me suis surtout entretenue sur route pour essayer de finir la saison du mieux possible. J’ai un rendez-vous chez le médecin dans la semaine qui suit le Roc (NDLR : cette semaine), on verra ce qu’il en est. Les premiers contrôles n’étaient pas très bons, on verra s’il faut opérer ou non. J’espère que non.

Tu as la particularité de suivre des études de médecine, n’est-ce pas difficile de concilier le VTT de haut niveau avec des études aussi intransigeantes ?
On me fait beaucoup la remarque mais les deux me plaisent, après c’est seulement une question d’organisation. Le plus dur, c’est de trouver le rythme au début. Une fois qu’on l’a, ça va tout seul. Je viens de débuter ma 3ème année de médecine début septembre juste après les Championnats du Monde de Champéry. Pour le moment ça se passe bien, j’espère que ça continuera ainsi.

Quels sont tes projets professionnels ?
J’aimerais me spécialiser en médecine du sport. J’ai encore un peu le temps car ça représente une dizaine d’années d’études. J’ai le temps encore de changer d’avis mais à la base je suis partie pour ça !

L’année 2012 est une année olympique. Penses-tu avoir ta place auprès de Julie Bresset à Londres ?
Pour le moment, je ne pense pas encore beaucoup aux Jeux Olympiques. J’attends déjà de savoir si je me fais opérer ou non du pied. Si c’est le cas, ça nécessitera deux mois de repos dans la foulée. Les JO, on m’en a parlé, mais j’ai du mal à me les mettre dans la tête. Il y a déjà Julie Bresset pour une place, plus des filles comme Pauline Ferrand-Prévot, Cécile Ravanel, Sabrina Enaux, Laura Metzler… Nous sommes beaucoup pour une place. J’estime avoir encore le temps. Si ça arrive, tant mieux, si ce n’est pas le cas, tant pis, ce ne sera pas grave. Ce qui est certain c’est que je n’axerai pas ma saison 2012 là-dessus. Je vais me faire plaisir, surtout que ce sera ma première année en Elites.

Appréhendes-tu ce passage chez les Elites ?
Ça va être nouveau mais je n’appréhende pas spécialement car je n’aurai pas de pression au niveau des résultats. Ce sera plus une découverte, même si j’ai déjà couru avec les Elites ces dernières années, avant que la course des Espoirs Dames soit séparée de celle des Elites. Ça ne m’inquiète donc pas. Au contraire, je suis même plutôt pressée. C’est mieux de courir avec plus de monde, parce qu’en Espoirs on se retrouve vite seule. En Elites, on est plus souvent accompagnées et c’est certainement plus motivant de courir auprès de gens comme Julie Bresset et les meilleures étrangères.

L’élévation du niveau des Françaises cette saison, incarnée par Julie Bresset et même Pauline Ferrand-Prévot, est-il un élément de motivation ?
C’est sûr que ça pousse vers le haut ! Quand on fait une course, c’est pour battre tout le monde. Le niveau français s’est accru cette année. Pour les battre, il faut vraiment être très forte, mais c’est encourageant. Y a pas photo ! Et puis ça fait plaisir de les voir réussir, de se dire que le niveau français est l’un des meilleurs au monde, chez les filles comme chez les garçons.

Par où passera ton programme ?
Avec le team, nous nous déplacerons à nouveau sur les Coupes du Monde et les Coupes de France. Après, on verra pour les courses entre les deux, mais ce sera déjà un bon programme !

Tu as conclu ta dernière saison Espoir sur une victoire au Roc d’Azur Dames, 6ème au scratch, finalement l’année se termine bien…
Je ne savais pas très bien où j’allais car je n’avais pas fait de VTT depuis la manche finale de la Coupe de France à Super-Besse. Avec ma blessure, je ne savais pas ce que j’allais être capable de faire. Le départ s’est bien passé, j’ai réussi à rester dans les roues. J’ai évolué en 3ème position une bonne partie de la course, mais j’ai un peu craqué sur la fin. Etant donné le plateau qui était engagé, avec Julie Bresset et les autres, c’est sûr que j’aurais signé tout de suite pour gagner le Roc d’Azur Dames dans la catégorie Espoirs.

Propos recueillis à Fréjus le 8 octobre 2011.