Le Grand Départ de leur Tour de France débutera vendredi. Du Mont-Saint-Michel jusqu’aux Champs-Elysées, sept filles disputeront l’intégralité des étapes de la Grande Boucle une journée avant les pros. La caravane sera moins fournie, mais tout de même : trois véhicules et une équipe d’encadrement pour assurer la logistique, la communication et le suivi médical. Elles seront sept sur le vélo mais seront donc bien entourées. A 48 heures du départ, retour sur ce projet avec l’une des participantes, Amandine Martin. La cycliste de Pernes-les-Fontaines a effectué un repérage grandeur nature de la 12ème étape arrivant au sommet du Géant de Provence en participant, et en remportant la GFNY Mont Ventoux le week-end dernier.

Amandine, au-delà du fait de participer à ce beau projet, que fais-tu dans la vie ?
Je suis diététicienne en libérale. J’habite le Vaucluse, du côté de Lacoste, et je roule pour le club de Pernes-les-Fontaines, où j’ai une licence en FFC et en Ufolep. Par mon métier, je suis avec pas mal de clients cyclistes ou triathlètes.

Comment es-tu venue au vélo?
J’ai commencé par le triathlon dès 11ans, sur un VTT. J’ai eu mon premier vélo de route à 13 ans, mon frère faisait aussi du triathlon. De 11 à 19 ans, ça a été triathlon à haute dose et puis j’ai arrêté à cause des études mais aussi d’un certain ras-le-bol. Là, j’ai plus fait du vélo, en loisirs, en vacances, avec mon père et mon frère. J’ai plutôt un profil grimpeuse.

Sur quel vélo et avec quels accessoires vas-tu rouler sur ce 103ème Tour de France ?
J’ai la chance d’avoir un Giant TCR Advandced, qui m’est fourni par le magasin Giant de Portes-les-Valence. Sur les étapes plates, j’aurai des roues carbone en 35 mm, un pédalier oval en 50/34 et une cassette 28 pour le plat et 32 pour la montagne. En montagne, on aura des roues montées par un artisan local, Top Wheeles basé dans les Pyrénées.

Comment se passera une journée type au cours des trois prochaines semaines ?
Le lever est fixé à 6 heures du matin, puis petit déjeuner, préparation et départ vers 7h30-8 heures. Dans la journée, il est prévu deux pauses de cinq à dix minutes. Pas plus. Une « pause repas » vers midi (mini-sandwichs salés, etc) et une nouvelle pause en milieu d’après-midi. Après l’arrivée, ça sera transfert à l’hôtel et massage avec un kiné pour sept filles. Ça ne sera pas tous les jours. On aura aussi les Compex pour la récupération.

Dans le cas où un cycliste souhaiterait rouler avec vous, comment peut-il se joindre à votre groupe ?
On va se retrouver via Facebook, où on indiquera chaque jour notre itinéraire et nos horaires. A un quart d’heure près, on y sera ! Le but est de rouler à 27 km/h sur les étapes plates. Tout le monde est le ou la bienvenu, à condition de ne pas faire la course. On partira ensemble, pour finir ensemble. Sur les étapes de montagne, on s’attendra en haut des cols, à l’abri dans les voitures si nécessaire.

Comment es-tu venue à ce projet ?
L’an dernier, j’avais roulé l’étape Digne-les-Bains-Pra Loup. On était trois et on a sympathisé avec Claire (Floret, l’âme du projet). Pour cette année, elle m’a dit « je te veux ». Ça permet de se confronter avec des filles qui font des Coupes de France, de se conforter aussi. Je suis licenciée FFC, la seule fille à l’être aussi en Ufolep. Peu de filles roulent en compétition, ça permet de voir comment ça roule dans d’autres catégories.

Tu n’as jamais parcouru plus de 180 kilomètres. L’étape Saumur-Limoges en fait 237, soit 2 heures de vélo en plus. Comment l’anticipes-tu ?
Ça sera au mental, à la patience, plutôt qu’au physique. C’est sur cette étape qu’on aura besoin d’équipiers qui vont nous ouvrir la route le plus longtemps possible. Il faudra aussi bien s’alimenter, s’hydrater dès le départ. Avec mon expérience des cyclos, c’est particulièrement moi qui veillerai à tous ces aspects. Pas question d’hypoglycémie ! On a toutes fait un test à l’effort, fait un bilan sanguin très poussé, on sait où on va.

Quelles sont tes appréhensions à deux jours du départ ?
La blessure, la mauvaise chute. J’ai chuté trois fois en peu de temps. Mon épaule est encore marquée. L’autre aspect que je crains, ce sont les indispositions digestives, être malade à cause de la nourriture. On ne va pas manger à la maison, dans des lieux différents chaque soir. C’est moi qui suis chargée de la diététique, en relation avec le médecin qui nous suivra sur trois domaines principaux: gynécologique, récupération, et nutritionnel. En relation avec lui, je suis les filles depuis un mois pour les faire évoluer sur certains aspects, sans les forcer, pour les orienter et éviter tous les problèmes intestinaux, de digestion, etc. En diététique de tous les jours, pour les barres, boissons de récupération et gels, on aura Ergysport.

Concrètement, vos repas seront composés de pâtes sur trois semaines ?
Non, nous allons aussi nous faire plaisir, en privilégiant des plats locaux ou presque comme le poulet de Bresse dans les étapes de la région, la paella confectionnée par mon père sur l’étape du Ventoux, la garbure dans les Pyrénées. Une alimentation variée c’est aussi bon pour la tête !

Avec du vin pour accompagner tout ça ?
Les filles sont plutôt bière. En plus, on a une coéquipière Belge, elle va être fournisseuse officielle, mais dans le Ventoux, avec la paella, on ne s’interdira pas un Gigondas ou Vacqueyras.

Propos recueillis le 28 juin 2016.