Sans Tom Boonen ni Fabian Cancellara, une première depuis 2001, c’est une édition un peu particulière du Tour des Flandres que l’on nous promettait. Plus débridée aussi sur un parcours qui n’a pas révélé tous ses charmes depuis qu’il fut introduit en 2012. Malgré tout, un homme fait office de favori à la vue de ses dernières sorties. Vainqueur facile de trois étapes et du classement général des Trois Jours de La Panne cette semaine, Alexander Kristoff (Team Katusha) se dégage nettement de la meute de vainqueurs potentiels qui déferle sur la Grand-Place de Bruges sur les coups de dix heures. A l’ombre du beffroi majestueux de la Venise du Nord, le peloton s’élance pour un véritable chemin de croix de 263 kilomètres ponctués de dix-neuf étapes : ces monts pentus, le plus souvent pavés qui surplombent la plaine de Flandre-Occidentale.

De course débridée, il sera effectivement question dans la partie finale. Pourtant, avant l’entame des 30 derniers kilomètres c’est un scénario classique qui semblait se profiler. Celui-ci est bien sûr fait d’une échappée matinale partie après une première heure de course ultra-rapide et dans laquelle sautent Lars-Ytting Bak (Lotto-Soudal), Matthew Brammeier (MTN-Qhubeka), Marco Frapporti (Androni Giocattoli), Damien Gaudin (Ag2r La Mondiale), Dylan Groenwengen (Team Roompot), Jesse Sergent (Trek Factory Racing) et Ralf Matzka (Bora-Argon18). Les sept hommes se dirigent sereinement dans la zone décisive, forts d’une avance ayant culminé à près de 7 minutes. Les premiers indices sont déjà donnés, ce sont déjà les membres des Teams Katusha et Sky pour Geraint Thomas qui bouchent l’écart.

La monotonie de la course est soudainement brisée quand une voiture de l’assistance mécanique heurte Jesse Sergent. Quelques kilomètres plus loin, un autre véhicule percute l’arrière de la voiture FDJ, envoyant au tapis Sébastien Chavanel. En revanche, du point de vue de la course, pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n’est un épatant André Greipel (Lotto-Soudal) décidé à durcir l’épreuve. Cependant, quand le peloton se présente au pied du Quaremont pour la deuxième fois à 55 kilomètres de l’arrivée, les grandes manœuvres n’ont pas été lancées. Le peloton roule à allure soutenue, mais il n’a pas besoin de soubresauts et d’accélérations pour revoir les deux derniers représentants de l’échappée matinale. Lars Bak et Damien Gaudin s’effacent peu après le sommet du Paterberg, à moins de cinquante kilomètres de l’arrivée.

Alexander Kristoff et Niki Terpstra sortent dans le Kruisberg et filent vers Audenarde.

À dire vrai, même si Niki Terpstra (Etixx-Quick Step) et Greg Van Avermaet (BMC Racing Team) commencent doucement à se dévoiler dans le Taaienberg, c’est une course d’attente se résumant à une simple et traditionnelle sélection par l’arrière à laquelle se livrent les favoris du Tour des Flandres. Avant d’aborder le Kruisberg, dernier mont avant l’enchaînement Quaremont-Paterberg, le déroulé de ce Tour des Flandres est plus que classique et les deux dernières difficultés promettent d’être une nouvelle fois décisives. Mais dans cette 17ème ascension, la course s’emballe quand Alexander Kristoff et Niki Terpstra distancent le reste du peloton sur cette longue montée non pavée, s’apparentant davantage à un long faux-plat prononcé qu’à une réelle difficulté. Le coup est osé à 28 kilomètres de l’arrivée, il s’avérera finalement payant.

Même si quelques leaders peuvent encore compter sur le soutien de coéquipiers à l’arrière, le groupe de chasse ne réagit pas. Les deux hommes sont pourtant à portée de fusil puisqu’ils abordent la montée du Vieux Quaremont avec une trentaine de secondes de marge. Geraint Thomas et Zdenek Stybar (Etixx-Quick Step) qui avaient déjà fait l’effort à cet endroit au GP E3 semblent un moment capables de menacer le Norvégien et le Néerlandais avant de coincer sur le haut. Un nouveau regroupement général intervient derrière les deux hommes de tête. Au tandem Thomas-Stybar, succède le duo composé de Greg Van Avermaet et Peter Sagan (Tinkoff-Saxo) qui se dégage au sommet du Paterberg. Les deux hommes se lancent derrière Kristoff et Terpstra sur les 13 derniers kilomètres.

La voilà cette course débridée au suspense formidable ! Une quinzaine d’hommes se tiennent en une trentaine de secondes, mais ce sont bien ceux qui sont sur le pont depuis le Kruisberg qui découvriront les premiers la dernière ligne droite. Dans une position inconfortable, Niki Terpstra fait tout pour déstabiliser le rapide norvégien en sautant quelques relais et en les négligeant dans les 3 derniers kilomètres. Mais rien ne pouvait arrêter l’homme du début de saison 2015 qui garde son calme et dose justement ses efforts pour empêcher le retour de Sagan et de Van Avermaet. Niki Terpstra ne tentera rien de plus, fait tout de même de son mieux au sprint pour tenter de rivaliser avec le Scandinave. Mais Alexander Kristoff affiche une aisance remarquable pour décrocher son deuxième monument, un an après Milan-San Remo.

Classement :

1. Alexander Kristoff (NOR, Team Katusha)  les 264,2 km en 6h26’38 » (41,0 km/h)
2. Niki Terpstra (PBS, Etixx-Quick Step) m.t.
3. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 7 sec.
4. Peter Sagan (SVQ, Tinkoff-Saxo) à 17 sec.
5. Tiesj Benoot (BEL, Lotto-Soudal) à 35 sec.
6. Lars Boom (PBS, Astana) m.t.
7. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) à 48 sec.
8. Jurgen Roelandts (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
9. Zdenek Stybar (TCH, Etixx-Quick Step) m.t.
10. Martin Elmiger (SUI, IAM Cycling) m.t.