La polémique née la veille de la non-neutralisation de la descente du Stelvio est loin d’être éteinte au départ de cette 16ème étape alors que les 208 kilomètres du jour sont ceux du répit au cœur d’une semaine de montagne. L’équipe Omega Pharma-Quick Step n’a toujours pas digéré la perte du maillot rose et c’est une réunion pour le moins houleuse qui se tient avant le départ de cette étape de plaine destinée aux baroudeurs ou aux sprinteurs. Les esprits ne sont peut-être pas calmés (Patrick Lefevere a notamment demandé la démission du directeur du Giro Mauro Vegni), mais l’étape est lancée envers et contre tout. Mais la polémique n’empêche pas Nairo Quintana (Movistar Team) de savourer son premier jour en rose. Le Colombien reprend des forces avant un combat qui s’annonce féroce jusqu’au sommet du Zoncolan samedi.

C’est le jour ou jamais pour une échappée et Nicola Boem, Marco Canola et Stefano Pirazzi (Bardiani-CSF), Lars-Ytting Bak et Tim Wellens (Lotto-Belisol), Matteo Bono et Damiano Cunego (Lampre-Merida), Thomas De Gendt et Serge Pauwels (Omega Pharma-Quick Step), Johan Le Bon et Jussi Veikkanen (FDJ.fr), Alberto Losada et Eduard Vorganov (Team Katusha), Jay McCarthy et Evgeny Petrov (Tinkoff-Saxo), Igor Anton (Movistar Team), Philip Deignan (Team Sky), Fabio Felline (Trek Factory Racing), Marco Frapporti (Androni Giocattoli), Enrico Gasparotto (Astana), Oscar Gatto (Cannondale), Simon Geschke (Giant-Shimano), Davide Malacarne (Team Europcar), Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale), Daniel Oss (BMC Racing Team), et Jos Van Emden (Belkin) l’ont bien compris.

Il était clair que l’étape était soit destinée aux sprinteurs, soit aux baroudeurs. Mais visiblement, Nacer Bouhanni (FDJ.fr), Giacomo Nizzolo (Trek Factory Racing) et autres Elia Viviani (Cannondale) n’ont pas la force de batailler pour une hypothétique victoire d’étape. Du coup, la bagarre est féroce pour prendre la bonne. Il faudra près de 60 kilomètres pour que celle-ci se dégage. Mais une fois que les 26 hommes obtiennent l’aval du peloton, l’écart grimpe très rapidement. Cinq, dix et bientôt plus de douze minutes d’avance. C’en est fait : les fuyards auront le dernier mot aujourd’hui. Reste à savoir lequel de ces 26 coureurs pourra lever les bras sur cette étape de transition idéale pour reprendre nos esprits.

Stefano Pirazzi se démarque sur la ligne par un geste pas franchement classe…

Après avoir creusé un avantage suffisant, les fuyards peuvent sereinement se tirer la bourre pour le gain de l’étape. Thomas De Gendt lance les hostilités à 28 kilomètres de la ligne, mais est vite rejoint par Stefano Pirazzi dans le Muro di Ca Del Poggio, dernière difficulté du jour situé à 20 kilomètres de l’arrivée. Quelques kilomètres plus loin, Matteo Montaguti, Jay McCarthy et Tim Wellens rentrent à leur tour sur la tête. Ils seront les derniers à le faire. Les poursuivants, affaiblis par les chutes de Johan Le Bon, Marco Frapporti, Eduard Vorganov, Simon Geschke et Oscar Gatto sur les routes humides, ne parviennent pas à revenir. Le reste du groupe ne s’entend pas et l’équipe Bardiani-CSF joue parfaitement le jeu d’équipe pour voir triompher Stefano Pirazzi, reconnu pour un tempérament offensif et un caractère bien trempé.

L’Italien, meilleur grimpeur du Giro l’an dernier va une nouvelle fois en faire preuve aujourd’hui. Dans le bon sens d’abord. L’entente entre les cinq hommes est loin d’être parfaite, mais elle leur suffit pour garder une avance confortable pour se disputer la victoire. Après une première tentative de Montaguti, Pirazzi jette toutes ses forces dans la bataille en jaillissant à 1200 mètres de la ligne. Ses compagnons de fugue ne font pas l’effort tout de suite et l’Italien appuie donc fort sur les pédales pour filer vers la ligne avec pugnacité. L’écart qu’il crée avec le reste du groupe lui permet de savourer sa victoire. Mais plus encore que sa joie à l’arrivée, on retiendra ce bras d’honneur lancé à l’encontre de ses détracteurs qui lui ont reproché un comportement discutable sur certaines étapes.

On aurait préféré que le vainqueur du jour s’inspire de Jussi Veikkanen qui lève malheureusement les bras pour régler le groupe de poursuivants, croyant arriver pour la gagne. Ce n’est pas la première fois qu’un vainqueur d’étape du Giro lance ce genre de geste condamnable sur la ligne. Hasard ou pas, Pavel Tonkov sur le Tour d’Italie 2004 (soit dix ans jour pour jour à 24 heures près !) franchissait lui aussi la ligne de la sorte… sur la 17ème étape. L’attitude regrettable de Pirazzi n’enlève rien à l’excellent Giro réalisé par la formation Bardiani-CSF. C’est un troisième succès que s’offre la formation de Roberto Reverberi après ceux de Marco Canola à Rivarolo Canavese et d’Enrico Battaglin à Oropa. Ces trois succès-là sont une bien meilleure publicité pour l’équipe de deuxième division…

Demain, la montagne revient entre Belluno et Riffiugio Panarotta (171 km) et une arrivée finale de 15,8 kilomètres à 7,9 %.

Classement 17ème étape :

1. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) les 208 km en 4h38’11 » (44,9 km/h)
2. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
3. Jay McCarthy (AUS, Tinkoff-Saxo) m.t.
4. Thomas De Gendt (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
5. Matteo Montaguti (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Jussi Veikkanen (FIN, FDJ.fr) à 28 sec.
7. Simon Geschke (ALL, Giant-Shimano) m.t.
8. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
9. Marco Canola (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
10. Serge Pauwels (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.

Classement général :

1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 73h05’31 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 1’41 »
3. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 3’21 »
4. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 3’26 »
5. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 3’28 »
6. Fabio Aru (ITA, Astana) à 3’34 »
7. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 3’49 »
8. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 4’06 »
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) à 4’16 »
10. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 8’02 »

Classement par points :

1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 251 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 225 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 173 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 161 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 130 pt
6. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) 96 pt
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 96 pt
8. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 84 pt
9. Marco Canola (ITA, Bardiani-CSF) 82 pt
10. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 78 pt

Classement de la montagne :

1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 95 pt
2. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 69 pt
3. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 63 pt
4. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) 62 pt
5. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 56 pt
6. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) 43 pt
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Meria) 39 pt
8. Jonathan Monsalve (VEN, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 39 pt
9. Fabio Aru (ITA, Astana) 37 pt
10. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 36 pt

Classement des jeunes :

1. Nairo Quintana (COL, Colombia) en 73h05’31 »
2. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 3’28 »
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 3’34 »
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 4’06 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 44’55 »
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 57’19 »
7. Mikel Landa (ESP, Astana) à 1h01’28 »
8. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1h07’56 »
9. Marc Goos (PBS, Belkin) à 1h14’19 »
10. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 1h19’36 »

Classement par équipes :

1. Ag2r La Mondiale (FRA) en 218h45’33 »
2. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 21’42 »
3. Tinkoff-Saxo (DAN) à 30’01 »
4. BMC Racing Team (USA) à 56’14 »
5. Astana (KAZ) à 57’29 »
6. Movistar Team (ESP) à 1h03’31 »
7. Team Sky (GBR) à 1h16’49 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 1h19’38 »
9. Team Europcar (FRA) à 1h36’14 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 2h06’19 »