Bryan, vous êtes allé chercher votre troisième victoire hier dans les rues d’Angers. C’est un succès qui vous tenait à cœur ?
Je connaisais bien cette arrivée, Angelo Tulik aussi. Il m’a parfaitement déposé et ça s’est donc très bien passé. Mardi en Vendée, nous avions roulé toute la journée, avec une arrivée difficile. La pluie a amené plus de difficulté, et deux jours après le Tour des Flandres j’étais un peu fané dans le final. L’équipe a été remarquable mais je me suis raté, j’étais un peu déçu, et j’avais à cœur de bien faire à Angers, où je me suis imposé pour la deuxième fois de suite. C’est la ville d’Angelo, c’est celle de mon entraîneur Fabien Aoustin, et c’était aussi celle de Romain Guyot (NDLR : le coureur du Vendée U fauché à l’entraînement le 3 mars 2016). L’équipe est solide, chacun a assumé son rôle, et cette victoire d’étape fait déjà une réussite de notre Circuit de la Sarthe. Même si ce n’est pas fini avec une carte pour le classement général comme celle de Lilian Calmejane, qui ne cache pas avoir envie de faire quelque chose de bien.

Un Lilian Calmejane qu’on a vu participer activement à la préparation de vos sprints…
A Pouzauges mardi, il est allé prendre la 4ème place. Puis à Angers il nous a remontés avec Angelo à 3 kilomètres de l’arrivée. De là, on a vraiment voulu gérer tous les deux en restant aux alentours de la 5ème position. Il y avait une chicane compliquée à gérer à 500 mètres de la ligne mais Angelo l’a parfaitement négociée. Il m’a alors lancé, je l’ai passé au début de la cuvette pour en ressortir en tête et sprinter jusqu’à la ligne, même si les 100 derniers mètres sur les pavés sont toujours un petit peu compliqués à gérer. J’ai rempli mon contrat.

Les pavés, vous en revenez justement puisque vous étiez dimanche au Tour des Flandres. Pourquoi vous êtes-vous imposé un tel enchaînement ?
Cet enchaînement s’inscrit dans ma préparation à l’Amstel Gold Race, que je veux aborder du mieux possible. Si j’ai coincé dans le sprint mardi, c’est en partie à cause de ça, mais je le savais. En m’engageant sur le Circuit de la Sarthe, je souhaitais m’imposer une charge d’entraînement qui est importante dans mon objectif qu’est l’Amstel depuis deux ans. Ça arrive à grands pas, je suis en forme et j’étais encore très bien dimanche dernier sur le Tour des Flandres. Il y a de la fatigue, c’est sûr, et je vais la traîner jusqu’à la fin de la semaine, mais après une bonne récupération tout cela devrait m’être bénéfique dans le but d’aborder l’Amstel Gold Race très proche de mon meilleur niveau.

Vous estimez-vous en accord avec votre tableau de marche ?
J’ai couru le Tour des Flandres, une course difficile, en étant à la bagarre à l’avant. J’ai pris beaucoup de plaisir à être à l’avant, avec les meilleurs, Philippe Gilbert, Tom Boonen, sur les pavés. Je me suis donné à fond. J’ai beaucoup travaillé, en tout cas j’ai donné le maximum pour Sylvain Chavanel, dont la très belle 9ème place en dit long sur le bonhomme. D’habitude, les efforts se font dans l’autre sens, mais sur cette classique ça m’a fait vraiment plaisir de pouvoir bosser pour lui. J’ai découvert une sacrée course au Tour des Flandres. J’ai beaucoup apprécié mais c’est très, très difficile.

Un petit gabarit comme le vôtre peut-il un jour naître à l’ambition sur une telle classique ?
Je ne sais pas si j’aurai un jour les capacités à suivre les meilleurs sur les pavés. Je ne fais que 60 kg, ce qui est un avantage sur une course comme l’Amstel Gold Race, mais sur les pavés, dès que ça redevenait un petit peu plat, je sautais beaucoup et c’était compliqué pour moi. Je ne pense pas avoir un jour le niveau pour m’imposer au Tour des Flandres. Jouer une place, pourquoi pas, mais chaque chose en son temps. Pour l’heure j’ai l’Amstel dans la tête et nous ferons un point cet hiver pour voir si je dois aborder le Tour des Flandres avec plus d’ambitions ou pas.

Le parcours de l’Amstel Gold Race, dont vous aviez pris la 4ème place l’an passé, a évolué, avec le dernier franchissement du Cauberg à 19 kilomètres de l’arrivée. Quel impact cela aura-t-il ?
Le Cauberg, que nous franchissions auparavant à 2 kilomètres de l’arrivée, ne me désavantageait pas trop. Je le passais bien et comme tout se jouait dans le Cauberg, on savait que c’est dans la dernière montée qu’il allait falloir s’arracher. Après, sprint ou pas, ça ne se jouait jamais à grand-chose. L’année dernière, le bon coup part dans le Cauberg et on arrive à 4 secondes… Désormais, les attaques pourront venir d’un peu plus loin. Et il faudra certainement des coéquipiers pour rentrer après les dernières difficultés, le Cauberg, puis le Geulhemmerberg et le Bemelerberg, à 7 kilomètres de l’arrivée. Ce sera différent, on va voir ce que ça va donner, mais il n’est pas dit que le scénario soit très disctinct des années passées.