Gunn-Rita, quand as-tu décidé de repartir pour deux ans avec Merida ?
Je pense que c’était pratiquement décidé avant la saison dernière. J’avais besoin de temps pour revenir au top. Je suis repartie de zéro depuis que nous sommes devenus parents. Bien sûr, j’ai beaucoup gagné par le passé, mais beaucoup moins depuis que je suis maman. J’ai toujours la passion pour ce sport, la faim d’apprendre, l’envie de rechercher la course parfaite. Ces dernières années, je me sentais bien, en bonne santé. Je n’ai jamais été dans une situation où je me suis dit que je devais m’arrêter.

La seconde partie de ta carrière depuis ta maternité sera-t-elle aussi longue que la première ?
J’espère que ça ne sera pas aussi long, car si je continue encore dix ans je serai une vraie grand-mère ! C’est bien de voir que j’ai deux années supplémentaires pour être à mon meilleur niveau et toujours me battre au niveau international avec les meilleures athlètes mondiales. Et j’aimerais finir sur le sol norvégien à Hajfell pour les Mondiaux 2014. C’est l’endroit idéal pour mettre fin à ma longue carrière.

Si tu vises 2014, tu pourrais tout aussi bien t’arrêter en 2016…
C’est vrai, mais je n’espère pas (elle rit). On ne sait jamais. Le plus important actuellement c’est que je sens que je fais ce que j’ai vraiment envie de faire. Je sais que c’est vraiment difficile. Je sais combien d’efforts je dois faire au niveau de l’équipe, de la famille pour être au sommet. Mais les bonnes choses ont une fin. Je ne me vois que deux ans encore au meilleur niveau international. J’ai l’impression d’être encore plus motivée qu’avant, car maintenant, je sais que je peux faire partie des meilleures comme je l’ai montré en 2012, et je n’ai plus que deux ans pour profiter de cette vie. Ce n’est donc pas difficile de me motiver pour travailler dur tous les jours.

Qu’est-ce qui te paraît le plus accessible : remporter la manche finale de Coupe du Monde en 2013, ou les Mondiaux 2014 ?
Je prends les saisons comme elles viennent. Je travaille selon certaines périodes avec des objectifs précis. Bien sûr, je regarde la saison dans son ensemble, mais dans un sens, cela n’a pas d’importance. Le premier gros objectif sera les Championnats du Monde marathon à la fin du mois de juin. Et ensuite Pietermaritzburg. De plus, je serai meilleure que les autres concurrentes pour récupérer le plus rapidement possible entre l’Afrique du Sud et la Norvège pour la finale de la Coupe du Monde. Au 1er novembre on se concentrera sur la saison 2014. Je sais juste que la plupart des athlètes norvégiens n’ont jamais disputé de Championnats du Monde chez eux, quelle que soit la discipline qu’ils pratiquent. Alors je me sens privilégiée d’avoir cette opportunité. Je vais travailler dur pour cet objectif et nous verrons bien le résultat.

Le parcours des Championnats du Monde cette année peut-il te convenir ?
S’il n’a pas changé et que le parcours reste le même que la Coupe du Monde l’an dernier, c’est une vraie course pour moi. C’est très difficile. On ne peut pas dire que ce soit une course traditionnelle, mais sur celles que nous avons courues l’an dernier, c’est une des courses avec le plus de dénivelé. Quand je suis au top, c’est vraiment une course faite pour moi

Que penses-tu du Merida Big Nine ?
Je cours déjà sur le Big Nine. C’est pratiquement le seul vélo que j’ai utilisé l’année dernière. Sauf pour une manche de Coupe du Monde, j’étais toujours sur le Big Nine. Avec l’expérience de cette année, ce sera un gros avantage. Mais d’un autre côté, je ne sais pas ce que le Big Seven (le modèle 27″) m’apportera. Je pense que je dois m’en tenir à un seul vélo. Je ne dois faire qu’un avec mon vélo. C’est pour cela que je dois n’en choisir qu’un et faire la saison avec celui-là.

Les 29″ semblent moins adaptées aux Dames, pourrait-on te voir sur un 27,5″ ?
Je trouve ça intéressant. J’ai eu un temps d’adaptation assez long pour le Big Nine. Bien sûr, on sent au départ que le vélo n’est pas aussi explosif. Mais, comme José-Antonio Hermida l’a dit, il offre aussi de nombreux avantages. Je suis assez grande pour une pilote sans être aussi grande que certains pilotes qui doivent à tout prix rester sur le 29″. Je me sentirai sans doute aussi bien sur un Big Seven. Mais je dois simplement le tester et lui donner une chance pour décider.

Penses-tu que Julie Bresset est partie pour dominer la discipline pendant de longues années ?
Il faudra voir avec le temps, mais je la trouve équilibrée. Elle semble être bien entourée, elle aime ce qu’elle fait, c’est une pilote très technique ce qui est très important maintenant. Surtout, elle semble avoir autre chose dans sa vie, pas seulement le cyclisme. Cet équilibre est important. Tu as autre chose dans la tête, c’est important pour le corps et l’esprit. Surtout à l’heure actuelle. Elle est encore très jeune. La question est de savoir si elle n’en veut pas trop pour son âge. C’est difficile de stimuler l’envie pour avoir encore plus. Mais à l’heure actuelle, je pense qu’elle continuera pendant de longues années pour devenir l’une des plus grandes pilotes.

Crois-tu aux années post-olympiques « off » ?
Non, j’ai gagné les Championnats du Monde pendant quatre ans de suite, à la fois en XCO et en Marathon. C’est vrai qu’on a beaucoup plus à faire en s’équilibrant et en étant capable de dire non. On a moins de temps pour s’entraîner et pour récupérer, et ton esprit travaille beaucoup plus. Il y a tellement de gens que tu rencontres et tu es confronté à tellement de nouvelles choses. Le challenge c’est de conserver cet équilibre. Et les résultats en demi-teinte d’une année post-oympique sont principalement dus à cela, à ce temps supplémentaire que tu passes à devenir une championne.

Battre le record de vingt-huit victoires en Coupe du Monde de Juli Furtado est-il un objectif pour toi ?
Oui, ça l’est. J’adorerai remporter une manche de Coupe du Monde cette année pour avoir le record. Et ce serait génial d’avoir trente victoires en Coupe du Monde quand j’aurai terminé ma carrière.

Te souviens-tu d’elle en tant que pilote ?
Oui, je me souviens surtout de sa musculature qui était vraiment imposante comparée à celle des autres pilotes. J’ai plus souvent passé du temps derrière elle alors je me souviens très bien de tout ça !

Propos recueillis à Playa de Muro, le 10 février 2013