Bonjour Damien, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Damien Séveri, je suis coureur handisport au Team Cofidis. Je pratique le cyclisme depuis l’âge de 13 ans, en ayant commencé par le VTT.

Cela fait combien de temps que vous êtes au Team Cofidis Handisport ?

Là ça fait je termine la troisième année. Et c’est vrai que c’est un véritable avantage pour nous cyclistes handisport d’être dans ce Team car on bénéficie de toute une structure, logistique…

Les Jeux Paralympiques se sont terminés, et vous n’avez pas fait partie de la sélection. Comment se passent les sélections pour cet événement ?

J’ai déjà été aux Jeux Handisports en 2008 à Pékin. C’est vrai que c’est le Graal pour tout sportif handisport de faire les Jeux Paralympiques. Pour les Jeux de Rio, avec mon coéquipier Johan on a fait le nécessaire pour pouvoir être sélectionnés. Mais il faut savoir que ces dernières années, pour les sélections olympiques il faut marquer des points et il y a un système de quotas. Il y a peu de places et la sélection se fait même entre les catégories. En plus, le niveau devient de plus en plus élevé, en particulier dans notre catégorie.

Pour information, combien y a-t-il de catégories pour le cyclisme handisport ?

Il y a en a beaucoup. Il y en a 5 catégories en solo avec des vélos traditionnels. Il y en a une pour les vélos tricycles. Pour les malvoyants il y a le tandem et pour les paraplégiques et tétraplégiques il y a le handbike.

Une question qui revient souvent : comment vous définissez-vous ? Comme sportif handicapé ou plutôt l’inverse ?

Moi, ce que je dis toujours c’est que nous sommes des sportifs avant tout. Bien sûr il y a un handicap, il ne faut pas le négliger. Nos performances sont moindres que les valides, ce qui est normal quand même ! Quand on me parle de ça, je réponds souvent que les femmes ont aussi un niveau de performance moindre que les hommes, mais c’est là aussi normal car lié à des raisons physiologiques.

On vous a retrouvé cet été sur le Tour de l’Ain cyclosportif. Comment ça s’est passé ?

Notre avantage avec Johann et moi c’est que nous sommes intégrés à l’équipe professionnelle Cofidis. Nous sommes logés avec eux, on bénéficie du bus, des mécanos, des ravitos… En plus on a le fan-club qui nous suit, donc on est au top et bien accompagnés !

Qu’est-ce qui vous attire ou qu’est-ce que vous recherchez sur une épreuve comme celle-ci ? L’environnement des professionnels ?

Non pas forcément. C’est sûr que c’est un aspect sympa mais on se voit aussi sur les stages hivernaux. C’est cool de manger avec eux parce qu’ils restent des mecs très simples. Mais c’est surtout que l’épreuve est vraiment bien. Les parcours sont magnifiques, l’organisation est parfaite, on est vraiment sur une super cyclosportive. Pour le passionné de vélo c’est l’idéal, il retrouve tout ce qu’il aime. Le matin il peut faire sa pratique sur des parcours bien sécurisés et puis après il peut regarder la course professionnelle. Et c’est vrai que nous en l’occurrence, on dîne avec eux le soir et on voit le côté coulisses.

On a aussi pu apercevoir que vous roulez avec le vélo de Romain Zingle, votre équipier Johan roule sur le vélo de Nacer Bouhanni. C’est un autre avantage pour vous on imagine ?!

Oui, naturellement on a tout le matériel de l’équipe puisque l’on en fait partie. Ce qui se passe c’est que l’on récupère le matériel de l’année précédente, le matériel neuf qui n’a pas été utilisé. Mais c’est clair que c’est un grand avantage pour nous : on a le matériel, les habits, les stages, les déplacements sont pris en charge…

Comment expliquez-vous qu’il y ait un véritable esprit « Handisport » chez l’équipe Cofidis depuis de longues années ? Cet esprit a été impulsé par François Migraine ou par une autre personne ?

Oui je pense que l’on peut faire remonter ça à François Migraine parce que déjà à l’époque à la fin des années 90, Cofidis soutenait François Thirionet qui était multiple champion paralympique. Mais il était seul. Par la suite la politique s’est un peu intensifiée avec Valérie Alexandre qui s’occupe de nous, et ça a été bien accepté par Thierry Vittu le Président de Cofidis Compétition. Et on a la chance d’avoir des managers qui suivent également très bien.

Quels sont les avantages réciproques à évoluer constamment dans l’univers des professionnels « valides » ? Qu’est-ce qu’ils vous apportent et qu’est-ce que vous leur apportez ?

Alors, je pense, qu’à notre niveau on leur montre qu’en étant handicapé on peut faire du vélo. Donc ça peut provoquer pour eux une petite remise en question sur leur situation, ils peuvent se dire qu’après tout ils ont une bonne situation, qu’ils sont « en entier » et en bonne santé. C’est une belle vie quoi ! Et pour nous c’est un plaisir de rouler avec des gens qui évidemment aiment le vélo, dans de bonnes conditions car souvent les stages sont en hiver en Espagne et de bénéficier d’un très bon encadrement.

Le cyclisme est un sport de « guerriers » et vous avez une force mentale en plus décuplée pour surmonter votre handicap. Est-ce que l’on vous sollicite justement pour intervenir quelquefois comme préparateur ou stimulateur mental ?

Non on ne fait pas d’interventions à proprement parler. Par contre, on va apparaître sur des publicités à partir des Jeux Olympiques. Donc on fait de plus en plus partie de la communication du groupe, ce qui est intéressant car c’est rarement mis en place même par d’autres marques.

– Léos Maere.