L’expression « solide comme un roc » n’a pas été pensée au hasard. Solide, le Roc d’Azur l’est décidément. Quand on voit l’engouement que suscite l’événement, l’émerveillement qui se lit dans les yeux de chacun lorsqu’on évoque l’épreuve-phare de la fin de saison, la passion qui se devine dans les mots, il est impensable que le Roc d’Azur puisse un jour s’essouffler. La manifestation battra encore tous les records d’affluence cette semaine, et son épreuve-phare organisée ce matin autour de Fréjus (Var) rassemble encore 4300 participants, nombre contenu bien entendu ! Les avis de tempête brandies ici et là dans les allées du Salon hier soir n’ont découragé personne. Le ciel s’est assombri durant la nuit, le vent du large s’est considérablement levé et la température s’est rafraîchie, mais la passion et l’envie sont intactes tôt ce matin.

Qu’on soit venu y jouer la gagne, relever un défi personnel ou simplement passer un bon moment entre copains, le Roc d’Azur envoûte chacun de ses participants, du premier au dernier, qui s’élanceront par vagues successives à l’assaut des 56 kilomètres de sentiers poussiéreux. Le tracé a été repensé pour un tiers mais il emprunte des secteurs que les habitués du Roc connaissent bien. Les noms des lieux-dits traversés résonnent comme des secteurs mythiques : Fournel, La Flûte, la Bastide-Neuve, le Car Brûlé, le col du Bougnon, le Lissandre, la Gaillarde, la plage de la Galiote, le Chemin des douaniers… Le Roc d’Azur est empreint de mythologie. Et c’est à la conquête de ce mythe que s’élancent vaillamment les milliers de concurrents ce matin pour la dernière course de la saison. On aurait presque oublié que l’année se termine ici mais le ciel menaçant nous ramène subitement à la réalité. L’automne a chassé l’été.

Inscrire son nom au palmarès du Roc d’Azur, c’est entrer dans la légende du VTT. Mais pour gagner l’épreuve, il faut conjuguer l’art du placement à la sortie de la Base Nature, la force athlétique dès les premières difficultés, la fraîcheur dans le final et un bon sens de la stratégie. Le placement autant que la force, c’est ce qui va manquer à Christoph Sauser (Team Specialized Factory) aujourd’hui. Le Suisse, candidat à un triplé, semble courir à contretemps. Il ne parviendra jamais à se mêler à la course à la victoire, distancé dès la première bosse dans les collines des Maures par un groupe d’une douzaine d’unités. A son bord figure l’ensemble des pilotes qui vont animer cette édition, à commencer par le Sud-Africain Burry Stander (Team Specialized Factory), particulièrement persuasif au sein du large groupe de tête.

Le vent puissant freine les ardeurs des plus entreprenants : ils sont huit devant après le Bougnon.

La sélection se fait toutefois de manière naturelle et on ne tardera pas à voir éclore un groupe de cinq coureurs aux avant-postes. Après les Clapiers, l’ancien champion du monde Espoirs Burry Stander est là, qui mène l’échappée, accompagné du Suisse Florian Vogel (Team Scott France), du Français Stéphane Tempier (TX Active-Bianchi), de l’Espagnol Ivan Alvarez-Gutierrez (Giant Italia Team) et de l’Italien Andrea Tiberi. Derrière eux, un trio mène la chasse avec à son bord l’Autrichien Alban Lakata (Topeak-Ergon) et les coureurs de Rabobank-Giant-OffRoad Emil Lindgren et Henk-Jaap Moolag. Ces huit-là seront les grands animateurs de ce Roc d’Azur très indécis. En effet, personne ne parvient à se montrer supérieur aux autres sur le tracé sinueux, le vent puissant freinant peut-être les ardeurs des plus entreprenants. Personne ne prendra d’option sur la victoire avant l’ascension noire de monde du col du Bougnon.

Pire encore, on assiste à un pseudo-regroupement entre les cinq de tête et leurs trois poursuivants après la montée sans heurt du Bougnon ! Alban Lakata revient ainsi dans la course à la victoire, lui qui semble avoir de grosses prétentions aujourd’hui. D’ailleurs, il repart bientôt en compagnie de Stéphane Tempier, Burry Stander, Florian Vogel et Ivan Alvarez lorsque le Français décide de durcir la course avant la côte en béton de la Gaillarde. De nouveau, ce sont donc cinq coureurs qui évoluent en tête de course, et rien ne semble pouvoir départager ces échappés. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Après Stéphane Tempier, qui est en train de réaliser le meilleur Roc d’Azur de sa carrière, c’est Burry Stander qui accélère sur les singles-tracks conduisant vers la plage de la Galiote à Saint-Aygulf. La décision ne va pas tarder à tomber.

A 5 kilomètres de l’arrivée, elle tombe sur le Chemin des douaniers, un sentier sillonnant une mer particulièrement agitée. Face à la houle, Burry Stander accélère de nouveau et parvient enfin à faire céder Ivan Alvarez et Stéphane Tempier, lequel terminera à une honorable 5ème place. Il ne reste donc plus que trois coureurs en tête (Alban Lakata, Burry Stander, Florian Vogel) au moment d’en finir avec ce Roc d’Azur. L’Autrichien Alban Lakata emmène gros sur la piste cyclable afin de s’épargner une attaque de ses adversaires. Car il se sent le meilleur en cas d’arrivée au sprint, ce qu’il va prouver en franchissant la ligne d’arrivée le premier au prix d’un sprint victorieux mené devant Burry Stander et Florian Vogel. Le champion du monde de VTT marathon obtient ici l’un des plus prodigieux succès de sa carrière. Une victoire somptueuse qui hisse Alban Lakata au rang des meilleurs pilotes du monde.

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Classement :

1. Alban Lakata (AUT, Topeak-Ergon) les 56 km en 2h22’01 » (23,7 km/h)
2. Burry Stander (AFS, Team Specialized Factory) m.t.
3. Florian Vogel (SUI, Team Scott France) m.t.
4. Ivan Alvarez-Gutierrez (ESP, Giant Italia Team) à 56 sec.
5. Stéphane Tempier (FRA, TX Active-Bianchi) à 1’05 »
6. Emil Lindgren (SUE, Team Rabobank-Giant-OffRoad) à 1’56 »
7. Andrea Tiberi (ITA) à 1’57 »
8. Henk-Jaap Moolag (PBS, Team Rabobank-Giant-OffRoad) à 2’07 »
9. Christoph Sauser (SUI, Team Specialized Factory) à 2’26 »
10. Diego Rosa (ITA, Giant Italia Team) à 2’28 »