Jean-Christophe, à l’entame des trois derniers jours de Paris-Nice, vous occupez une place au Top 15 du classement général. Espérez-vous encore faire mieux ?
Comme tout sportif, on espère toujours faire mieux. Sur ce Paris-Nice, ce sera dur de gagner des places et bien plus facile d’en perdre. Mais pour l’avenir, j’espère encore progresser. Hier à Mende, ça a été un gros final avec une montée très pentue et une grosse concurrence. Je n’ai pas réussi à accrocher les roues des meilleurs mais je termine à la 14ème place avec Jens Voigt, Sylvain Chavanel et Sandy Casar.

Auriez-vous signé pour une telle place au départ de Paris-Nice ?
Pour être sincère j’espérais faire un petit mieux. J’ai été trop ambitieux, très certainement. En fait j’espérais intégrer le Top 10 de Paris-Nice, ça m’aurait plu. Maintenant, 13ème du général avant le week-end, ça reste satisfaisant.

Quelles vont être vos ambitions sur les trois étapes à venir ?
Je pense qu’avec une telle place au classement général ça va être difficile de réaliser une échappée ou de faire quoi que ce soit. Je vais simplement m’attacher à essayer de conserver ce classement au général.

Il s’agit de votre troisième course pro après le Challenge de Majorque et le Tour de l’Algarve, comment évaluez-vous vos débuts ?
Je progresse dans le sens où je récupère un petit mieux. En tout cas, je m’habitue à la répétition des efforts jour après jour. C’est là la grande différence avec le VTT, où nous avions l’habitude de nous entraîner pour une course d’un jour et d’être frais pour courir sur une journée. Physiquement, je récupère donc de mieux en mieux. C’était dur à Majorque, un petit peu moins en Algarve, moins encore sur Paris-Nice. J’espère pouvoir prendre mes marques et y arriver.

C’est un Paris-Nice moins montagneux que les précédents, auriez-vous préféré une véritable arrivée en altitude ?
C’est clair que j’aimerais bien faire une arrivée en haut d’un col. Je pense être grimpeur donc plus la pente s’élève et plus je suis content.

Vous avez des accointances lyonnaises, avez-vous chambré Alberto Contador à la suite de la victoire de l’OL contre le Real Madrid ?
Non, du tout ! Je n’ai jamais discuté avec lui jusqu’à présent. Tous les coureurs qui sont devant moi m’impressionnent particulièrement ! Ils sont vraiment très impressionnants. Les Sanchez et Contador en côte, les Greipel au sprint. Il y a vraiment de très bons coureurs face auxquels il n’y a pas grand-chose à faire.

Comment s’est passée votre intégration au sein de l’équipe Omega Pharma ?
Très bien. Ca continue à se faire mais ça se passe bien. Je me suis rapproché de Mickaël Delage et de Philippe Gilbert, qui parlent tous les deux français. Ils facilitent mon intégration au sein de l’équipe. De mon côté, j’ai appris quelques mots de flamands mais juste un petit peu.

Quel va être votre programme à venir ?
Je vais disputer le Tour de Catalogne puis deux classiques ardennaises, la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. L’équipe y sera attendue mais ce sera une pression positive. Mon envie est de voir gagner Philippe Gilbert là-bas. Ce sont des courses qui lui tiennent à cœur donc si je peux l’aider, je serai content.

Quelle ambition nourrissez-vous après ce beau début de saison ?
J’ai clairement dit en venant chez les pros que c’était pour participer au Tour de France et le découvrir de l’intérieur. C’est clair que j’ai envie d’y être. Le calendrier n’est pas encore très clair mais il devrait s’éclaircir dans les jours à venir pour que je puisse m’entraîner au mieux, cocher des objectifs et être le plus performant possible sur ces objectifs.

N’avez-vous pas le regret d’avoir privilégié trop tardivement votre carrière VTT ?
Non, pas du tout. Le VTT me manque et j’aimerais bien pouvoir le pratiquer de temps en temps en compétition. Il apporte vraiment des qualités complémentaires qui peuvent faire la différence sur la route. Le VTT reste une passion donc j’en suis toujours l’actualité. Je regarde ça de très près.

Vous arrivez du VTT et obtenez de bons résultats chez les pros, en dépit des considérations parfois critiques des vététistes envers les routiers…
J’espère que les mentalités vont évoluer. Autant au début de ma carrière les routiers se moquaient un peu du VTT, je pense qu’ils ont pris conscience que c’était un sport à part entière. C’est vrai que les vététistes sont un petit peu sectaires vis-à-vis de la route, certainement pour rendre la monnaie de la pièce. J’espère qu’on en parlera plus dans cinq ans et qu’il n’y aura pas de cloisonnement. De bons routiers peuvent faire de bons vététistes et inversement.

Qu’en est-il de la lutte antidopage ?
L’UCI met en place des suivis longitudinaux. Vu de l’intérieur, c’est quand même pas mal foutu. J’ai déjà fait trois ou quatre prises de sang depuis le début de l’année, il y a des contrôles réguliers. Donc de l’intérieur c’est quand même très contrôlé.

Un mot enfin sur un autre vététiste qui s’est mis en avant sur ce Paris-Nice, Peter Sagan ?
C’est un jeune vététiste impressionnant et bourré de talent, capable de gagner au sprint, de faire de gros chronos. On savait que le VTT donne de grosses qualités en contre-la-montre. Il l’a prouvé et je pense qu’il a beaucoup d’avenir. Il était reconnu dans le VTT avec un titre de champion du monde en Juniors et une médaille de bronze en Espoirs à 19 ans en partant en dernière ligne. C’est un coureur hors normes.

Propos recueillis à Pernes-les-Fontaines le 12 mars 2010.