Francis, votre second succès au Challenge National cette saison aura été marqué par une crevaison qui vous a handicapé une grosse partie de la course, que s’est-il passé ?
Ma roue avant a explosé sur un caillou, je n’ai pas fait gaffe. J’ai crevé au début du troisième tour, dans le premier virage après le passage de la ligne. C’était juste avant d’entrer sur la terre, ce qui fait long pour aller jusqu’au poste de dépannage ! Ma chance, entre guillemets, c’est que j’étais en tête du groupe à ce moment-là. J’étais le premier et j’ai pu voir vraiment qui était au sein du groupe, le temps qu’ils me doublent. A ce moment-là ils étaient trois : Matthieu Boulo, John Gadret et Aurélien Duval.

Vous avez alors calculé ?
Oui, très vite. Je savais que le plus dangereux pour le classement général du Challenge National était Matthieu Boulo, qui avait déjà fait 2ème à Lignières. Derrière, il y avait un autre groupe avec Jérôme Chevallier et Nicolas Bazin, qui étaient eux aussi assez dangereux. J’ai pris le temps de les observer quand ils me rattrapaient, de prendre note de leur allure, de leur style. Je me disais en moi-même que si j’arrivais à revenir après avoir changé de vélo, il me fallait terminer 4ème pour ne pas trop perdre de points. J’espérais seulement que Matthieu Boulo ne gagne pas la course.

Vous avez changé de vélo, vous êtes reparti avec un débours de 36 secondes, et vous visiez donc la 4ème place…
A ceci près que mes jambes tournaient assez bien. Je me suis alors dit que j’allais me mettre à mon rythme, et qu’on verrait si j’étais en mesure de revenir devant. 36 secondes, ça faisait loin quand même. J’avais peur de perdre énormément de temps pour arriver au poste. Ma roue crevée avait du mal à tourner, j’ai été obligé d’écarter les freins pour avancer. Une fois que j’ai changé de vélo, je suis bien reparti, je me suis bien concentré, sans jamais me mettre dans le rouge. J’ai roulé à mon rythme.

Et vous vous êtes rapidement remis dedans ?
Quand j’ai vu le tour rapide que j’ai fait après avoir changé de vélo, j’ai repris environ 15 secondes au tour, j’ai compris que j’allais revenir. A partir de ce moment où j’en avais la conviction, je suis revenu tranquillement, à mon rythme, afin de ne pas rentrer sur la tête de course trop marqué par la fatigue. Quand j’ai bouché le trou, il était temps de savoir si je pouvais jouer la gagne.

Le fait de n’avoir pas opéré la jonction trop tôt était donc un calcul de votre part ?
Je revenais à dix mètres, puis j’en reprenais cinq, parce que les trois de devant accéléraient. Moi j’étais à mon rythme. J’ai vu que John Gadret récupérait le tour avant que je revienne. Quand il a vu que je n’étais plus qu’à cinq mètres il en a remis un coup pour essayer de repartir, ce qui était une bonne tactique. Je suis resté à mon rythme en sachant que j’allais revenir tranquillement.

Vous sentiez-vous encore capable de gagner ?
Nous étions quatre devant avec Matthieu Boulo, John Gadret et Aurélien Duval. Pour moi, il n’y avait que Matthieu de dangereux au classement général. C’était lui que j’avais à surveiller. Si John ou Aurélien avaient attaqué, j’aurais peut-être laissé faire Matthieu. Mais c’est lui qui a attaqué et je me suis mis alors à jouer la gagne quand commençait le dernier tour.

Propos recueillis à Rodez le 20 novembre 2011.