Julien, tu étais dimanche au départ du Roc d’Azur, que tu as terminé 26ème. A quel moment s’est opéré ton choix entre compétition pure et détente ?
Le petit challenge, c’était de partir à fond. C’est ce que j’ai fait avec Miguel Martinez. Ça m’a permis de bien me lancer et de faire la course à ma main. Je prenais des petits groupes et discutais avec différents coureurs. C’est vraiment sympa de rouler juste pour le plaisir. C’est quand même difficile. Quand on est mentalement moins à l’attaque, on souffre encore plus physiquement. Mais c’était vraiment sympa de rouler sans pression. J’ai pris du plaisir dans les descentes, je roulais avec un suspendu, ça change de mon vélo rigide que j’utilise d’habitude. Je suis très satisfait de cette matinée. Je suis également très satisfait qu’un Français gagne le Roc d’Azur, ça faisait longtemps, félicitations à Stéphane Tempier.

Quelles ont été tes impressions ?
Le Roc, c’est magnifique. Ça faisait longtemps que je n’avais pas tout fait. Et même si j’habite un peu le coin, je ne connais pas tous les sentiers. Donc ça m’a permis de découvrir de nouveaux parcours. C’est sympa d’être avec des gars avec qui je ne roule pas en Coupe du Monde. J’ai discuté avec le petit Fluckiger. Et sur la fin j’ai réaccéléré un petit peu. Je suis parti vite et arrivé vite.

Comment as-tu vécu la course avec le maillot tricolore sur le dos ?
C’est fou ! Les spectateurs ne regardent pas que les premiers. Ils sont là pour tout le monde. Le col du Bougnon, c’est un truc de fou ! C’est vraiment impressionnant. Les spectateurs s’écartent au dernier moment. Et depuis le Bougnon jusqu’à l’arrivée, il y a un public énorme. C’est sûrement ça aussi qui m’a fait accélérer dans les derniers kilomètres parce qu’on est vraiment portés par le public, un super public. Peut-être que j’attendais quelques réflexions de la part du public, mais sur tout le week-end, il a été extraordinaire.

Es-tu tenté de mettre le Roc d’Azur dans tes objectifs l’année prochaine ?
C’est vrai que finalement, je pense que sans le préparer comme une Coupe du Monde en pleine saison, si j’arrive en fin d’année avec de la fraîcheur, c’est possible de maintenir la forme jusqu’au Roc d’Azur.

La Coupe de France va de nouveau ouvrir chez toi ou presque à Saint-Raphaël en 2013. Y seras-tu ?
Oui j’y serai. Il n’y a pas d’autres courses prévues en Suisse ce jour-là.

Si ce n’est cette première manche, quel sera ton programme français l’année prochaine ?
C’est difficile à dire. Les calendriers nationaux sont sortis il y a très peu de temps. J’ai un peu regardé et mis quelques dates sur un planning. Malheureusement on n’a pas le planning Coupe du Monde définitif. Donc c’est difficile de caler les dates, sachant peut-être qu’on va nous rajouter une Coupe du Monde, peut-être une ouverture en Chine… Pour placer les manches nationales, il faudrait déjà qu’on ait de manière définitive le calendrier international.

Quelles seront tes priorités ?
En numéro un ce sera le Championnat du Monde. En deux les Championnats d’Europe. Parce qu’il est en Suisse, pas très loin de chez moi, sur un site que j’aime bien à Berne où j’ai gagné les trois dernières éditions. En trois, la Coupe du Monde. Et après, pourquoi pas jouer le général de la BMC Racing Cup si les dates concordent. Mais dans tous les cas, les objectifs seront internationaux.

BMC, sur route, c’est un peu le club des champions du monde. En signant là-bas, tu as presque l’obligation de ramener un maillot irisé ?
Ça fait longtemps que je cours après ! Il a été en ma possession pendant longtemps et maintenant je cours après depuis un bout de temps. Dans tous les cas, je sais qu’à Pietermaritzburg, c’est un circuit sur lequel Schurter sera très fort. Je sais aussi ce que j’ai à faire pour me rapprocher de lui. La montée me correspond bien mais il faut absolument que j’opère des choix matériels différents pour bien négocier les pierriers là-bas et progresser en vitesse. Parce que je ne pourrai pas devenir champion du monde si à chaque fois je perds cinq secondes dans le pierrier.

Comme tu seras géographiquement proche de la Suisse, vas-tu passer beaucoup de temps avec les labos dans les périodes à venir ?
C’est quelque chose qui me passionne dans le métier de pilote. C’est vrai qu’en VTT, on est coureurs mais aussi testeurs, metteurs au point. C’est une partie de mon job qui me plaît beaucoup. C’est ce que j’ai fait avec Orbea et ce que je vais continuer à faire avec BMC et les autres partenaires pour les autres composants.

Passeras-tu du temps avec l’équipe pro ?
Peut-être un stage en début de saison. Mais on devrait peu se voir. La volonté de l’équipe BMC, c’est d’avoir un effet miroir entre l’équipe route et le team VTT. On va avoir le même maillot, le même partenaire. En tout terrain, on va être le reflet de l’équipe route. Ils ont acquis une belle notoriété sur la route grâce à l’équipe WorldTour, la victoire de Cadel Evans sur le Tour de France. Ils veulent augmenter leur notoriété en VTT, le temps est venu maintenant de se faire connaître dans le monde du bike, comme disent les Suisses.

Qu’auras-tu retenu de tes six années avec Orbea ?
C’est une superbe expérience. J’ai quitté Bianchi après six années de collaboration. J’avais découvert les Italiens, leur manière de fonctionner. Chez Orbea, j’ai découvert d’autres choses : un autre pays latin avec une manière de fonctionner totalement différente. Une société coopérative très différente de Bianchi. Mais super intéressante car c’est un mode de fonctionnement super sympa. Tout le monde se sent motivé, les ingénieurs par exemple. 80 % des gens qui travaillent chez Orbea sont propriétaires de la société. Et avec Orbea au niveau compétition, j’ai vécu les plus belles années de ma carrière. Les titres de champion olympique et de champion du monde, des nombreuses victoires en Coupe du Monde… Une domination en 2007 et 2008. Une grande aventure. Comme avec Bianchi, j’ai fait six ans avec Orbea. On se quitte en très bon termes. C’est vrai que six ans c’est long pour construire quelque chose. Et au bout de six ans on a envie de voir comment ça se passe ailleurs. Je pense que je suis un des pilotes qui aura fait les durées de contrat les plus longues. J’ai connu peu d’équipes dans ma carrière. Bianchi, Orbea et maintenant BMC. Plus Scott quand j’étais plus jeune mais ce n’était pas encore du professionnalisme.

Qu’est-ce qui va changer dans ton programme d’intersaison, dans ton programme cet hiver par rapport à l’année dernière ?
Peut-être un peu plus de repos. Je vais faire moins de cyclo-cross. J’en ai fait deux régionaux, j’en ferai encore deux ou trois en novembre pour rouler plus en enduro et en VTT cet hiver. Je vais continuer à travailler la technique, faire des tests, me faire plaisir. Ce recul volontaire par rapport aux compétitions, c’est aussi pour arriver avec plus de fraîcheur l’année prochaine, plus de motivation. Donc un hiver un peu plus cool après une saison olympique éprouvante.

Propos recueillis à Fréjus le 14 octobre 2012.