Emmanuel, les principaux événements vélo de beIN Sports (Milan-San Remo, Giro, Tour de Lombardie…) vont passer l’an prochain sur la chaîne L’Equipe. Comment le vivez-vous ?
Ce sont des choses qui arrivent dans un contexte de concurrence. La mission du diffuseur est de valoriser les événements qu’il acquiert sur une période bien définie et c’est précisément ce qu’a fait beIN Sports. En 2013, nous sommes partis d’une feuille blanche. Diffuser un Grand Tour était une première pour la chaîne et nous avions à cœur avec Charles Biétry et Florent Houzot de proposer une couverture moderne et innovante. Lors des quatre années de contrat nous avons su instaurer une réelle proximité avec nos abonnés, c’est à eux que je pense avant tout, et je me dis qu’ils pourront continuer à suivre la plupart des courses qu’ils affectionnent sur la chaîne L’Equipe, qui est une chaîne en clair. C’est bien là le plus important !

A titre personnel, vous resterez de votre côté concerné par le football ?
Bien sûr, plus que jamais d’ailleurs ! J’y prends beaucoup de plaisir et c’était une de mes volontés dès la création de la chaîne. Je voulais travailler sur le cyclisme et le football. Je commente la Ligue 1, la Ligue des Champions, et je couvre également les matchs de Manchester United en Ligue Europa. Depuis la création de beIN Sports, j’ai également été associé aux dispositifs de la Coupe du Monde 2014 et de l’Euro 2016 en tant que présentateur, c’est un privilège et un réel challenge professionnel.

Comment ont évolué les audiences du cyclisme ces quatre dernières années ?
Elles sont très satisfaisantes, et la participation de nos abonnés sur les réseaux sociaux le prouve. L’intérêt pour le cyclisme n’a cessé d’augmenter lors des quatre dernières années mais la réalité est que seul le football et les plus grandes compétitions comme la Coupe du Monde et l’Euro sont de réels leviers en termes d’abonnements. Pour autant, le Giro a été depuis 2013 un événement phare de la chaîne, j’en veux pour preuve les moyens que nous y avons accordé et le recrutement des consultants qui nous ont apporté leurs compétences. Mais à cela s’est ajoutée une augmentation des droits et c’est un aspect que beIN Sports ne peut négliger. Maintenant, s’il y aura certes moins de vélo sur notre chaîne en 2017, il y en aura encore.

beIN a réellement apporté sa touche aux retransmissions, quel bilan tirez-vous à titre personnel ?
Je tiens à associer tous ceux qui ont travaillé sur le cyclisme lors des quatre dernières années. Le calendrier des courses italiennes a été valorisé comme jamais. Ce n’est pas de la prétention de l’affirmer. beIN Sports se doit d’être au cœur de l’action, au plus proche de la passion, pour mieux la transmettre à ses abonnés. Notre volonté a été d’accorder au Giro le traitement éditorial dont bénéficie le Tour de France sur les autres chaînes. C’est-à-dire une couverture globale avant, pendant et après la course avec toutes nos équipes sur place. Nous avons élevé les standards du traitement du Giro et au final c’est le cyclisme qui en sort gagnant. C’est une émulation positive, beIN Sports y participe et y participera encore.

Vous avez été coureur à Chambéry, journaliste généraliste, sportif et spécialisé vélo sur RTL, puis avez participé aux grands débuts de beIN, comment avez-vous vu et senti le vélo évoluer ?
La popularité d’un sport et son rayonnement médiatique sont directement liés à l’émergence de grands champions. En France, nous avons une jeune génération très talentueuse. Romain Bardet à terminé 2ème du Tour de France et il y aura une forte attente en 2017. Le public a toujours répondu présent, que ce soit en termes d’audience à la télévision ou au bord des routes, et particulièrement sur la Grande Boucle qui reste la vitrine de notre sport. Je suis optimiste ! Il y a certes des choses à améliorer mais je reste confiant, l’effervescence populaire reste forte autour des épreuves mythiques du calendrier. J’aimerais tout de même que les différents acteurs du cyclisme parlent d’une seule et même voix pour renforcer l’attrait de notre sport. Il faut se projeter vers l’avenir tout en consolidant les bases, ne pas oublier notre histoire. Le cyclisme peut se moderniser sans pour autant se renier. Du chemin a été fait mais il faut aller plus loin. Le monde du vélo doit être encore plus attrayant pour attirer de nouveaux partenaires. Tout le monde a un rôle à jouer dans ce processus : les instances, les organisateurs, les équipes, les coureurs et bien sûr les médias.

On reproche souvent au cyclisme des courses stéréotypées et dès lors sans grand suspense. Comment attirer davantage de téléspectateurs à suivre du vélo plutôt qu’à se poster devant leur écran pour les beaux paysages ?
Il y a un juste milieu à trouver entre l’aspect purement sportif et ce qui se passe autour de la course. Il est tout à fait possible de s’adresser en même temps à un public de connaisseur et à un public plus large. Pour cela, il faut être capable d’anticiper le scénario d’une course et de faire preuve de pédagogie. Il se passe toujours quelque chose dans un peloton, il y a toujours quelque chose à expliquer. Avec Cédric Vasseur, nous avons commenté à de nombreuses reprises des étapes en intégralité et jamais nous n’avons trouvé le temps long. J’en reviens au lien direct que nous avons su instaurer avec les abonnés de beIN Sports. Ils ont leur place à l’antenne, nous lançons des débats, des discussions sur la course et même au-delà. Pour cela, il faut bien sûr travailler sérieusement mais également s’appuyer sur une vraie culture du cyclisme, faire référence au passé, trouver des axes à développer afin d’enrichir les retransmissions. Enfin, et c’est très important, il faut être proche de son consultant. Les téléspectateurs ressentent cette proximité. Je prends un plaisir immense à travailler avec Cédric. Un Grand Tour est une aventure humaine, nous partageons de nombreux moments de vie, et pas uniquement lorsque nous sommes à l’antenne. Certains diront que je manque d’objectivité mais Cédric Vasseur est pour moi le meilleur consultant cyclisme en France, il l’a prouvé sur beIN Sports. Nous nous apportons beaucoup mutuellement et je souhaite que cela continue ainsi.

On a vu ces dernières années apparaître les caméras embarquées. A Vélo 101, on pense que c’est bien à condition ne pas en abuser. Quel est votre point de vue ?
Je partage cet avis ! Ces caméras sont un plus mais peuvent facilement devenir un simple gadget si elles sont mal exploitées. Il faut les utiliser à bon escient, pour par exemple montrer un moment de vie du peloton qui n’est pas décelable par les caméras habituelles. Je fais à nouveau référence à la pédagogie, montrer pour expliquer ! Expliquer pour que le plus grand nombre puisse appréhender les codes du cyclisme, en comprendre toute sa complexité et ainsi l’aimer à sa juste valeur.

France Télévisions et ASO ont annoncé la couverture en direct intégral des étapes du Tour 2017, cela a-t-il un intérêt ?
Le défi s’annonce effectivement immense. Toutes les étapes en intégralité, c’est énorme. Je me garderai de commenter les choix et la stratégie d’une autre chaîne mais ce que je peux dire c’est que les équipes en place actuellement sont face à un challenge immense. Il y a une nouvelle direction, de l’expérience, et je suis persuadé qu’ils feront les bons choix pour que d’un point de vue éditorial et télévisuel le Tour de France 2017 soit une réussite.

A titre personnel, êtes-vous davantage attaché au sport, à beIn ou au vélo ?
Il y a un attachement bien sûr à beIN Sports. Charles Biétry et Florent Houzot m’ont fait confiance et ça je ne l’oublierai jamais. Je me sens bien à beIN, il y a des perspectives en dehors du cyclisme, donc je suis serein. Pour autant le vélo reste ma passion, mon sport de prédilection, donc pour ne rien vous cacher j’étudie actuellement les différentes propositions qui s’offrent à moi. Je ne veux pas me précipiter, la direction actuelle m’accorde pleinement sa confiance et c’est très important à mes yeux.

En tant que passionné de vélo, si vous avez le choix, par quel canal suivez-vous les événements ?
Sincèrement, ça dépend de la course. Paris-Roubaix, il faut y assister depuis le vélodrome ou alors se mêler à la foule du Carrefour de l’Arbre. La montée de l’Alpe d’Huez, c’est au cœur du virage des Hollandais qu’il faut être. Milan-San Remo, c’est au sommet du Poggio adossé à la cabine téléphonique. Liège, c’est dans la montée de la Redoute qu’il faut regarder passer les coureurs. Bref, vous m’avez compris, rien de mieux que de ressentir les vibrations de la course, l’arrivée de l’hélicoptère, les voitures ouvreuses, la ferveur du public et bien sûr le frisson du passage des coureurs. Le cyclisme est un sport magique !