Alberto Contador (Astana) ne compte certainement plus le nombre de jours qu’il a passés en Jaune, toutes compétitions confondues. Rares sont en tout cas les courses où l’Espagnol n’a pas troqué son costume traditionnel pour un paletot de leader. Cette régularité dans la performance pourrait en faire un athlète extrêmement sûr de lui, mais il n’en est rien pourtant. Contador reste un coureur soucieux quand il n’évolue pas sur son terrain de prédilection. Et puis il y a l’apprentissage du passé, les mésaventures surtout. On dit qu’elles forgent l’expérience et, dans le cas du champion madrilène, elles lui ont appris à rester mesuré tant que la course n’est pas finie. Aussi, s’il a fait la différence hier dans la montée de la Croix-Neuve, au-dessus de Mende, le nouveau porteur du Maillot Jaune pressent une fin de Paris-Nice difficile.

Mieux vaut ressentir les choses ainsi car la cinquième étape, dessinée entre Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) et Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) sur 157 kilomètres, n’est pas la simple étape de transition qu’on voudrait nous faire croire. C’est une journée difficile, nerveuse, que le peloton va aborder avec beaucoup de prudence. Les sprinteurs sont repoussés d’entrée de jeu dans un gruppetto, dès le col de Murs, et ne reverront jamais le peloton. Cela ouvre des perspectives aux attaquants, mais aucune échappée ne parviendra jamais à se démarquer, si bien que les attaques vont succéder aux attaques pour demeurer infructueuses. Les Astana, eux, semblent préserver des forces pour le week-end. Est-ce là l’enseignement de ce qui s’était produit l’année dernière, quand Contador avait été livré à lui-même dans les étapes du week-end, oubliant de s’alimenter et perdant toute chance de gagner la course au soleil sur une fringale ?

Toujours est-il qu’en l’absence d’une vraie équipe pour maîtriser la course, la cinquième étape de Paris-Nice redouble de nervosité. Une échappée aura bien du mal à partir aujourd’hui mais quatre hommes tentent leur chance à 45 kilomètres du but : Carlos Barredo (Quick Step), Sylvain Calzati (Team Sky), Volodymir Gustov (Cervélo TestTeam) et surtout le redoutable Rein Taaramae (Cofidis), très bien placé au classement général. En dépit de cela, le peloton laisse le quatuor s’évader et s’octroyer une minute d’avance. Puis la poursuite est engagée et le peloton se rapproche des quatre attaquants de la dernière heure pour les ravaler à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée. C’est le moment précis choisi par l’équipe Ag2r La Mondiale pour exploiter un terrain exposé au vent et tenter de semer la zizanie au sein d’un peloton sur les nerfs.

A 25 kilomètres de l’arrivée, le rythme s’accélère brusquement sous l’impulsion des coureurs français. Le peloton (tout du moins ce qu’il en restait à cet instant de la course) se scinde en plusieurs morceaux. Aucun des premiers du classement général n’est piégé mais le groupe se réduit à une petite trentaine d’unités. Et c’est de ce peloton en lambeaux que va sortir Peter Sagan (Liquigas-Doimo) à moins de 2000 mètres de la ligne. En costaud, le jeune slovaque de 20 ans, grande révélation de ce Paris-Nice, s’extrait du paquet dans un bon faux-plat montant et va parvenir à résister à l’arrachée à ses poursuivants pour obtenir un second succès d’étape, tout aussi retentissant que le précédent ! En Jaune, Alberto Contador, lui, termine au cœur du peloton mais il aura dû rester sur ses gardes tout au long d’une journée frénétique. Troisième de l’étape, Alejandro Valverde (Caisse d’Epargne) lui reprend en outre 4 secondes et revient se positionner à 20 secondes au classement général. Voilà qui annonce un week-end exaltant !

Demain samedi, la sixième étape se disputera entre Peynier et Tourrettes-sur-Loup (220 km).
Consultez la galerie photo de Paris-Nice.

Classement 5ème étape :

1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Doimo) les 157 km en 3h34’14 »
2. Mirco Lorenzetto (ITA, Lampre-Farnese Vini) à 2 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne) m.t.
4. Matthieu Ladagnous (FRA, Française des Jeux) m.t.
5.  Jens Voigt (ALL, Team Saxo Bank) m.t.
6. Simon Gerrans (AUS, Team Sky) m.t.
7. Koldo Fernandez (ESP, Euskaltel-Euskadi) m.t.
8. Nicolas Roche (IRL, Ag2r La Mondiale) m.t.
9. Matthew Goss (AUS, Team HTC-Columbia) m.t.
10. Alberto Contador (ESP, Astana) m.t.

Classement général :

1. Alberto Contador (ESP, Astana) en 20h41’40 »
2. Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne) à 20 sec.
3. Roman Kreuziger (TCH, Liquigas-Doimo) à 25 sec.
4. Luis-Leon Sanchez (ESP, Caisse d’Epargne) à 26 sec.
5. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 29 sec.
6. Jens Voigt (ALL, Team Saxo Bank) à 34 sec.
7. Joaquin Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 36 sec.
8. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Doimo) à 42 sec.
9. David Millar (GBR, Garmin-Transitions) à 1’02 »
10. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 1’06 »

Classement par points :

1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Doimo) 89 pt
2. Jens Voigt (ALL, Team Saxo Bank) 80 pt
3. Alberto Contador (ESP, Astana) 73 pt
4. Alejandro Valverde (ESP, Caisse d’Epargne) 63 pt
5. Mirco Lorenzetto (ITA, Lampre-Farnese Vini) 58 pt

Classement de la montagne :

1. Amaël Moinard (FRA, Cofidis) 21 pt
2. Laurent Mangel (FRA, Saur-Sojasun) 18 pt
3. Yann Huguet (FRA, Skil-Shimano) 14 pt
4. Alberto Contador (ESP, Astana) 13 pt
5. Jean-Marc Marino (FRA, Saur-Sojasun) 11 pt

Classement des jeunes :

1. Roman Kreuziger (TCH, Liquigas-Doimo) en 20h42’05 »
2. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Doimo) à 17 sec.
3. Reine Taaramae (EST, Cofidis) à 41 sec.
4. Jérôme Coppel (FRA, Saur-Sojasun) à 51 sec.
5. Maxime Bouet (FRA, Ag2r La Mondiale) à 1’37 »

Classement par équipes :

1. Caisse d’Epargne (ESP) en 62h09’05 »
2. Liquigas-Doimo (ITA) à 28 sec.
3. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 59 sec.
4. Française des Jeux (FRA) à 1’07 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 1’08 »