Les Vosges regorgent de perles rares, mais cette fois ce n’est pas de Gérardmer que nous allons vous parler mais d’un autre joyau, brut de décoffrage celui-ci. Estelle Vuillemin a été et reste une référence dans ce qui se fait de mieux dans l’enduro et la descente féminine hexagonale et européenne. Et si aujourd’hui nous la voyons de moins en moins sur les circuits, c’est la faute de sa carrière professionnelle qui l’appelle à réussir d’autres challenges tout aussi importants puisqu’elle est journaliste reporter d’images (JRI). Quoi qu’il en soit, devant ou derrière l’objectif, Estelle reste passionnée, déterminée et entière, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Estelle, tu te fais de plus en plus rare sur les circuits, que deviens-tu ?
Oui, c’est vrai, ça se remarque apparemment ! En 2007, après une licence en Connaissance des Métiers de l’Information à Nancy, j’ai intégré l’Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) en alternance avec la télé locale de Montpellier. Depuis, ma présence sur les courses s’est peu à peu amoindrie. Aujourd’hui, je travaille dans une société de production audiovisuelle basée à Toulouse. Je travaille surtout sur le sport auto, et l’auto en général. Nous produisons deux émissions hebdo pour Direct 8 et NRJ12, et étant la seule journaliste de la boîte, ça me fait un paquet de travail. Je me déplace avec ma caméra et mon micro et j’interviewe les pilotes, c’est plutôt sympa, je suis au cœur des événements du sport auto… Ca me donne beaucoup de travail mais j’aime ce que je fais. Le point d’orgue de ma petite carrière, ce sont évidemment les 24 Heures du Mans, que j’ai couverts à l’intérieur du team Peugeot Sport, vingt-trois heures de direct !

Aurons-nous plus de chances de te voir en 2011 ?
Je suis incapable de réponde. Mon patron est à fond, il signe des contrats et derrière il faut les honorer. Et les courses auto, c’est comme le vélo, c’est le week-end ! Aujourd’hui, je monte sur le vélo de plus en plus rarement, mais je prends toujours un plaisir énorme. J’aimerais, selon mon programme de courses auto, pouvoir m’aligner à la Mégavalanche de l’Alpe d’Huez en 2011 (NDLR : elle compte à son palmarès cinq Mégavalanches dont trois fois celle de l’Alpe d’Huez en 2001, 2004 et 2005). Mais si j’y vais, je serai préparée pour !

Rassure-nous, tu n’as pas quitté le monde du VTT ?
Non, je ne l’ai pas quitté. J’ai énormément d’amis du milieu et je ne veux pas le quitter! Et puis je partage la vie de Franck Parolin depuis quelques temps, ça me permet d’avoir toujours un œil sur le monde du vélo, surtout qu’il vient de monter un magasin à quelques kilomètres d’où j’habite, et je lui file un coup de main dès que le temps me le permet.

Tu semblais t’amuser de la situation d’être femme de pilote, pourquoi ?
Oui, c’est vrai que c’est une situation plutôt inconfortable pour moi, je trouve. C’est bizarre d’aller sur des petites courses et de faire « femme de pilote ». Ce n’est pas ce qui me plaît le plus et c’est très rare que je sois là lorsqu’il court. La plupart du temps je bosse. Au Roc d’Azur, il a fait le Roc Ruelles, et moi j’étais à chaque relais pour lui donner à boire. C’est étrange à vivre pour être honnête, même si ça m’éclate de pouvoir l’aider. Bon, en fait, j’aimerais l’aider tout en faisant la course. Là ça me plairait !

Que penses-tu des Vosges par rapport au VTT en général et aux infrastructures DH en particulier ?
Les Vosges jouissent de la reconnaissance médiatique de Julien Absalon. A cela s’ajoute tout un vivier de bons pilotes, avec au premier rang les descendeurs Rémi Thirion, Rémy Absalon… Tout cela fait que les gens regardent les Vosges et les événements qui ont eu lieu à La Bresse aident encore un peu. Ca se bouge beaucoup. Le Bike Park du Lac Blanc connaît un succès énorme. Lorsque je suis dans les Vosges, je vais me promener en moto et je passe souvent par là. Il y a toujours du monde. Et puis l’avantage c’est que là-haut les gens n’ont pas peur de rouler sous la pluie ! Enfin, il y a tous les clubs qui forment les champions de demain avec le Trophée Régional des Jeunes Vététistes, école par laquelle je suis passée et qui donne de vrais vététistes complets dans les années qui suivent. Les Vosges ont un terrain de jeu idéal pour les pratiquants de tout niveau. C’est logique que ça bouge là-haut.

On te sait passionnée dans tous ce que tu fais, est-ce que promouvoir l’image d’un Bike Park Vosgien te plairait ?
Oui, évidemment, même si je suis expatriée dans le Sud-Ouest ! Ca ferait un peu « exotique » une fausse sudiste qui soutient un Bike Park vosgien ! En tout cas, il y a le potentiel, il faut que ça se fasse.

Peux-tu nous parler de tes prochains objectifs ?
Mes prochains objectifs, comme je le disais plus haut, ce serait la Méga, si possible en 2011, ou plus tard. J’aimerais me préparer pour être au départ en tant qu’outsider, celle qu’on n’attend plus, mais je voudrais le faire correctement. Ce serait une énorme satisfaction de m’aligner. Car si je le fais, c’est que j’aurai mis toutes les chances de mon côté. Mais aujourd’hui, je suis incapable d’annoncer ma participation. J’attends mes programmes de boulot.

Aurais-tu une anecdote sympa de course à nous conter ?
En 1999, lorsque je suis arrivée sur les Coupes de France, je crois que je n’ai pas fait une seule course sans arriver en retard au départ. Je ne comprenais pas, je suis super ponctuelle mais très étourdie. Ca m’a valu quelques remontrances de la part des commissaires ! Et les autres concurrentes me regardaient toujours de travers. Sinon, sur les Enduro Series, il y a eu une fois des pilotes qui doutaient de ma monture… A chaque arrivée de spéciale, mon père me récupérait le vélo et, en quinze minutes, il en faisait un vélo neuf. Tellement propre et bien mis que les autres pensaient que je trichais et que j’avais deux vélos !

Pour finir, de qui ou de quoi voudrais-tu parler ou tirer un coup de chapeau ?
Je voudrais juste tirer un grand coup de chapeau à mes parents. Mon père s’est toujours occupé de moi et a toujours été à fond pour le vélo. Et puis il a surtout mis le pied à l’étrier de Julien Absalon lorsque nous étions gamins et qu’on faisait des sorties en famille Vuillemin/Absalon. Ma mère aussi m’a toujours soutenue, mais elle avait peur donc elle ne montait jamais sur les pistes. Elle était cependant toujours là pour l’intendance, même lorsque j’étais dans des teams. Aujourd’hui encore, je sais que je peux compter sur eux. Et si je repars pour une Méga, ils seront à bloc, y a aucun doute !

Propos recueillis par Emmanuel Chaillard – http://velotekiero.sportblog.fr