Hugo, depuis le début de la semaine, tu es en stage avec l’équipe de France à la Londe-les-Maures. Quel est le but de cette réunion ?
Au début du mois, nous avions déjà fait un premier bloc foncier et route à Calpe. Ici, l’objectif est de refaire les bases VTT et les premières grosses intensités. On entre dans le vif du sujet. Nous avons par exemple fait un rallye mercredi. C’était une belle expérience. En VTT on roule souvent seul et on ne sait pas forcément se situer par rapport aux collègues après la longue période hivernale. Cela permet aussi de voir les fruits du travail hivernal, de voir les points où l’on s’est amélioré. Le gros plus c’est d’avoir Julien Absalon avec nous. C’est bien qu’il soit là.

Pourquoi ?
Ça tire le groupe vers le haut. D’une certaine manière, heureusement qu’il est là car autrement j’aurais été le plus âgé avec mes 24 ans (il rit) ! Plus sérieusement, cela apporte une vraie plus-value au stage. Il y a d’autant plus d’intérêt à venir. Personnellement, c’est le rallye de mercredi qui m’intéressait. Cela m’a permis de faire mes premières intensités en VTT. Qui plus est en groupe. Cela permet d’aller plus loin dans ses retranchements que si l’on est seul. C’est toujours intéressant. L’une des spéciales constituait par exemple en une mini course de dix minutes sur un petit circuit de moins de deux minutes que le staff nous avait concocté. Avant cela, en entrée de stage, nous avons réalisé des petites sorties courtes qui nous ont permis de travailler la technique, les passages trialisants, les marches, en montée comme en descente. Hier matin, nous avons fait une longue sortie VTT de presque 3h30′. Aujourd’hui et samedi, ce sera un peu plus court, mais plus intensif avec des rappels de départ arrêté ou des jeux de un contre un.

Quels effets as-tu pu ressentir lors de ces deux stages ?
Je ressens des progrès depuis le stage à Calpe. J’étais moins en forme l’an dernier à la même époque. Je sais que j’ai amélioré mes tests puisque j’ai pu les comparer à ceux de l’an dernier. Sans être encore au top, je suis déjà pas mal par rapport au groupe. C’est important surtout lors de cette année olympique avec des échéances qui viendront plus rapidement que l’an dernier.

C’est donc serein que tu aborderas tes premiers objectifs.
Pour moi, les choses sont très claires. Je veux atteindre mon pic de forme sur les trois premières manches de Coupe du Monde. Nous ne connaissons pas encore la sélection pour les Jeux Olympiques. Je ne regarde pas vers la deuxième partie de saison avec les Championnats de France ou la Coupe du Monde de Vallnord que je pourrais viser en fin d’année car c’est un circuit que j’apprécie particulièrement. Je me focalise uniquement sur les premières échéances avec Cairns le 23 avril. Il ne faudra surtout pas se rater car cela conditionnera la place sur la grille de départ à Albstadt et La Bresse à la fin du mois de mai. Tout cela afin de jouer la sélection olympique. Une fois que cela sera passé, on pourra parler de la suite de la saison.

A combien estimes-tu tes chances d’être à Rio ?
Je ne veux pas donner un pourcentage. Nous sommes six à prétendre à une qualification olympique pour trois places, sachant que Julien Absalon est sûr d’y aller. Il reste deux places pour cinq. J’estime donc avoir deux chances sur cinq d’y aller. Je mets tout le monde sur un pied d’égalité, j’estime avoir autant de chances d’y aller que mes quatre autres collègues. Je ne me dis pas par exemple que Maxime Marotte a plus de chances que moi parce qu’il a pris la 2ème place du test olympique et qu’il a réalisé une bonne fin de saison.

Ne crains-tu pas que le début de saison tourne à la confrontation franco-française ?
On nous rappelle régulièrement en équipe de France qu’il ne faut pas se contenter d’un match franco-français mais qu’il faut surtout regarder vers le classement mondial. Depuis que je suis Elite, quand je suis au départ d’une Coupe du Monde, je ne me demande pas si je suis le premier Français, je me préoccupe de ma place au scratch. Mais cette année, on sera dans l’obligation de penser au classement entre Français. C’est une situation un peu perverse. D’un côté, si le groupe est très fort, tout le monde sera tiré vers le haut. D’un autre côté, si la forme des pilotes français est un peu plus faible, est-ce que cela ne risque pas de tirer tout le monde vers le bas ? Personnellement, je pense qu’il y a peu de chances que cela se produise. Quoi qu’il arrive, cela vaudra pour les trois premières Coupes du Monde, tout reviendra dans l’ordre par la suite.

Le bon esprit du groupe France ne pâtit pas de cette concurrence ?
Pas du tout, c’est ce qui est très agréable. C’est même tout le contraire. C’est un challenge commun, tout le monde a le même objectif. Nous ne sommes pas rivaux pour le moment, nous voulons seulement tous aller à Rio. Nous sommes plutôt dans l’échange. Il y a une bonne dynamique. Ce sera que le meilleur gagne.

Sur quels atouts espères-tu te baser pour gagner ta place ?
Disons que je sors d’une belle fin de saison 2015. Je termine 9ème aux Championnats d’Europe, puis aux Championnats du Monde, et 13ème de la dernière manche de Coupe du Monde. J’espère me baser là-dessus. L’année dernière, sur les premières manches de Coupe du Monde, je partais de très loin en raison de mon ranking UCI. Cette année, je risque d’être à proximité de la deuxième ligne pour les premières manches. Cela pourrait être un gros avantage par rapport à l’an dernier.

Comment vas-tu construire ton programme en vue de ces premiers objectifs ?
Cela reste relativement classique. Je pars sur les mêmes bases chaque année. Mon but cette saison sera d’améliorer mon ranking UCI. Au lieu de participer à des épreuves purement françaises, j’ai un calendrier beaucoup plus international. J’irai deux fois en Espagne, au Portugal, en Allemagne, avant d’aller à Cairns. C’est ça qui va changer.

L’hiver que tu as passé en dit long sur ta condition. Tu remportes le Championnat du Languedoc-Roussillon en cyclo-cross devant Victor Koretzky puis une cyclosportive, Perpignan-Collioure.
En début de saison, il y a un choix à faire. Soit faire des grosses courses pour se mettre en jambes. Soit on fait des petites courses pour se mettre en confiance. J’ai choisi cette deuxième option avant mes deux premières épreuves VTT en Espagne, à Chelva le 6 mars et à Banyoles le 13 mars. Quant au Championnat du Languedoc-Roussillon, peu de gens savent que Victor a crevé. Mais c’était mon objectif cet hiver. J’ai fait peu de cyclo-cross et cette victoire a contribué à faire de cet hiver une réussite. J’ai surtout utilisé le cyclo-cross pour faire de la force. On s’est aperçu en fin d’année dernière que j’en manquais. Cela a été un apport intéressant dans mon cycle de préparation hivernal.

Quelles modifications y as-tu apportées ?
J’avais pour habitude de faire deux petites coupures, une en entrée et une en sortie d’hiver. Cela faisait trois ans que je n’avais pas fait de coupure de trois semaines consécutives. Avec mon entraîneur j’ai tiré les enseignements de mon mauvais début de saison de l’an dernier. J’ai eu un passage à vide entre mars et avril. Cette année, on ne pouvait pas se le permettre.

Propos recueillis le 25 février 2016.