Guillaume, tu sors d’une saison à oublier, comment la juges-tu ?
Guillaume Vinit : J’ai fait un très bon début de saison mais dans son ensemble elle a été difficile. J’ai accumulé beaucoup de fatigue et je n’ai jamais réussi à redresser la barre. C’est une saison à oublier. Je pense avoir peut-être réalisé un trop gros entraînement hivernal. Je sortais d’une bonne saison 2009, j’ai voulu récidiver sur 2010 en faisant un bon volume foncier et avec les conditions climatiques je pense avoir puisé dans les réserves.

Marc, comment définirais-tu ta saison 2010 ?
Marc Colom : Mitigée car en-dessous de mes objectifs. J’ai eu beaucoup de hauts et beaucoup de bas. La poisse a beaucoup joué, j’ai enchaîné beaucoup d’ennuis mécaniques. Je n’avais jamais connu pareils pépins depuis mes débuts en 1998. Là j’ai tout eu et je n’ai pas su gérer cela. Je me suis enfermé dans une bulle, j’ai douté de moi, et j’ai mis toute la saison pour essayer d’atteindre de bons résultats comme sur la Lyon Free VTT. Mais c’est une saison comme ça qui me permettra peut-être de rebondir en 2011.

D’où l’objectif de changer de structure ?
Marc Colom : J’y ai pensé à partir du Championnat de France. Je me suis dit qu’il fallait que je voie autre chose, malgré un contrat qui me liait à Calvisson jusqu’à 2012. C’était le moment, j’avais le cran, je me projetais vers l’avenir et New Cycling me correspondait : un team familial mais professionnel à la fois. Je savais que Pierre-Geoffroy Plantet restait, que Ludovic Dubau allait pouvoir me transmettre son expérience, notamment sur la gestion mentale des Coupes du Monde. J’ai retrouvé tout ce qu’il me fallait.
Guillaume Vinit : Moi, je ne me sentais pas très bien chez BH, j’ai donc assez vite pensé à trouver une autre équipe. J’avais de bons contacts avec Jean-Yves Delale. Assez naturellement on a discuté ensemble et ça s’est fait ainsi. J’avais d’autres propositions mais elles ne sont pas précisées.

Quelle image aviez-vous du team New Cycling avant de l’intégrer ?
Marc Colom : Très professionnel, vraiment structuré. On sentait aussi qu’il y avait une bonne ambiance. Pierre-Geoffroy Plantet a franchi un cap en rejoignant ce team. Quand j’ai appris la signature de Guillaume, je me suis dit que ça allait faire une bonne bande d’amis qui allait se tirer la bourre l’année prochaine.
Guillaume Vinit : J’avais un peu la même image d’un Jean-Yves Delale très présent, très professionnel, très proche de ses coureurs, et toujours positif dans ses commentaires qui aident à aller de l’avant. Tout ce qu’il faut pour bien marcher.

Vous allez rouler sur du titane, quel est votre sentiment ?
Guillaume Vinit : Je ne connaissais pas du tout le titane, mais j’ai trouvé ça top. C’est plus souple que du carbone, plus joueur, moins rigide. Ca peut être intéressant sur des circuits de Coupe du Monde.
Marc Colom : J’avais entendu qu’il s’agissait d’un matériau souple qui absorbait les chocs. Après le Roc, j’ai voulu oublier tout ce que j’avais pu entendre pour me faire ma propre opinion. J’ai senti que c’était nerveux et confortable. J’ai été agréablement surpris. Il me reste à prendre mes repères sur ce nouveau matériel.

Ce changement de structure vous amène-t-il à changer les choses en termes de préparation ?
Marc Colom : Le principal changement intervient sur le calendrier. Cela va entraîner une préparation spécifique. En termes de préparation pure, ça ne va pas trop changer. Je vais juste m’adapter pour ne pas commettre les mêmes erreurs. J’attaque ma septième saison avec Gérard Pégon pour entraîneur. Nous nous connaissons bien et nous pouvons travailler par téléphone. Avec une nouvelle équipe arrivent de nouveaux objectifs, de nouvelles ambitions et une nouvelle motivation.
Guillaume Vinit : Je vais essayer de ne pas faire les mêmes erreurs, avec beaucoup moins de pression. Une nouvelle structure peut renforcer mon impression de renouveau. Il me faut aussi gérer la fin de mon Masters 2. Mon stage se terminera début mars dans la promotion immobilière. Il me faut gérer les deux pour avoir mon diplôme et réussir ma saison. A l’entraînement je suis suivi par Mickaël Bouget.

Quels seront vos premiers objectifs ?
Guillaume Vinit : Ce sera forcément les Coupes du Monde. Du fait de mon stage je ne serai peut-être pas en top forme sur le premier rendez-vous, mais je compte avoir une courbe ascendante, mieux qu’en 2010, pour grimper petit à petit vers mes objectifs internationaux.
Marc Colom : Mes objectifs seront internationaux avec un Top 20 en Coupe du Monde. Il me faudra rentrer dans les points pour avoir un dossard correct. Nous partirons peut-être en avance sur la première Coupe du Monde en Afrique du Sud, ce qui nous permettra de repérer. Ce sera peut-être la manche la plus importante de la saison, il ne faudra pas la rater.

Quelles seront vos échéances nationales ?
Marc Colom : Réitérer une victoire en Coupe de France serait pas mal. Ca m’avait fait beaucoup de bien en 2009. Le titre de champion de France, même rien qu’une médaille auprès de Julien Absalon, serait une grande fierté.
Guillaume Vinit : Les échéances nationales me serviront surtout de préparation pour l’international. Après, un podium en Coupe de France ferait toujours plaisir. Le circuit du Championnat de France est très dur, très physique.

Comment situez-vous New Cycling entre le duel national qui devrait opposer BH-SR Suntour au Team GT l’an prochain ?
Guillaume Vinit : Nous on va essayer de se situer devant, forcément ! Nous avons une équipe qui a du potentiel. Nous essaierons de faire au mieux mais nous devrions être aux avant-postes.
Marc Colom : Je pense qu’on peut clairement remporter la Coupe de France des Teams car les quatre pilotes de New Cycling sont capables d’entrer dans le Top 10, ce que peu de teams peuvent prétendre. Ca peut être un beau challenge entre nos trois teams.

Quel est votre sentiment face à l’absence de féminine dans le team ?
Marc Colom : J’ai toujours été dans un team avec une féminine. Ca peut apporter un peu de « sagesse ». Ce sera différent mais c’est à tester.
Guillaume Vinit : Ca se passait bien pour moi avec les filles chez BH, mais n’être qu’entre garçons peut être sympa. Ca va resserrer des liens, faire une bonne bande de copains, et j’espère que ça va nous pousser vers le haut niveau.

Quel va être votre programme d’ici le début de saison ?
Guillaume Vinit : Je me prépare en ski de fond à Valloire et en ski de piste également. Nous avons un très beau domaine et ça permet de se changer les idées par rapport au vélo.
Marc Colom : Je fais les 3C avec Alexandre Muñoz. Jusqu’à présent je faisais du cyclo-cross et j’avais vraiment envie de changer pour cette année. Le vétathlon, ça correspond à cinquante minutes de course à VTT. Je vais réattaquer sur un cycle de musculation, comme chaque année, travailler la puissance et l’explosivité. Je vais aussi faire de la course à pied, de la natation, du ski de fond, du classique. J’ai la chance d’avoir Alexis Vuillermoz pour nouveau voisin du côté de Perpignan, ça va faire un bon groupe pour rouler.

Si l’on se projette sur 2012, comment voyez-vous la sélection pour les Jeux Olympiques ?
Marc Colom : On y pense, et tous les athlètes y pensent. On se projette déjà vers Londres, les places sont chères car on a la chance d’être l’une des meilleures nations au monde. Il faudra faire sa place auprès de Julien Absalon, Maxime Marotte, Stéphane Tempier et Alexis Vuillermoz. Ca fait beaucoup de monde mais il faut rester motivé et toujours y croire.
Guillaume Vinit : Julien Absalon se détache dans la sélection. Derrière, il y a un petit groupe de la même génération. On va être entre nous pour prendre les quelques places restantes.

Vous qui le côtoyez régulièrement, comment analysez-vous la saison 2010 de Julien Absalon ?
Guillaume Vinit : Je pense qu’il restera un athlète exceptionnel tant au niveau de ses résultats que de ses qualités physiques. Cette année ça a été compliqué pour lui mais ça va le rebooster et je pense qu’il va faire une grosse saison 2011 pour montrer qu’il reste le patron du VTT mondial. Il sera présent pour Londres et un triplé olympique.
Marc Colom : Il n’a pas été épargné par les soucis mécaniques mais il va rebondir. Beaucoup disent qu’il n’a pas fait une belle saison mais il a tout gagné auparavant, c’est sûr que le jour où il fait 2ème il perd tout. Ce n’est pas facile de le rester mais pour moi il demeure le numéro un mondial.

Les Pré-Olympiques seront organisés en 2011, est-ce un rendez-vous important ?
Marc Colom : Oui car déjà Yvon Vauchez va commencer à regarder nos performances en 2011 quant à sa sélection pour les JO. Nous, ça va nous mettre en confiance. Il va y avoir un écrémage tout au long de la saison et le groupe va se restreindre de plus en plus.

2010 a vu pour la première fois un 29 pouces sur un podium de Championnat du Monde, quel est votre pronostic par rapport à Londres 2012 : un 26 ou un 29 pouces ?
Marc Colom : Je pense qu’un 29 pouces l’emportera si c’est roulant. Le matériel évolue beaucoup : les freins à disque, les boyaux, le 29 pouces… Il faut tout de suite s’y mettre, tester, se faire son opinion et son pilotage en fonction de cela.
Guillaume Vinit : Je n’ai encore jamais testé de 29 pouces mais je pense que c’est une évolution à surveiller. Sur des circuits roulants ça peut effectivement apporter beaucoup.

C’est l’heure des questions mutuelles !
Marc Colom : Guillaume, penses-tu être devant l’an prochain et prendre ma place pour Londres ?
Guillaume Vinit : Je vais essayer d’être devant, mais quitte à être devant autant l’être ensemble, ce sera plus sympa ! Et toi Marc, on a dit que Julien Absalon était un peu dans le dur cette année, comptes-tu lui succéder pour 2011 ?
Marc Colom : Oui, il faut espérer !

Propos recueillis à Malaucène le 27 novembre 2010.