La concurrence mise tout sur le carbone depuis quelques années déjà. Cinelli que l’on ne présente plus, propose un cadre gravel en acier triple épaisseur Columbus Spirit HSS (1900g) et fourche carbone (450g). Ici pas d’intégration totale des câbles, ni d’artifices aérodynamiques, nous sommes en présence d’un vélo aux lignes classiques avec des tubes hydroformés et dont les finitions sont très jolies à regarder avec des soudures propres et presque invisibles. Cinelli propose, sur ce nemo gravel, plus de 60 couleurs, finitions et autocollants pour vous faire un vélo vraiment personnalisé.

Notre modèle d’essai, en couleur « silver bullet » est équipé du groupe Campagnolo Ekar avec un plateau de 40 et cassette 9-42 et des excellentes roues Campagnolo Levante avec pneus Pirelli cinturato Gravel H en 40mm. Le poste de pilotage est équipé en Cinelli avec une potence Cinelli Vai et un cintre Swamp avec drop flare de 10° qui permet de gagner en stabilité sur les parties cassantes. Pour l’assise, nous avons une tige de selle acier Cinelli Vai et une selle San Marco ShortFit. Pour les pédales j’ai opté pour les crankbrothers EggBeater 3 parfaitement adaptées au programme

Sur le papier, ce Cinelli némo présente donc montage cohérent, très Italien et parfaitement adapté à l’esprit de ce gravel à l’Italienne.

Le Cinelli Nemo Tig sur la route

Premiers tours de roue sur ce Cinelli Nemo gravel et je note un comportement assez vif malgré la monte de pneumatiques en 40. Bien sûr, nous ne sommes pas sur les standards d’un cadre en carbone de coursier, mais l’acier fait remonter de bonnes sensations sans se montrer inconfortable et filtre correctement les aspérités de la route. La fourche en carbone associée aux roues Campagnolo levante en carbone autorise un pilotage vif et précis. Le vélo est agréable à emmener et permet de rouler vite en répondant bien au pédalage malgré ses plus de 9,5kg sur la balance.

Le Nemo sur les chemins

Je quitte la route et me dirige vers le massif de l’Esterel.  J’emprunte de larges DFCI très secs et très roulants. Mais aussi des chemins plus étroits, mais toujours bien roulants, à l’image de celui ci-dessous. Ici le Nemo est dans son élément, on peut rouler vite, attaquer, le vélo met en confiance et se montre assez confortable. Cette sensation est aussi accentuée par les Pirelli Cinturato H qui ont une bande de roulement assez lisse. Cela leur permet de ne pas être trop pénibles à emmener. Je quitte ces chemins roulants pour m’engager sur quelques singletrack que je connais bien. Que je prends en général en VTT. Le terrain devient beaucoup plus technique et cassant.

Je trouve rapidement les limites des pneus, je baisse très légèrement la pression pour gagner un peu de grip. Le Nemo ne rechigne pas à passer et prend de la vitesse, mais il faut un pilotage propre et précis sinon la sanction ne se fait pas attendre. Le Nemo est exigeant, il faut un bon niveau de pilotage pour l’exploiter correctement. Le goupe Ekar répond parfaitement présent dans ces situations, pas de sauts de chaine, pas de déraillement. Les Campagnolo Levante répondent aussi présentes sur le terrain sur lequel elles sont attendues. Ces roues sont rigides, offrent une belle maniabilité. Le seul bémol ? elles sont presque trop belles pour être maltraitées dans la caillasse du sud !

Alors ce Cinelli Nemo, pour qui ?

Ce Cinelli Nemo gravel fait figure de résistant dans le paysage actuel, composé majoritairement de carbone. Il n’en demeure pas moins un vélo attachant, fiable, robuste avec lequel on va prendre du plaisir au guidon. C’est un vélo que je qualifierai de traditionnel, mais qui ne fait pas pâle figure face à la concurrence actuelle. Que ce soit du côté du montage ou du tempérament sportif. Le point douloureux s’avère être le tarif demandé.  2 390€ pour le cadre nu, 4 650€ pour le montage Ekar + Fulcrum Rapid Red 500 DB et monte jusqu’à 6 280€ pour la version essayée en Ekar + Campagnolo Levante. Lorsque l’on se dirige vers un cadre acier, et d’autant plus un Cinelli, on est à la recherche d’un vélo intemporel, à la marque prestigieuse, mais l’on repart avec un vélo avec moins avancé que la concurrence à tarif équivalent. Une histoire de compromis donc, il faudra choisir entre le cœur et la raison !