A un jour près, il offrait un magnifique cadeau d’anniversaire à son mentor, Erik Zabel. Hier encore, Cavendish soulevait la controverse. Tous les suiveurs tiraient à boulet rouge sur celui qu’ils avaient porté aux nues, sur ce même Tour de France, un an plus tôt. Encore une fois passé à travers son sprint à Reims, le Britannique était mis au banc des accusés pour sa vie privée houleuse, son comportement de « bad boy » et même sa maladresse sur le vélo. Dimanche après avoir tiré tout droit sur la route vers l’Atomium de Bruxelles, Mirko Lorenzetto (Lampre-Farnese Vini) embarqué dans la chute avait mis à l’index le comportement de l’Anglais, de la façon la plus explicite qui soit. « Ce n’est pas de ma faute, s’il ne sait faire que des courbes carrées. » Aujourd’hui en l’espace de 200 mètres, Cavendish a balayé du revers de son poing rageur toutes les critiques qui l’avaient enfoncé depuis son début de saison peu prolifique jusqu’à la terrible chute du Tour de Suisse, dont il avait été jugé responsable.

Les trois valeureux du jour n’ont donc rien pu faire face au rouleau-compresseur du peloton. Et pourtant, ils ont bien cru pouvoir renverser la tendance d’une arrivée massive. José Ivan Gutierrez (Caisse d’Epargne), Julien El Farès (Cofidis),  Jurgen Van de Walle (Quick Step) comptent encore 1 minute et 20 secondes d’avance sur le peloton lancé à leur poursuite alors qu’il reste 17 kilomètres à parcourir. Comme hier, les trois fuyards calquent leur cadence sur celle du peloton : un train de sénateur qui ne s’emballe que dans les tout derniers kilomètres. C’est à ce moment là que le Belge, le Français, et l’Espagnol passent la vitesse supérieure. Mais ils ne font illusion que quelques minutes. A 6 kilomètres, sentant le souffle des équipiers de sprinteurs assoiffés de poursuite, Gutierrez tente l’aventure en solitaire. Ce n’est qu’un coup fourré. Comme hier, les insurgés sont rattrapés à 4 kilomètres de la ligne, sans autre forme de procès.

Désormais, place aux poissons-pilotes, aux jeux de coudes et autres incivilités courtoises entre cadors du sprint. A ce petit jeu, les Garmin-Transitions se révèlent être les plus malins. Désireux de rattraper un début de Tour chaotique, ils placent de façon magistrale leur leader Tyler Farrar, engoncé dans ses pansements. Mais l’Américain rate son entrée en scène et bloque dans les barrières, Petacchi (Lampre-Farnese Vini) qui, à l’inverse des jours précédents, n’avait pas senti le bon coup. Car le bon coup est de l’autre côté des balustrades. Dans un timing parfait, Mark Cavendish prend les reines du sprint. Un boulevard s’offre à lui. Ciolek et Boassen Hagen sont trop courts. Sur la ligne pas de fanfaronnade ni de gestes déplaisants débordants d’orgueil, juste une explosion de joie sincère, comme si l’Anglais, après sa longue traversée du désert avait appris l’humilité. Les autres sprinteurs ont eu le plaisir d’apprendre que Cavendish était de retour.

Classement de l’étape 5 :
1. Mark Cavendish (GBR, HTC-Columbia)
2. Gerald Ciolek (ALL, Milram)
3. Edvald Boassen Hagen (NOR, Team Sky)
4. José Joaquim Rojas (ESP, Caisse d’Epargne)
5. Thor Hushovd (NOR, Cervélo)
6. Sébastien Turgot (FRA, Bbox Bouygues Télécom)
7. Robbie McEwen (AUS, Katusha)
8. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-Farnese Vini)
9. Lloyd Mondory (FRA, AG2R La Mondiale)
10.Tyler Farrar (USA, Garmin-Transitions) t.m.t
Classement complet

Classement général :
1. Fabian Cancellara (SUI, Saxo Bank)
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 23sec.
3. Cadel Evans (AUS, BMC-Racing) à 39sec.
4. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Transitions) à 46sec.
5. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) à 1’01 »
6. Andy Schleck (LUX, Saxo Bank) à 1’09 »
7. Thor Hushovd (NOR, Saxo Bank) à 1’19 »
8. Alexandre Vinokourov (KAZ, Astana) à 1’31 »
9. Alberto Contador (ESP, Astana) à 1’40 »
10.Jurgen Van Den Broeck (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 1’42 »