Julie, la saison 2011 s’est achevée. Si on t’avait annoncé que tu réaliserais une telle année il y a un an, l’aurais-tu cru ?
Non, pas du tout. Ça a été une saison vraiment exceptionnelle. Je ne m’attendais pas à franchir un tel cap et surtout gagner des manches de Coupe du Monde. J’ai prouvé en plus qu’il ne s’agissait pas de performances d’un jour en me montrant régulière tout au long de la saison. Je suis super contente.

En 2010, tu t’étais blessée, ce qui avait mis en péril ta participation aux Championnats du Monde. As-tu douté à ce moment ?
Oui, tout à fait. Pendant six mois, je n’ai pas couru et j’ai évolué loin du niveau international. J’appréhendais mon retour mais j’étais aussi très motivée. Je ne savais pas trop où j’en étais, ça m’a rendu un peu plus forte. Je pensais beaucoup au Championnat du Monde Espoirs. C’était mon gros objectif, je voulais prendre ma revanche et je l’ai prise.

Tu as semblé géré tout au long de la saison, jusqu’à la dernière manche de Coupe du Monde où tu as finalement entretenu le suspense…
Je ne m’étais jamais mis le classement général de la Coupe du Monde en tête. Au fil des courses, je gagnais et j’amassais les points d’avance. Du coup, à Val di Sole, je me suis mis en tête de garder le maillot de leader de la Coupe du Monde. Là, c’est devenu tactique, nous avions calculé les points et j’ai fait une gestion d’efforts à ma façon pour être prête pour les Mondiaux qui intervenaient dans la foulée.

Cet objectif de gagner la Coupe du Monde est venu naturellement dans la saison ?
Mes résultats ont prouvé que j’étais capable de gagner ce classement. C’est une belle surprise et une belle récompense. C’est la consécration de ma belle saison 2011.

Et si ta qualité principale était la sérénité ?
Je pense que ça joue. Je prends les choses comme elles viennent, sans les appréhender. J’en profite. Le VTT est un sport très dur, il ne faut pas hésiter à le rappeler. Après, c’est aussi dans ma nature. Ma famille et mon entourage sont sereins. Ça ne m’empêche pas de me mettre la pression de temps à autres. Quand je suis partie pour la première fois avec le dossard 1, j’étais tendue. Je l’étais aussi pour les Mondiaux car c’était ma dernière année Espoirs et je ne voulais pas passer à côté. C’est du bon stress que j’arrive à gérer au fil des années.

Comment vas-tu gérer la période de transition qui commence ?
Je vais déjà souffler après cette grande saison, prendre le temps de réaliser tout ce que j’ai fait. Tout s’est enchaîné très vite. Avec le Mondial, je ne suis pas rentrée chez moi pendant six semaines. Le Roc d’Azur est venu clôturer 2011. L’hiver va être axé sur les Jeux, avec une préparation un petit peu différente. D’ici une quinzaine de jours, je vais me reconcentrer et reprendre les choses sérieuses.

Le cyclo-cross va-t-il faire partie de ton programme hivernal ?
Nous allons en discuter avec mon entraîneur mais il devrait en effet être au programme, notamment en vue du parcours des Jeux Olympiques, qui est assez spécifique et se rapproche plus d’un tracé de cyclo-cross que de celui du VTT, avec beaucoup de relances. Le cyclo-cross peut m’apporter quelques qualités. Mais je n’ai pas envie de faire de gros déplacements cet hiver. Je resterai chez moi, en Bretagne, où on compte pas mal de belles courses régionales. Peut-être que j’irai aux Championnats de France à Quelneuc.

As-tu déjà programmé ta saison 2012 ?
J’en ai une vague idée depuis la sortie du calendrier UCI. On a vu les dates pour les Coupes du Monde. L’année prochaine, je n’aurai qu’une course en tête, celle des Jeux Olympiques. Il faudra que la forme soit là au mois d’août.

Le fait d’avoir deux manches de Coupe du Monde en France la saison prochaine, à La Bresse les 19-20 mai et Val d’Isère les 28-29 juillet, va-t-il changer les choses, notamment en termes de récupération ?
Au niveau des déplacements, ce n’est pas sûr. Depuis la Bretagne, j’ai quand même de la route pour aller en montagne ! Mais je trouve que ça fait du bien. Avec le potentiel que nous avons chez nous, que ce soit au niveau pilotes, teams et organisations, et surtout parcours, ça va faire de sacrées Coupes du Monde.

Quel a été ton premier ressenti sur le parcours des Jeux de Londres ?
Je ne suis pas trop emballée. C’est très différent de ce qu’on retrouve sur les Coupes du Monde. Ils ont fait quelque chose de visuel, c’est bien pour les spectateurs, mais il n’y a pas vraiment de difficulté technique. Ce ne sont que des cailloux artificiels, ça va très vite, avec beaucoup de relances, des pistes fuyantes, mais rien de difficile. Il faudra faire avec. Si je vais aux Jeux, j’aimerai ce parcours, mais c’est quand même dommage de l’avoir conçu ainsi.

Où te situes-tu dans le débat entre 26 et 29 pouces ?
Je prends cela pour un effet de mode, je ne suis pas du tout tentée par le 29 pouces.

Quelle est ton approche du matériel ?
Je ne suis pas du tout technique. Très franchement, je m’intéresse à ce que j’ai, j’aime comprendre comment ça fonctionne, mais je ne suis pas du tout spécialiste en matériel. C’est peut-être un défaut. Parfois les mécanos me demandent si le vélo me convient, mais de ce côté je ne suis pas pointilleuse. J’ai beaucoup confiance au matériel, aux sponsors et aux mécanos du team.

A moins d’un an des Jeux, assumes-tu ton nouveau statut de numéro une ?
Je ne me suis pas encore faite à ce statut de numéro une. C’est vrai qu’il y a eu tellement de choses cette année que ce n’est pas facile à réaliser. Je n’ai pas la pression pour autant. Les Jeux sont dans moins d’un an, ça va arriver vite. Je sais que je vais être très regardée, que mes adversaires vont me prendre très au sérieux. Je vais être favorite, ce sera une autre gestion, mais je l’aborde sereinement. Le VTT doit rester un jeu.

Propos recueillis à Fréjus le 9 octobre 2011.