Thomas, quel est votre sentiment au moment où vous finissez votre premier Tour et que Thomas Voeckler termine sa carrière ?
C’est de la satisfaction. J’avais dit à mes parents que dans ma vie mes rêves étaient de faire les JO et le Tour de France. C’est fait, et maintenant je sais ce qu’il faut faire pour gagner. C’est la fin de mon premier Tour mais ce n’est que le début de mon aventure. La dernière journée était pleine d’émotion parce que c’était la dernière de Thomas (Voeckler). Quand on a vu le reportage qui a été fait sur lui tout le monde avait un peu les larmes aux yeux. C’est une personne qui a marqué toute l’équipe et qu’on soit plus ou moins proche de lui, ça fait quelque chose de le voir arrêter pour tous les gens qui ont travaillé à ses côtés. Il laisse un gros héritage et nous avons une lourde tâche à effectuer pour le remplacer.

Thomas Voeckler n’était pas forcément le plus talentueux du peloton, mais il ne lâchait jamais rien.
Il a toujours su exploiter ses qualités à 100 %, il n’a jamais rien lâché, il était sérieux, il voyait la course et il a aussi de la chance au bon moment, c’est un tout. Le vélo, ce n’est pas que celui qui appuie le plus fort sur les pédales. Nous le voyons sur le Tour de France, il y a des coureurs qui roulent devant le peloton pendant des heures et des heures, c’est peut-être les plus forts mais ce ne sont jamais eux qui gagnent. Le vélo ce n’est pas que la force physique, il y a aussi l’intelligence qui rentre en compte et Thomas faisait partie des coureurs qui avaient les deux.

On peut dire que s’il n’y avait pas eu les oreillettes il en aurait gagner d’autres, non ?
Certainement, je n’ai cependant connu que l’oreillette donc je ne peux pas savoir mais ceux qui ne l’ont pas connu disent que ça aurait changé beaucoup de choses. Mais ça n’enlève rien à ce qu’il a fait et à ce qu’il nous laisse.

Quel serait le top 3 de vos émotions sur ce Tour de France ?
La cérémonie d’ouverture, car c’est ce qui a démarré le Tour de France. Le Grand Départ avec la Marseillaise et puis le passage sur la ligne aux Champs-Elysées, retrouver tous mes proches et ma famille. Ce sont les trois grands moments de ce Tour de France.

Comment avez-vous terminé ce Tour physiquement ?
J’ai eu une dernière semaine très difficile mais sur le dernier jour, avec l’euphorie, je n’avais pas mal aux jambes.

L’année prochaine, le Tour va partir de Vendée. Forcément vous y pensez déjà ?
Oui, ça va être un moment très important dans ma saison l’année prochaine. On ne sait pas encore comment elle va être axée mais étant dans une équipe vendéenne avec une forte identité, c’est sûr qu’on aura à cœur de briller sur nos routes.

Bryan Coquard va partir, cela veut dire qu’il va y avoir de la place pour un sprinteur comme vous ?
Oui, c’est aussi pour cela que Jean-René Bernaudeau m’a fait confiance dès cette année sur le Tour de France. Il a été beaucoup critiqué parce qu’il n’avait pas mis Bryan mais il l’a répété, c’était un choix mûrement réfléchit et nous n’avions rien à dire sur cela. Moi, ça m’a permis de faire mon premier Tour, de prendre de l’expérience en vue des années futures et c’est une très bonne chose d’avoir pu participer à mon premier Grand Tour dès cette année. L’objectif était de passer un cap et comme je l’ai dit l’aventure ne fait que commencer. L’avenir est encourageant.

Bryan était un coureur qui a su évoluer vers le statut de leader avec des gars qui roulaient pour lui. C’est un cap que vous devez franchir ?
Forcément. J’avais une position un peu particulière cette année parce que je revenais de la piste et je n’avais pas fait toute la saison avec les autres coureurs, c’était donc compliqué de pouvoir m’affirmer sans être dans le groupe à 100 %, sachant que Bryan était le leader incontesté cette année. En début de saison, cela avait été très clair et si Bryan avait participé au Tour j’aurais eu un rôle d’équipier dans un but de prendre de l’expérience. Avec son départ c’est sûr que cela a fait avancer les choses et je me suis retrouvé plus vite sur le devant de la scène. C’est arrivé au bon moment aussi pour moi. Cela m’a permis de faire le Tour, ce sont des opportunités à saisir, il ne faut pas louper ça. Cela a été difficile de passer d’équipier à futur leader, c’est compliqué mais c’est quelque chose que je recherche. J’aime gagner et avoir la confiance de mes coéquipiers, c’est quelque chose de grisant, que j’ai toujours recherché et je tiens à remercier Jean-René pour ça. Il a toujours été derrière moi malgré ma fracture du scaphoïde il y a deux mois. Je n’ai pas passé que des moments très faciles, ma famille a toujours été derrière moi et d’être arrivé à Paris est déjà une victoire.

Quel est votre programme pour la suite de la saison ?
Je vais d’abord me reposer, puis je préparerai les championnats de France sur Piste avec mon petit frère où nous essaierons de faire de belles choses.