Il est encore bien trop tôt pour dire si la hiérarchie qui s’est dessinée au cours de la terrible étape andorrane disputée mercredi dernier sera celle que l’on retrouvera dans une semaine à Madrid quand la Vuelta prendra fin. Même s’il est sorti grand vainqueur de cette étape dantesque présentant plus de 5000 mètres de dénivelé en l’espace de 138 kilomètres, Fabio Aru (Astana) ne doit pas crier victoire trop vite. C’est avec le maillot rouge sur le dos que le grimpeur sarde se présente dans les Asturies pour tenter de consolider son avance encore relativement faible à ce stade de la course. Finalement, ce sont peut-être les trois étapes qui viennent qui scelleront le sort de cette Vuelta. La première, entre Vitoria et Fuente del Chivo, n’est pas la plus difficile, mais elle est la plus longue de cette édition avec 215 bornes au compteur.

Mais pour les coureurs focalisés sur le classement général, seuls les 18 derniers, ceux de la montée de l’Alto Campoo, comptent réellement. L’ascension régulière présentant une pente moyenne à 5,5 % est, comme les huit autres arrivées au sommet, complètement inédite. Il convenait donc d’étudier soigneusement le road book pour constater que dans cette montée, la pente n’est particulièrement sévère que dans les 4 derniers kilomètres. Forcément, ce n’est qu’à cet endroit que les principaux protagonistes qui maintiennent le suspense depuis deux semaines vont commencer à se dévoiler lors du jour le plus long de cette 80ème édition. A commencer par le Maillot Rouge, Fabio Aru en personne.

Mikaël Chérel (Ag2r La Mondiale), Alessandro De Marchi (BMC Racing Team), Salvatore Puccio (Team Sky), Carlos Quintero (Colombia) et José-Joaquin Rojas (Movistar Team) n’ont quant à eux pas attendu d’avoir parcouru 200 kilomètres pour produire leur effort. Sur cette première étape du triptyque asturien, les places dans l’échappée étaient, comme hier, très chères. Après une bonne heure de course disputée à très vive allure, ces cinq-là se portent en tête et l’échappée ne prend son envol qu’après une soixantaine de kilomètres. Si elle a mis du temps pour se dégager, elle n’en perdra pas pour creuser son avance. Le peloton relâche son effort et accorde un avantage de plus de dix minutes au quintette. Quand ils se présentent au pied de la montée finale, il ne fait plus aucun doute que la victoire se jouera parmi ces cinq-là.

Alessandro De Marchi le plus malin, Nairo Quintana retrouve son rang.

L’entente entre les cinq hommes est optimale durant toute la première partie d’ascension. Ce n’est que lorsque la route commence réellement à se cabrer à 4 kilomètres de l’arrivée que l’échappée se disloque. Meilleur grimpeur dans les cinq, Mikaël Chérel tente sa chance le premier. Mais celui qui a pris la 18ème place du Tour en juillet dernier est étroitement surveillé par le redoutable Alessandro De Marchi, vainqueur d’une étape de montagne sur la dernière édition de la Vuelta. Fin tacticien, l’Italien maîtrise parfaitement la situation. Aussi laisse-t-il le Normand attaquer à deux reprises pour le reprendre à chaque fois. Et quand José-Joaquin Rojas tente sa chance à 2 kilomètres de la ligne, le coureur de l’équipe BMC laisse le soin au Français de faire l’effort pour mieux le contrer et s’en aller conquérir un succès d’étape mérité.

Alessandro De Marchi n’a pas encore franchi la ligne dans la brume épaisse des cimes des Asturies que le maillot rouge de Fabio Aru s’agite en tête de peloton après le travail de sape mené par ses coéquipiers, Luis-Leon Sanchez puis Dario Cataldo. L’attaque tranchante du Sarde à 4 kilomètres du but n’est suivie que par le seul Nairo Quintana (Movistar Team), annoncé proche de l’abandon ces derniers jours. Grâce à son offensive, le grimpeur italien semble dans un premier temps s’imposer comme le véritable patron de cette Vuelta en lâchant les Joaquim Rodriguez (Team Katusha) et autre Tom Dumoulin (Giant-Alpecin) qu’il ne précédait que de 30 secondes au départ ce matin.

Mais dans ce Tour d’Espagne toujours plus indécis chaque jour, les cartes ne tardent pas à être rebattues. Derrière Aru et Quintana, Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), Rafal Majka (Tinkoff-Saxo), Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) et Joaquim Rodriguez se sont ligués pour revenir sur les deux favoris. De ce fait, les enseignements que l’on peut potentiellement tirer de cette 14ème étape sont encore bien minces vu la faiblesse des écarts. Une chose semble sûre : Nairo Quintana sera un adversaire redoutable en dernière semaine. Les 7 secondes reprises par le grimpeur colombien sur le haut du col ont surtout valeur d’avertissement pour Fabio Aru qui reste sous la menace de Joaquim Rodriguez. Tom Dumoulin a certes cédé du terrain, mais le Néerlandais n’accuse que 49 secondes au général. Il faudra bien d’autres sommets pour voir la Vuelta se décanter.

L’Alto de Sotres et ses rampes supérieures à 10 % dans ses 3 derniers kilomètres pourrait être celui-là demain entre Comillas et Cabrales (175,8 km).

Classement 14ème étape :

1. Alessandro De Marchi (ITA, BMC Racing Team) les 215 km en 5h43’12 »
2. Salvatore Puccio (ITA, Team Sky) à 21 sec.
3. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) à 32 sec.
4. Mikaël Chérel (FRA, Ag2r La Mondiale) à 38 sec.
5. Carlos Quintero (COL, Colombia) à 1’00 »
6. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 3’32 »
7. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 3’38 »
8. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 3’39 »
9. Fabio Aru (ITA, Astana) m.t.
10. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 3’44 »

Classement général :

1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 57h20’10 »
2. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) à 26 sec.
3. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) à 49 sec.
4. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 1’29 »
5. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’33 »
6. Mikel Nieve (ESP, Team Sky) à 2’10 »
7. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 2’11 »
8. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) à 2’13 »
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 3’00 »
10. Romain Sicard (FRA, Team Europcar) à 3’39 »

Classement par points :

1. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) 87 pt
2. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) 77 pt
3. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 75 pt
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 74 pt
5. Nicolas Roche (IRL, Team Sky) 72 pt
6. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 70 pt
7. Fabio Aru (ITA, Astana) 68 pt
8. John Degenkolb (ALL, Giant-Alpecin) 68 pt
9. Kristian Sbaragli (ITA, MTN-Qhubeka) 65 pt
10. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 56 pt

Classement de la montagne :

1. Omar Fraile (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) 55 pt
2. Ruben Plaza (ESP, Lampre-Merida) 27 pt
3. Mikel Landa (ESP, Astana) 25 pt
4. Alessandro De Marchi (ITA, BMC Racing Team) 20 pt
5. Mikaël Chérel (FRA, Ag2r La Mondiale) 17 pt
6. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 17 pt
7. Bert-Jan Lindeman (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 16 pt
8. Salvatore Puccio (ITA, Team Sky) 15 pt
9. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 13 pt
10. Fabio Aru (ITA, Astana) 12 pt

Classement du combiné :

1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 15 pt
2. Fabio Aru (ITA, Astana) 18 pt
3. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) 25 pt
4. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) 29 pt
5. Mikel Landa (ESP, Astana) 47 pt
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) 50 pt
7. Nicolas Roche (IRL, Team Sky) 53 pt
8. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 54
9. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) 58 pt
10. Nelson Oliveira (POR, Lampre-Merida) 60 pt

Classement par équipes :

1. Team Sky (GBR) en 172h10’21 »
2. Movistar Team (ESP) à 10’56 »
3. Astana (KAZ) à 14’53 »
4. Team Katusha (RUS) à 32’12 »
5. Cofidis (FRA) à 45’06 »
6. Team Europcar (FRA) à 45’40 »
7. Caja Rural-Seguros RGA (ESP) à 51’50 »
8. Lotto-Soudal (BEL) à 55’03 »
9. Etixx-Quick-Step (BEL) à 56’57 »
10. Tinkoff-Saxo (RUS) à 59’32 »