Marvin, comment s’est passé le Championnat du Monde de X-Terra à Hawaï ?
Tout s’est bien passé, j’ai fait le meilleur départ en natation. Jusqu’à la première bouée, j’étais en tête, puis je me suis fait rattraper par ceux qui étaient plus à l’aise en natation, ceux qui font du triathlon olympique. Je sors de l’eau en 8ème position au scratch, et il y avait deux filles devant moi. J’enfourche le vélo et je prends un bon départ, sans que ce soit les mêmes sensations que lors d’un départ d’un cross olympique. Je savais que la fin était très usante en single typé labyrinthe. Il fallait être lucide. Je me suis toujours économisé. J’ai laissé partir. Au moment où j’ai posé le vélo, je savais qu’il m’en restait sous le pied. Je suis parti petite foulée, comme on peut le faire sur un semi-marathon. J’ai réussi à courir tout le long et j’arrive 8ème au final.

Es-tu satisfait de ce résultat ?
Je pense que le Top 5 était faisable, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de Français dans l’histoire du X-Terra qui aient réussi à atteindre le Top 10 mondial. Je n’ai que 21 ans, c’est ma première année pro et je suis très content de ce résultat. Je me dis que l’année prochaine, j’arriverai avec un vélo encore plus performant avec le Look 927. On pourra sûrement bien rivaliser et combler les minutes que j’ai perdues sur la partie vélo.

Comment s’est déroulé le voyage à Hawaï ?
La veille de mon départ, je me suis fait une petite élongation au mollet gauche. Le voyage ne s’est pas très bien passé. J’ai été obligé de masser et je boitais. On est arrivé le dimanche soir pour la course le dimanche qui suivait et je me suis bien entraîné pendant toute la semaine. Avec 12 heures de décalage, il fallait bien s’acclimater. J’ai reconnu le parcours le mercredi et pu constater les nouveautés. J’ai remarqué qu’il y avait un peu plus de montées et une partie finale plus typée single.

Voyageais-tu seul ou étais-tu accompagné ?
Mon père est président du club de triathlon dans lequel je suis et qui m’aide pour les déplacements. C’est mieux d’être à deux. Ne serait-ce que pour la gestion administrative. Je ne peux pas tout faire avec mes études à côté.

Comment as-tu surmonté cette blessure au mollet ?
Le lundi, je pensais que c’était mort. Pourtant, je m’étais bien préparé, j’avais fait de belles sorties vélo sur Nice. Finalement, j’ai vu un kiné spécialiste du triathlon qui m’a dit que j’avais de la chance et que ce n’était pas une déchirure, mais une grosse contracture. Je devais simplement la faire travailler pour qu’elle parte. Petit à petit, elle est partie, je l’ai ressentie jusqu’au jeudi, soit trois jours avant la course, mais tout s’est bien déroulé.

Retrace-nous ton programme de cette semaine-là.
Ce n’était que de l’entretien. Je suis arrivé puis j’ai monté mon vélo. Je suis allé nager une demi-heure. Le mardi, j’ai fait une grosse sortie de vélo de une heure pour tourner les jambes au maximum. Le mercredi, j’ai fait une nouvelle sortie de vélo pour reconnaître le parcours donc deux heures de vélo, mais à 30° et 70 % de taux d’humidité. Le jeudi, j’ai couru un quart d’heure puis je suis allé nager. Le vendredi, j’ai fait un peu de vélo et de natation. La veille de la course, je n’ai fait qu’une toute petite sortie de vélo.

Es-tu habitué à la chaleur ou as-tu toujours des difficultés à t’adapter ?
On a beau être habitués, dans l’idéal, il faudrait venir deux semaines avant. En arrivant une semaine avant la course, on commence à s’habituer au climat. Les pros ont peut-être la chance d’y venir ou d’être en stage à proximité. Mais c’est la même chose pour tout le monde, c’est toujours difficile et il faut boire beaucoup. Uniquement sur la partie vélo, j’ai bu trois bidons et demi ! C’est la seule course de l’année où je pars avec deux bidons. L’organisation est bien rodée et on a deux zones techniques où ils passent des bidons bien frais.

Comment t’organisais-tu là-bas ?
Ma mère a des amis sur place, car elle y a travaillé pendant vingt ans. Nous logions chez un ami surfeur. Il nous a loué une pièce chez lui. C’était à la bonne franquette, mais c’était super ! On était tranquillement posés dans la case et on allait nager pour s’aérer l’esprit, car rester enfermé n’est jamais très bon. Côté alimentation, il y avait deux pasta party. Une la veille avec un traiteur et le soir de la compétition avec les podiums et la remise de prix. Pour le reste du temps, c’est compliqué pour trouver de la nourriture saine parce qu’on est aux États-Unis.

L’an prochain, continueras-tu d’alterner VTT et X-Terra en fin de saison ?
Je vais prendre un entraîneur cette année, Olivier Maignan. Je le connais, je connais ces méthodes. Je suis à la fac de sports à Nice, j’ai un peu plus de temps que l’année dernière pour rouler. Ça va être bien, je vais faire quelque chose de sérieux, de pro. Je suis déjà motivé même si je suis en coupure. L’an prochain, je vais faire la fin de saison en X-Terra, j’ai déjà ma qualification grâce à mon Top 10.

Comment organises-tu ta coupure ?
J’ai coupé une semaine après Hawaï, mais je faisais quatre heures de surf par jour ! Je risque de reprendre tranquillement dans dix ou quinze jours. Je ne prends pas de poids, mais j’aimerais en prendre un peu pour l’hiver, quand on fait de grosses charges de travail !

Propos recueillis à Beaumes-de-Venise le 9 novembre 2013.