Jean-Paul, samedi en Coupe de France, tu as mené la course des Masters 2 avec Eric Pommelet avant de le lâcher sur la fin, raconte-nous tout ça…
Ca a commencé par une surprise. J’avais misé sur trois tours de circuit, comme l’an dernier, où ça avait été une course brève de 1h20. Là, on nous a annoncé quatre tours. J’ai donc choisi de commencer doucement, même si tout est relatif. J’ai donc fait les deux premiers tours en-dedans. Techniquement, j’avais de la marge, je pilotais propre. Eric Pommelet a crevé et a perdu une trentaine de secondes. J’ai mis la pression au troisième tour, il est rentré dans ma roue mais il n’a pas pu passer. J’ai exploité les montées techniques et cassantes du parcours dans le dernier tour pour le lâcher. Je ne m’attendais pas à ce qu’il perde ma roue or je lui mets finalement une trentaine de secondes dans le dernier tour. J’ai vraiment fini vite. Je fais finalement 5ème du scratch et vainqueur Masters 2. Je n’y croyais pas avant le départ car ça commence à devenir dur, à 47 ans, tandis qu’Eric a 41 ans.

Côté préparation, n’as-tu pas été gêné par les intempéries de l’hiver ?
J’entends tout le monde dire ça mais pour une fois, on a eu un véritable hiver, avec pas mal de froid. Beaucoup de gens ont parlé d’un hiver exceptionnel, mais moi à 47 ans j’en ai déjà vu un paquet comme ça ! Au contraire, cet hiver m’a plu. Des sorties par froid sec ne me dérangent pas. Quand il a neigé, je suis allé rouler sur des routes un peu plus grandes qui sont vite déneigées. C’est surtout une question de mentalité. Certains ne sortent pas dès qu’il y a un peu de vent, un peu de pluie ou un peu de neige. Ce n’est pas mon cas. Si c’est trop mauvais pour faire de la route, je fais du VTT. Si c’est trop mauvais pour faire du VTT, je fais de la préparation physique. Je n’annule jamais, je remplace.

Tu remportes ta troisième victoire consécutive à Saint-Raphaël, qu’est-ce qui a changé cette année par rapport aux précédentes éditions ?
On ne peut pas dire qu’il y ait grand-chose de changé. Il y a peut-être un petit peu plus de sections larges, mais c’est dans la nuance. Ce qui a changé, ce sont les conditions climatiques. On a du sec cette année contrairement à l’hécatombe de l’année passée. En 2009, pas mal de coureurs avaient oublié de vérifier leurs plaquettes de frein et n’avaient plus de freins à partir de la mi-course. Ca ne risquait pas de se reproduire cette fois.

A 47 ans, qu’est-ce qui te fait toujours rouler plus vite ?
Je ne roule pas plus vite, j’irais même plutôt moins vite. « Rouler plus vite », c’est le titre de mon livre mais c’est bon pour les jeunes. Le fait est que je roule toujours et avec autant de plaisir. Je n’ai jamais été au-delà de mes limites et c’est sans doute ce qui me motive encore. Je ne bois pas de café, pas d’alcool, j’ai un mode de vie très sain et sûrement plus sain que la moyenne, ce qui fait que je ne suis pas tellement usé. Et puis je sais varier les activités. L’hiver, je nage, je fais de la gym, de l’escalade, du renforcement musculaire. J’en fais aussi pour des jeunes. C’est une activité enrichissante au niveau philosophique.

Quelles sont tes ambitions pour cette année ?
J’aimerais bien aller chercher un titre à Praloup, fin août, national voire européen. Malheureusement, je ne pourrai sans doute pas aller au Championnat du Monde. Ca tombe le 11 septembre, or j’ai la rentrée scolaire, étant professeur d’EPS. Je suis coordinateur de mon équipe et c’est le moment où j’ai le plus de travail. Parmi mes autres objectifs, je vais faire les 24 heures des Crapauds en solo, ça va me changer complètement. Je vais aussi faire des épreuves que je n’ai jamais faites. J’espère bien dans l’année faire cinq, six, sept nouvelles épreuves et rencontrer des gens que je n’ai jamais rencontré.

Propos recueillis par Jean-Eric Lacotte à Saint-Raphaël le 27 mars 2010.