Elle enchaîne avec une facilité déconcertante les succès. Après un bon début de saison sur route, Pauline Ferrand-Prévot (Lapierre International) a remporté coup sur coup les courses de Coupe du Monde Espoirs VTT à Dalby Forest et Offenburg. Aiguisée, affûtée, elle s’apprête à disputer les Championnats de France motivée comme jamais et est bien prête à faire tomber un mythe. La Coupe du Monde VTT, par la suite, fera également partie de ses objectifs, disposée à accrocher un autre arc-en-ciel sur son maillot.

Pauline, un premier tiers de la saison s’est écoulé, comment analyses-tu cette première partie de saison en tant qu’Espoir 1ère année ?
Je pense déjà avoir progressé par rapport à l’année dernière. Le cyclo-cross est un bon moyen pour progresser. Il me fait prendre de la puissance, de l’agilité… J’ai repris assez tard la compétition, juste avant la première manche de Coupe du Monde. Au début, mon entraîneur ne voulait pas que je la fasse, mais j’ai insisté et je me suis plutôt pas mal débrouillée (9ème). Après cette course, j’ai eu toute une période d’enchaînement de grosses courses sur route avec l’équipe de France. L’objectif était de découvrir ce qu’était la Flèche Wallonne. Dans toutes les courses que j’ai faites, j’ai essayé de prendre un maximum d’informations et de tout simplement découvrir ce qu’était le haut niveau sur route.

Les championnats de France sur route arrivent à grands pas. Comment te prépares-tu ?
J’ai hâte d’y arriver car je veux faire le Championnat de France sur route depuis toute petite. Là ce sont les vrais Championnats de France. Je me prépare simplement. Je vais sûrement aller repérer le circuit avec mon entraîneur pour voir les secteurs cibles.

Avec ton palmarès très riche, comment fais-tu pour gérer la pression au quotidien sur les courses ?
Cette une chose que Gérard Brocks m’a appris à faire ! Maintenant j’y arrive très bien. Avant je ne supportais pas la défaite, et je le montrais. Maintenant je ne la supporte toujours pas mais on l’analyse ensemble avec mon entraîneur et j’apprends à passer au-dessus. C’est vrai que c’est une chose difficile à apprendre à une fille de 19 ans mais avec déjà tous les championnats et course importantes que j’ai faits, j’arrive à ne garder que la bonne pression.

Lors de la Flèche Wallonne et au Tour de Luxembourg, nous t’avons vu dans d’excellentes conditions en suivant les meilleures mondiales. Racontes-nous ton ressenti sur ces belles épreuves.
C’est un super souvenir car j’ai eu l’impression « d’entrer » dans le cercle des meilleures… Au Luxembourg, pendant les deux jours, il y a eu des échappées et j’étais toujours devant. Je regardais les filles autour de moi, elles étaient toutes championnes du monde ou championnes olympiques ! J’étais d’autant plus contente que je me suis investie dans cette course en allant rechercher des attaques, à la fin des filles comme Marianne Vos et Emma Johansson sont venues me voir en me disant que j’étais très forte ! Le regard de filles comme ça est très important pour moi.

Après les Championnats de France à Boulogne-sur-Mer, comment envisages-tu le reste de ta saison entre la route et le VTT ?
C’est la grande question que nous nous posons avec mon entraîneur. Nous avions établi un calendrier avec comme objectif les Championnats de France et d’Europe sur route, mais entretemps je me suis imposée sur les deux manches de Coupe du Monde VTT en Angleterre et en Allemagne. Me voilà maintenant 2ème du général de la Coupe du Monde et j’aimerais avoir ce maillot ! Pour l’instant c’est encore un peu flou mais je pense faire les Championnats de France sur route et partir après pour le Canada et les Etats-Unis pour participer aux deux manches de Coupe du monde VTT, et ainsi faire l’impasse sur les Championnats d’Europe sur route.

Quelle est ta discipline préférée entre la route, le VTT et le cyclo-cross ?
J’aime tout ! C’est malheureusement ça mon problème… ou ma force ! Je ne me vois pas arrêter l’une de ces disciplines qui m’apportent mon équilibre ! De plus, j’ai intégré le Team Lapierre International cette année en VTT et j’aime trop l’ambiance qui y règne ! Avec eux j’ai l’impression de partir en vacances, tout en restant sérieuse au moment où il faut l’être. Je veux avant tout me faire plaisir car c’est comme ça que ça marche le mieux et faire ce que j’ai envie de faire.

Des équipes étrangères vont s’intéresser à toi, que décides-tu pour les années à venir malgré ton jeune âge ?
Depuis la Flèche Wallonne, beaucoup de très belles équipes sont venues me voir pour m’intégrer dans leur effectif dès l’année prochaine ! Il faut réfléchir à ces propositions mais de toute façon j’ai signé un contrat jusqu’aux JO de Londres avec mon team en VTT, et j’ai envie de continuer à rouler en VTT avec eux car je les apprécie beaucoup ! Je n’ai pas envie de faire des choix que je regretterais plus tard !

Continues-tu les études ?
Oui ! J’entre en septembre en 1ère année de kinésithérapie à Reims. C’est ce que je voulais faire depuis toute petite…

Raconte-nous ton plus beau souvenir sur une course…
Il y en a des millions, mais le plus beau reste mon premier titre de championne du monde Juniors en VTT car c’est quand on s’y attend le moins que les choses arrivent ! C’était en Australie. J’ai tellement travaillé dur pour y arriver. Je pense que le premier reste le plus beau même si les autres sont magnifiques aussi ! Celui de l’année dernière sur route en Italie reste aussi un grand moment. Des fois je me demande comment j’arrive à faire tout ça…

Après tes trois titres mondiaux, vers qui ton regard et tes pensées se sont-ils tournés ?
Vers ma famille tout d’abord. J’ai une chance inouïe que mes parents aiment le vélo et qu’ils s’investissent autant ! Leurs conseils sont hyper précieux car ils ont été tous les deux de superbes coureurs cyclistes. Mon papa est marchand de vélo, et je sais qu’il a toujours fait son maximum pour qu’on soit les plus gâtés ! Ma mère, elle, a les meilleurs conseils du monde, et c’est elle qui gère tout ce qui est administratif, recherche de sponsors. Elle gère très bien mon image ! Tout ceci est grâce à mon entraîneur aussi. Nous travaillons ensemble depuis ma première année chez les Juniors ! Je le respecte énormément car je sais que je lui donne beaucoup de travail avec mes trois disciplines ! Je l’écoute au doigt et à l’œil. Il me dit de faire quelque chose, je le fais. Et pour finir je dirais que toutes ces victoires sont pour tous les gens qui m’encouragent, qui me soutiennent, qui m’aident sous n’importe quelle forme, ma famille et mes amis !

Propos recueillis par Elodie Touffet – http://velotekiero.sportblog.fr