Il n’en fallait pas plus ! A l’issue d’un Tour de France longtemps indécis (compte tenu des différences mineures enregistrées entre ses acteurs), le contre-la-montre de Marseille placé en toute fin de Tour ne laissait plus planer la moindre incertitude quant à la propriété du maillot jaune. En jaune ou presque depuis la Planche des Belles Filles, Chris Froome (Team Sky) se présentait avec une évidente sérénité au départ des 22,5 kilomètres d’un exercice qu’il affectionne davantage que ses adversaires. Puisque la montagne ne lui a pas permis cette fois de réaliser des écarts magistraux – il a même concédé une vingtaine de secondes du côté de Peyragudes –, c’est principalement sur l’héritage des différences de… Düsseldorf que le Britannique évoluait encore à vingt-quatre heures de la parade parisienne.

Chris Froome pouvait donc à nouveau compter sur le contre-la-montre pour mettre de la distance entre lui et ses adversaires, Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) et Rigoberto Uran (Cannondale-Drapac), encore classés à moins de 30 secondes ce matin ! Et il ne s’est pas privé de le faire, parcourant un tracé sous forme de carte postale marseillaise plus vite que tous. Exception faite de Michal Kwiatkowski (Team Sky) et surtout de Maciej Bodnar (Bora-Hansgrohe), auteur de la meilleure performance cet après-midi. Un chrono synonyme de victoire d’étape pour un rouleur polonais qui n’était pas passé loin sur la route de Pau, quand il avait été repris par les sprinteurs dans la dernière ligne droite. A Marseille il aura laissé Kwiatkowski à 1 seconde et Froome, 3ème temps, à 6 secondes.

Les espoirs les plus fous de voir Romain Bardet renverser Froome sur son propre terrain n’auront donc pas fait long feu. Et même si le public massé dans l’enceinte de l’Orange Vélodrome (on était tout de même loin du taux de remplissage des matchs de l’OM) comme dans les rues de Marseille poussait de la voix pour son champion, la logique sportive devait bientôt être respectée dans cette véritable épreuve de vérité.

Et la vérité, c’est qu’au terme d’un Tour de France passé à chercher la faille du Maillot Jaune en montagne, et surtout au cœur d’une saison qui ne l’a pas vu signer un seul chrono convaincant, Romain Bardet était à bout de souffle. Très vite, le grimpeur auvergnat était éjecté au-delà de la zone de menace pour Chris Froome, qui allait même rentrer sur ses talons sur l’avenue du Prado pour déboucher juste après lui dans le Vélodrome. Pour Bardet, déjà repoussé de 43 secondes par Froome avant le Vieux-Port (km 10,2), il n’était plus question d’aller chercher cette première marche décidément encore un peu haute. Il n’était même plus question de défendre cette deuxième marche qui fut la sienne il y a un an et que s’octroyait rapidement Rigoberto Uran. L’enjeu venait de passer à un autre échelon : conserver une place sur le podium du Tour de France !

A l’arrachée dans la montée de Notre-Dame de la Garde (1,2 km à 9,5 % ; km 15,6), qu’il rejoignait 1’14 » après Froome et déjà 56 secondes après Uran, Romain Bardet affichait ses limites. Son allure trahissait un redoutable jour sans, et c’était comme si la sueur qui lui dégoulinait du visage évacuait avec elle ses toutes dernières gouttes d’énergie. Il lui fallait pourtant encore se battre car il venait déjà de rendre 44 secondes à Mikel Landa (Team Sky), qu’il précédait de 1’13 » au départ. Passé la descente technique, il restait donc à Romain Bardet à entretenir du mieux possible les 29 secondes qui lui permettaient encore de fouler la petite marche du podium.

A mesure qu’il s’approchait du Vélodrome, Chris Froome aux trousses, le leader d’Ag2r La Mondiale voyait son avantage filer. Mais en terminant au sprint dans l’enceinte d’où s’élevait une vibrante clameur, l’Auvergnat allait garder une seconde, une toute petite seconde, pour s’assurer normalement de figurer demain sur la photo finale du Tour 2017. Aux côtés de Chris Froome et Rigoberto Uran. Un verdict sans appel mais il n’en fallait pas plus !

Demain dimanche, l’ultime étape reliera Montgeron à Paris-Champs-Elysées (103 km).

Classement 20ème étape :

1. Maciej Bodnar (POL, Bora-Hansgrohe) les 22,5 km en 28’15 » (47,8 km/h)
2. Michal Kwiatkowski (POL, Team Sky) à 1 sec.
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 6 sec.
4. Tony Martin (ALL, Katusha-Alpecin) à 14 sec.
5. Daryl Impey (AFS, Orica-Scott) à 20 sec.
6. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 21 sec.
7. Nikias Arndt (ALL, Team Sunweb) à 28 sec.
8. Rigoberto Uran (COL, Cannondale-Drapac) à 46 sec.
9. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 34 sec.
10. Sylvain Chavanel (FRA, Direct Energie) à 37 sec.

Classement général :

1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 83h55’16 »
2. Rigoberto Uran (COL, Cannondale-Drapac) à 54 sec.
3. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 2’20 »
4. Mikel Landa (ESP, Team Sky) à 2’21 »
5. Fabio Aru (ITA, Astana) à 3’05 »
6. Daniel Martin (IRL, Quick-Step Floors) à 4’42 »
7. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) à 6’14 »
8. Louis Meintjes (AFS, UAE Team Emirates) à 8’20 »
9. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 8’49 »
10. Warren Barguil (FRA, Team Sunweb) à 9’25 »

Classement par points :

1. Michael Matthews (AUS, Team Sunweb) 364 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 204 pt
3. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Dimension Data) 200 pt
4. Sonny Colbrelli (ITA, Bahrain-Merida) 163 pt
5. Alexander Kristoff (NOR, Katusha-Alpecin) 158 pt

Classement de la montagne :

1. Warren Barguil (FRA, Team Sunweb) 169 pt
2. Primoz Roglic (SLO, Team LottoNL-Jumbo) 80 pt
3. Thomas De Gendt (BEL, Lotto-Soudal) 64 pt
4. Darwin Atapuma (COL, UAE Team Emirates) 55 pt
5. Chris Froome (GBR, Team Sky) 51 pt

Classement des jeunes :

1. Simon Yates (GBR, Orica-Scott) en 84h01’30 »
2. Louis Meintjes (AFS, UAE Team Emirates) à 2’06 »
3. Emanuel Buchmann (ALL, Bora-Hansgrohe) à 27’07 »
4. Tiesj Benoot (BEL, Lotto-Soudal) à 35’50 »
5. Guillaume Martin (FRA, Wanty-Groupe Gobert) à 47’38 »

Classement par équipes :

1. Team Sky (GBR) en 252h04’09 »
2. Ag2r La Mondiale (FRA) à 7’14 »
3. Trek-Segafredo (USA) à 1h44’46 »
4. BMC Racing Team (USA) à 1h49’49 »
5. Orica-Scott (AUS) à 1h52’21 »