Tout l’été, Vélo 101 célèbre les anniversaires : les 20 ans de l’Etape du Tour, la 50ème édition du Tour de l’Avenir, la 100ème édition du Tour de France, les 20 ans des Championnats du Monde de VTT à Métabief, la 30ème édition du Roc d’Azur…

Nolvenn, tu participais aux Championnats du Monde juniors à Métabief en septembre 1993, comment s’étaient passées les sélections ?
Ma sélection était évidente puisque j’avais gagné le Championnat de France élite femme en descente, bien qu’étant cadette 1ere année. J’étais inscrite en descente, mais aussi en XC.

Pourtant, tu avais découvert la descente l’année précédente.
J’ai découvert la descente au Trophée National des Jeunes Vététistes de Lelex en 92, puisqu’il n’y avait pas encore d’épreuve de descente en Bretagne. J’avais remporté l’épreuve de XC et de descente minime fille et fait le 6ème temps scratch. Philippe Moreau, team manager de Gitane qui avait révélé Laetitia Holweck l’année précédente, m’a proposé d’intégrer le team Gitane pour la saison 93. C’était ma première saison nationale et internationale, et j’étais alors cadette 1ère année. À l’époque, on retrouvait Laetitia Holweck, Mona Fee, Nathalie Fiat, Sophie Kempf, Sophie Eglin, Nathalie Ségura, etc.

Quelles étaient tes impressions sur la piste ?
La piste apparaissait comme une longue piste de BMX en descente très favorable aux bicrosseurs. Pas très à l’aise dans les sauts, et venant du trial, la piste ne me convenait pas particulièrement. Je me souviens surtout de l’épreuve de XC qui avait été un calvaire. La course junior fille avait lieu le matin, il avait plu toute la nuit. On tenait difficilement sur les vélos tellement l’épaisseur de boue était importante. Les commissaires et spectateurs nous aidaient même à pousser les vélos. J’avais chuté en milieu de parcours, j’ai terminé la course le visage en sang, lèvres et menton abimés.

Le choix des pneus, avec les crampons découpés, était critique, comment l’avais-tu vécu ?
Dans ce domaine, j’ai toujours fait confiance au team manager et aux techniciens de chez Michelin, et très souvent avec les conseils très éclairés de Georges et Nico Vouilloz !

Tu étais toute jeune aux côtés des anciennes comme Jeannie Longo et les stars comme Christian Taillefer, comment le vivais-tu ?
Ces premières années resteront gravées dans ma mémoire comme étant les plus belles. L’effectif de l’Équipe de France à Métabief était impressionnant, l’ambiance était excellente. Le VTT était encore « un sport amateur » avec sa pureté et son esprit d’origine. Christian Taillefer et Franck Roman étaient les grands frères protecteurs et amuseurs contribuant largement à l’ambiance et à cet esprit.

Il y avait une autre débutante en Équipe de France, Anne-Caroline Chausson. La connaissais-tu ?
Avant Métabief, elle n’avait fait que la dernière manche de la Coupe de France à Vars où elle termine 2eme derrière moi à 5 secondes alors qu’elle n’avait jamais roulé en descente ! Sa participation aux Championnats du Monde s’imposait, c’était sa deuxième compétition en descente.

C’est pourtant elle qui s’impose à Métabief.
Je termine deuxième, 21 secondes derrière Anne-Caro donc je suis forcément très déçue. Je me souviens des nombreux supporters bretons me consolant à l’arrivée.

Vous courriez devant une foule immense, à quoi pensais-tu sur le remonte-pente ?
J’avais déjà participé à deux manches de Coupe du Monde dont Cap d’Ail, au Championnat de France, au Championnat d’Europe j’étais donc familiarisée à cette pression et à la présence du public. Mais je dois avouer que je n’ai jamais retrouvé un public aussi nombreux et aussi enthousiaste au cours de ma carrière.

Sur quel matériel roulais-tu ?
Je roulais sur un Gitane « Rock evolution » peint spécialement pour le mondial aux couleurs de la France.

Ce Championnat du Monde a-t-il lancé ta carrière ?
Je me suis plus révélée lors des manches de Coupe de France 93 où il m’arrivait de terminer avec une avance très confortable sur la seconde. Métabief a surtout lancé la carrière d’Anne-Caro.

Quels souvenirs gardes-tu de la course des hommes où Frank Roman chute alors qu’il avait le meilleur temps intermédiaire ?
J’ai surtout le souvenir des cris des nombreux spectateurs massés sur le bord du grand virage où Franck Roman était tombé.

As-tu gardé contact avec les membres de l’Équipe de France à l’époque ?
Facebook m’a permis de retrouver des pilotes de l’époque. Je regarde toujours avec attention les résultats des descendeurs français. La victoire de Rémi Thirion en Coupe du Monde à Vallnord était un beau moment et les résultats de Loic Bruni sont très prometteurs. Dire que je roulais avec son père ! Quant aux filles, je suis ravie de voir que les Françaises sont toujours au top.

Propos recueillis le 5 août 2013.