Le temps où Jérôme Pineau (Omega Pharma-Quick Step) se présentait au départ du Tour de France dans l’espoir de prendre une échappée pour rafler une étape est révolu. A 33 ans, le Nantais s’est découvert un nouveau rôle cette saison auprès de Mark Cavendish. Celui d’ange gardien. Demain à Bastia, un succès escompté du sprinteur britannique en entame de Tour reposera en partie sur les épaules du coureur français. « Je ne fais pas partie du train rapide de Mark Cavendish mais de la locomotive, celle qui va passer à l’action de très bonne heure, nous dévoile-t-il. Dès le départ, je serai en tête du peloton pour tâcher de contrôler la course le plus longtemps possible, avec quelques camarades d’autres équipes. Je suis prêt pour ça dans ma tête. Puis je m’écarterai aux 20 derniers kilomètres pour laisser mes coéquipiers finir. »

Trop livré à lui-même il y a un an alors qu’il chassait les victoires pour le compte d’une équipe Sky dévolue à Bradley Wiggins, Mark Cavendish bénéficiera cette fois d’une équipe entièrement construite autour de lui. A l’exception peut-être de Sylvain Chavanel, qui aura quelques libertés en première partie de Tour. « Nous sommes tous là pour Mark, il le sait, il sera le leader de l’équipe, poursuit Jérôme Pineau. Nous sommes tous très motivés. Il y a des signes qui ne trompent pas. Dès notre arrivée en Corse, les gars se sont mis en position, ils ont trouvé très vite leur rythme de croisière. »

Déjà aux côtés de Mark Cavendish durant le dernier Tour d’Italie, Jérôme Pineau a trouvé sa place. Celle d’un lieutenant de confiance sur lequel se repose désormais l’homme aux 101 victoires et des poussières. Et auprès duquel Cavendish semble même s’être épanoui cette année. « Du Tour de France, je suis celui qui va le plus côtoyer Mark, ça c’est une certitude, avance-t-il. Je serai surtout celui qui l’attendra quand il sera en difficulté dans les montagnes. » Et Jérôme Pineau d’ajouter : « on sait où il peut être en difficulté mais on peut être très surpris de lui. Sur le Giro nous avions prévu de gagner quatre étapes, nous en avons gagné cinq car il nous a épatés là où on ne l’attendait pas. Il a passé des bosses beaucoup plus difficiles que ce qu’il aura à passer sur le Tour. On sait que les Cannondale vont essayer de nous mettre à mal dimanche, mais ils n’ont pas l’équipe pour ça. On peut être surpris par le niveau de Mark en montagne cette année. »

Demain en tout cas, la question ne devrait pas se poser dans la première étape du Tour de France, plate et rectiligne. Il s’agira néanmoins pour Jérôme Pineau d’être vigilant aux mouvements qui ne manqueront pas d’agiter le début de course. « Demain, c’est moi qui distribue les tickets !, dit-il sur un ton amusé. On aura toujours des attaquants de première heure, on les connaît, et c’est très bien pour le Tour et le spectacle. J’ai fait partie de ceux-là par le passé. Pour nous l’idéal ce serait quatre ou cinq coureurs. On va faire en sorte qu’ils pensent qu’on ne les laissera pas partir mais de toute façon ils en sont conscients. Et puis rien qu’avec les équipes Omega Pharma-Quick Step et Lotto-Belisol, on a moyen de boucher de bons écarts. » En point de mire : un maillot jaune.