Mickaël, quand l’annonce de la sélection olympique de Jean-Christophe Péraud est tombée début juin, qu’avez-vous pensé ?
J’étais avec Jicé et une partie de l’équipe Ag2r La Mondiale en stage à La Toussuire lorsque nous l’avons appris. Le premier sentiment est forcément de la joie. Très rapidement, on se dit que tout reste à faire maintenant, que ce n’est que la première étape d’un gros pari. J’en profite pour remercier Vincent Lavenu qui a permis également que Jicé puisse jouer sa sélection sur les Coupes du Monde VTT.

On a vu Jean-Christophe Péraud bien présent sur les manches de Coupe du Monde VTT mais subir sur le Tour de Romandie et au Dauphiné, comment l’expliquez-vous ?
La planification de la saison est très délicate quand on conjugue route et VTT au plus haut niveau avec des objectifs sur les deux tableaux comme c’est le cas cette saison. Jicé est le seul du peloton à le faire. Malheureusement, il a accumulé pas mal de petits soucis de santé cet hiver en en début de saison. Il a pris du retard dans sa préparation. Même la semaine de Nove Mesto, il a eu des problèmes de santé, mais il a su trouver les ressources pour aller disputer sa place. Les Coupes du Monde d’Houffalize, Nove Mesto et La Bresse devaient forcément être des moments forts de la première partie de saison pour décrocher un billet pour les Jeux. Sur route, l’objectif était le Tour du Pays Basque puisque c’est un parcours qui lui convient bien. Il est vrai qu’il est un peu en retrait sur la route. A nous d’en tirer les enseignements pour la suite.

Sur quels aspects avez-vous changé sa préparation hivernale, compte tenu que la Coupe du Monde de VTT attaquait tôt ?
Il a surtout fallu conjuguer avec sa santé ! Sinon, nous n’avons rien changé.

A La Bresse, il n’a manqué le podium qu’à cause de chutes, à quel degré de forme l’estimiez-vous à ce moment-là, en comparaison de Pékin 2008 ?
Déterminé à 100 %, car il savait que la sélection s’y jouait. Cette saison est tellement différente de 2008 qu’il est difficile de comparer. Après, physiquement et techniquement, il peut encore élever son niveau d’ici Londres.

Quel va être son programme d’ici le Tour ?
Commencer par récupérer pour assimiler le Dauphiné puis, à l’entraînement, refaire des séances-type qu’il a l’habitude de faire pour prendre confiance. Une reco des Pyrénées est également programmée.

Le contre-la-montre donc la course en ligne des JO peuvent-ils être un objectif « raisonnable » ?
Au départ, il y a deux-trois ans, l’idée était de se qualifier pour le chrono et le VTT mais aujourd’hui, cela ne paraît pas possible. Le parcours du contre-la-montre ne lui convient pas. Le challenge est bien assez gros comme ça avec l’enchaînement Tour de France-JO VTT.

On en vient aux défis de l’été. Que peut raisonnablement viser Jean-Christophe Péraud sur le Tour ?
Difficile de répondre à cette question. On ne connaît pas à l’avance le déroulement de la course qui va déterminer le leader de l’équipe au fil des jours. Ce qui l’avantage, c’est une arrivée comme la Planche des Belles Filles et les deux contre-la-montre, bien que le dernier paraisse très roulant.

Comment gérer la forme d’un athlète sur cinq semaines, les trois du Tour et la quinzaine qui amène au 12 août ?
De la fin du Tour jusqu’au Jeux, il y a trois semaines. La condition physique dans laquelle il finira le Tour déterminera le programme d’entraînement. Il devrait participer à la Coupe du Monde à Val d’Isère pour revenir au VTT mais sans pression de résultat. A Pékin, nous avions déjà joué la carte de la surcompensation. Cette année ce sera le cas, sur une période d’affûtage certainement plus longue.

Comment les autres coureurs d’Ag2r La Mondiale que vous suivez réagissent à cette intrusion du VTT dans la route ?
On en discute peu avec les autres coureurs. Je ne leur en propose pas à l’entraînement s’ils n’en font pas la demande.

On a vu Ryder Hesjedal gagner le Giro, après la victoire de Cadel Evans au Tour, pensez-vous que les vététistes soient plus aptes à accepter des formes d’entraînement, des méthodes plus novatrices que les routiers ?
Je pense que les vététistes qui passent sur la route savent bien gérer leur saison en déterminant des objectifs précis, peut-être avec moins de jours de course, ce que fait par ailleurs Bradley Wiggins aussi. Je ne connais pas la façon de s’entraîner de Ryder Hesjedal et Cadel Evans, mais avec Jicé, il est vrai que nos méthodes d’entraînement sont différentes, même s’il a fallu les adapter par rapport à ce qu’on avait l’habitude de faire lorsqu’il ne faisait que du VTT. Par ailleurs, les vététistes ne sont pas empreints du poids de la tradition de la route qui semble toutefois évoluer.

Pensez-vous qu’on puisse arriver à une domination de coureurs venus du VTT et du triathlon ?
Aujourd’hui, on voit des coureurs issus de différentes disciplines, VTT, piste, performer en cyclisme sur route. Cela doit forcément pousser à la réflexion et à la remise en question.

Avez-vous déjà votre futur Jean-Christophe Péraud ?
Pas encore. Jean-Christophe est certainement un cas à part, qui selon moi peut encore progresser sur route malgré son âge.

Propos recueillis le 11 juin 2012.