Le peloton tourne le dos aux Pyrénées et prend la direction de Bergerac pour un dernier grand rendez-vous qui scellera définitivement le sort de la 101ème Grande Boucle. Avant de vibrer sur les 54 kilomètres qui décideront si oui ou non deux Français seront sur le podium final du Tour, il reste une étape, à première vue anodine, du moins sans difficulté majeure au niveau topographique. A l’instar de l’étape qui reliait Tallard à Nîmes dimanche dernier, cette 19ème étape promettait une lutte entre baroudeurs et sprinteurs. La grande question était de savoir si les sprinteurs et leurs sbires auraient la force nécessaire pour venir livrer bataille aux baroudeurs peu vernis pour le moment sur le Tour. Cette étape sera presque un copier-coller de la journée de dimanche, à ceci près que les sprinteurs n’auront finalement pas le dernier mot.

Pourtant, les hommes rapides donnent bien vite une indication de leur volonté de jouer la répétition générale du sprint final qui viendra plus que probablement conclure la 101ème édition de la Grande Boucle. Il faut dire que les occasions ont été rares pour eux de se dégourdir les jambes, mis à part sur les étapes de Saint-Etienne et de Nîmes, disputés dans des conditions toutes particulières : la première dans la chaleur étouffante de la cité du Forez, la seconde avait son final rendu dangereux par les violentes averses qui se sont abattues dans le Gard. Pour ceux qui voulaient couper à ces pluies qui auront heureusement épargné les coureurs dans les Pyrénées, c’est raté. De violents orages d’été viennent perturber un peloton constitué de courageux qui n’ont qu’une hâte : atteindre Paris et les Champs Élysées.

Martin Elmiger (IAM Cycling) faisait déjà partie de cette échappée qui est presque parvenue à contester la victoire aux sprinteurs sous la pluie à Nîmes. Le champion de Suisse en redemande et sa présence à l’avant n’est que le premier élément d’une similitude presque troublante entre ces deux étapes espacées de cinq jours. Échappé dès le kilomètre zéro, l’Helvète retrouve cette pluie qui avait marqué de son empreinte l’étape dimanche dernier. Il y retrouve Cyril Gautier (Team Europcar), Arnaud Gérard (Bretagne-Séché Environnement), Tom-Jelte Slagter (Garmin-Sharp) et Rein Taaramae (Cofidis). Mais même à cinq, l’échappée ne parviendra pas à prendre le large. Rapidement, les coéquipiers des sprinteurs prennent les rênes du paquet pour limiter l’avantage des fuyards autour des trois minutes.

Ramunas Navardauskas réussit là où Jack Bauer a échoué dimanche

Cette étape ne sera en rien une partie de plaisir pour les coureurs. Car outre le déluge qui vient essorer le peloton, une avalanche de crevaisons vient frapper les rescapés du Tour. Les routes du Gers, de Lot-et-Garonne et de Dordogne sont trempées, contribuant à dégager toutes les saletés dont le macadam regorge. Nombreux sont les coureurs à percer au cours des 70 derniers kilomètres disputés sous une pluie battante. Marcel Kittel (Giant-Shimano), par exemple, doit poser pied-à-terre à deux reprises et ses efforts répétés pour rentrer sur le peloton, conjugués à la sortie des Pyrénées, vont sans doute peser dans les jambes au moment d’aborder la côte de Monbazillac, cité célèbre pour son vin blanc liquoreux. Il reste alors 13 kilomètres à couvrir et cette côte qui aurait pu être avalée en toute quiétude par le peloton si elle était placée en début de Tour va peser directement sur le cours de l’étape.

De l’échappée matinale, seul Tom-Jelte Slagter parviendra à aborder en tête cette difficulté d’un peu plus d’un kilomètre à 7 %. Le Néerlandais a faussé compagnie à ses compagnons de fugue et résiste pendant quelques kilomètres au retour du paquet. Avec 20 secondes d’avance au pied, son sort est déjà connu. Mais le message au briefing pour les hommes de Jonathan Vaughters était visiblement très clair : gagner, chose que Jack Bauer n’était pas parvenu à faire à Nîmes pour une petite cinquantaine de mètres. Et TJ Slagter est repris par son propre coéquipier, Ramunas Navardauskas, juste après le sommet de la dernière bosse. Il reste alors 13 kilomètres et le rouleur lituanien semble en mesure de tenir en respect des sprinteurs épuisés par des Pyrénées copieuses.

Même si les Cannondale de Peter Sagan et les Lotto-Belisol d’André Greipel se placent aux avant-postes, ils ne parviennent pas à boucher les 20 secondes qui séparent le peloton de Navardauskas. Le spectre du sort de Jack Bauer plane sur l’ancien de La Pomme Marseille. Il va finir par réussir là où le Néo-Zélandais avait échoué en déployant toute sa puissance tandis que le peloton se désorganise avec une chute sans gravité, intervenue dans les trois derniers kilomètres dans laquelle sont impliqués Romain Bardet (Ag2r La Mondiale), Peter Sagan (Cannondale) et… Jack Bauer ! Le héros malheureux de l’étape de Nîmes connaît de nouveaux malheurs alors qu’au même moment Ramunas Navardauskas coupe la ligne et récolte les lauriers.

Demain, le contre-la-montre entre Bergerac et Périgueux (54 km) sera le dernier grand rendez-vous du Tour.

Classement 19ème étape :

1. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) en 4h43’41 »
2. John Degenkolb (ALL, Giant-Shimano) à 7 sec.
3. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) m.t.
4. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Daniele Bennati (ITA, Tinkoff-Saxo) m.t.
6. Alessandro Petacchi (ITA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
7. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Julien Simon (FRA, Cofidis) m.t.
9. Sep Vanmarcke (BEL, Belkin) m.t.
10. Jurgen Roelandts (BEL, Lotto-Belisol) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 85h29’33 »
2. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) à 7’10 »
3. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) à 7’23 »
4. Alejandro Valverde (ESP Movistar Team) à 7’25 »
5. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 9’27 »
6. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 11’34 »
7. Bauke Mollema (PBS, Belkin) à 13’56 »
8. Laurens Ten Dam (PBS, Belkin) à 14’15 »
9. Leopold Konig (TCH, Team NetApp-Endura) à 14’37 »
10. Haimar Zubeldia (ESP, Trek Factory Racing) à 16’25 »

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) 417 pt
2. Bryan Coquard (FRA, Team Europcar) 253 pt
3. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha) 247 pt
4. Mark Renshaw (AUS, Omega Pharma-Quick Step) 189 pt
5. Marcel Kittel (ALL, Giant-Shimano) 177 pt
6. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 169 pt
7. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) 147 pt
8. André Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 143 pt
9. Ramunas Navardauskas (LIT, Garmin-Sharp) 127 pt
10. Samuel Dumoulin (FRA, Ag2r La Mondiale) 117 pt

Classement de la montagne :

1. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 181 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) 168 pt
3. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 112 pt
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) 89 pt
5. Jean-Christophe Péraud (FRA, Ag2r La Mondiale) 85 pt
6. Alessandro De Marchi (ITA, Cannondale) 78 pt
7. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) 61 pt
8. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 54 pt
9. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 48 pt
10. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) 48 pt

Classement des jeunes :

1. Thibaut Pinot (FRA, FDJ.fr) en 80h52’55 »
2. Romain Bardet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 2’17 »
3. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 1h09’35 »
4. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Shimano) à 1h41’18 »
5. Jon Izagirre (ESP, Movistar Team) à 1h51’38 »
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 2h06’31 »
7. Rudy Molard (FRA, Cofidis) à 2h20’37 »
8. Benjamin King (USA, Garmin-Sharp) à 2h30’56 »
9. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp) à 2h35’48 »
10. Peter Sagan (SVQ, Cannondale) à 2h41’33 »

Classement de la combativité :

1. Tom-Jelte Slagter (PBS, Garmin-Sharp)

Classement par équipes :

1. Ag2r La Mondiale (FRA) en 256h52’21 »
2. Belkin (PBS) à 28’33 »
3. Movistar Team (ESP) à 1h05’47 »
4. BMC Racing Team (USA) à 1h12’25 »
5. Team Europcar (FRA) à 1h27’49 »
6. Team Sky (GBR) à 1h38’37 »
7. Astana (KAZ) à 1h39’06 »
8. Trek Factory Racing (USA) à 2h05’49 »
9. Lampre-Merida (ITA) à 2h29’02 »
10. FDJ.fr (FRA) à 2h30’20 »