L’atmosphère du Tour d’Italie devient volcanique à mesure que l’on descend la botte italienne pour s’approcher de la Sicile et du plus haut volcan européen en activité. L’Etna est déjà dans les esprits de tous. Il l’est d’autant plus ce matin qu’une intense activité y a été enregistrée la nuit dernière. Rien qui ne devrait perturber le bon déroulement de l’étape de dimanche, mais les projections de cendres sur l’aéroport de Catane ont contraint les autorités à interrompre le trafic aérien. Ca pourrait bien être la pagaille au moment du transfert aérien prévu dimanche soir. La pression monte à tous les échelons de la course. Demain, déjà, les favoris devront se mesurer d’égal à égal à l’occasion de la première des huit arrivées en altitude. Et les sprinteurs engagés dans cette galère commencent à compter les occasions qu’il leur reste de se mesurer.

Depuis dimanche et le duel Petacchi-Cavendish, on n’a plus eu l’opportunité de voir les finisseurs jouer des coudes. Alors il y a bien cette sixième étape, organisée aujourd’hui entre Orvieto et Fiuggi Terme (216 km), mais le tracé est si spécifique qu’on ignore bien quelles sont réellement les chances des sprinteurs sur une telle course. Car c’est le type d’étape qui peut convenir à tout le monde. Pas suffisamment rude pour les favoris, peut-être trop accidentée pour les finisseurs. Bref, un gros point d’interrogation plane au-dessus de l’étape du jour, que les puncheurs abordent qui plus est avec l’appétit aiguisé. La spécificité du jour résidera dans un final ascendant mais empruntant de larges routes : une côte de 5,2 kilomètres à 4,4 % précède les 5500 derniers mètres en faux-plat montant jusqu’à la ligne.

Devant tant d’incertitudes quant à l’issue de cette journée, cinq coureurs misent sur une échappée au long cours. Dès le kilomètre 9, l’Italien Sacha Modolo (Colnago-CSF Inox), l’Ukrainien Yaroslav Popovych (RadioShack), le Belge Kristof Vandewalle (Quick Step), le Finlandais Jussi Veikkanen (Omega Pharma-Lotto) et le Belge Frederik Veuchelen (Vacansoleil-DCM) s’immiscent en tête, où ils accompliront le plus clair de la course. Le peloton ne laisse pas cinq attaquants prendre autant d’avance qu’un homme seul hier. Alors il limite l’avance de l’échappée aux abords des cinq minutes. Ce sont d’ailleurs les Farnese Vini-Neri Sottoli du champion d’Italie Giovanni Visconti qui régulent l’allure du peloton à la poursuite du quintet, pensant que l’arrivée peut tout à fait convenir aux caractéristiques de leur leader, porteur d’un inédit dossard 150.

Un peloton réduit de moitié sur une route ascendante trop large pour les attaquants.

Sur des routes tantôt montantes, tantôt descendantes, les cinq hommes de tête perdent progressivement du terrain… et des unités. Sacha Modolo est le premier à lâcher prise à 40 kilomètres de l’arrivée. Puis vient le tour de Jussi Veikkanen à 22 kilomètres du but. Kristof Vandewalle, lui, choisit l’isolement à 8 kilomètres de l’arrivée. Il démarre dans la côte située à l’entrée du final vers Fiuggi Terme, abandonnant Yaroslav Popovych et Frederik Veuchelen après 200 kilomètres d’échappée commune. Mais l’avance de Kristof Vandewalle sur ses poursuivants est devenue dérisoire et la nature du terrain ne l’avantage pas. Bientôt en point de mire du peloton, les choses se précipitent dans le dos du dernier attaquant matinal, bouche ouverte au grand maximum, et qui dépose les armes à 1500 mètres de la ligne.

La route ascensionnelle qui conduit au terme de la sixième étape se veut donc roulante. On y voit bien plusieurs coureurs y tenter leur chance, David Millar (Garmin-Cervélo) deux fois, Emanuele Sella (Androni Giocattoli) une fois, mais la vitesse avec laquelle le peloton négocie la côte élimine un certain nombre de concurrents tout en condamnant l’entreprise des derniers attaquants. Sur une chaussée large et quasi rectiligne, les favoris sont vigilants, les uns dans les roues des autres. Pas question de se perdre de vue dans ce final. Mais les sprinteurs sont là eux aussi, tout du moins les plus à l’aise dans les bosses, ce qui n’est assurément pas le cas de Mark Cavendish (HTC-Highroad), cité parmi les premières victimes. Le peloton a diminué de moitié mais il est encore très conséquent. Ce sont donc bel et bien les sprinteurs qui auront le dernier mot.

L’organisation du sprint n’a évidemment rien à voir avec celle des étapes purement dévolues aux finisseurs. Danilo Di Luca (Team Katusha) tente ainsi un dernier coup de poker à quelques hectomètres du but. Mais la pente n’est pas assez raide pour le puncheur abruzzais, son attaque ne fera que déclencher un sprint que lance Francisco-José Ventoso (Movistar Team). Calé dans la roue de l’Espagnol, Alessandro Petacchi (Lampre-ISD) le déboîte à 75 mètres du but, semble un instant le déborder puis coupe soudain son effort à une longueur de la ligne blanche. Le sprinteur toscan vient de brûler sa dernière goutte d’essence dans ce sprint en faux-plat montant. Battu à 25 mètres du but, Ventoso repasse devant in extremis pour s’adjuger une étape du Giro qui vient concrétiser son excellente première partie de saison. Le classement général ne subit pas la moindre évolution. Pieter Weening (Rabobank) conserve le Maillot Rose.

Demain vendredi, la septième étape ira chercher la première des huit arrivées en altitude entre Maddaloni et Montevergine di Mercogliano (110 km).

Classement 6ème étape :

1. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) les 216 km en 5h15’39 »
2. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
3. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
4. Danilo Di Luca (ITA, Team Katusha) m.t.
5. Davide Appollonio (ITA, Team Sky) m.t.
6. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
7. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) m.t.
8. Geral Ciolek (ALL, Quick Step) m.t.
9. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) m.t.
10. Ruggero Marzoli (ITA, Acqua & Sapone) m.t.

Classement général :

1. Pieter Weening (PBS, Rabobank) en 20h15’12 »
2. Kanstantsin Siutsou (BLR, HTC-Highroad) à 2 sec.
3. Marco Pinotti (ITA, HTC-Highroad) m.t.
4. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) à 5 sec.
5. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) à 22 sec.
6. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 24 sec.
7. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 26 sec.
8. Steven Kruijswijk (PBS, Rabobank) à 28 sec.
9. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) à 30 sec.
10. José Serpa (COL, Androni Giocattoli) à 33 sec.

Classement par points :

1. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) 48 pt
2. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 35 pt
3. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) 30 pt
4. Angel Vicioso (ESP, Androni Giocattoli) 28 pt
5. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) 27 pt
6. Pieter Weening (PBS, Rabobank) 25 pt
7. Davide Appollonio (ITA, Team Sky) 22 pt
8. Fabio Duarte (COL, Geox-TMC) 20 pt
9. David Millar (GBR, Garmin-Cervélo) 20 pt
10. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) 20 pt

Classement de la montagne :

1. Martin Kohler (SUI, BMC Racing Team) 10 pt
2. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Inox) 8 pt
3. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 5 pt
4. Roman Kreuziger (TCH, Astana) 3 pt
5. Sacha Modolo (ITA, Colnago-CSF Inox) 3 pt
6. Sebastian Lang (BEL, Omega Pharma-Lotto) 3 pt
7. Pavel Brutt (RUS, Team Katusha) 3 pt
8. Pablo Lastras (ESP, Movistar Team) 2 pt
9. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 2 pt
10. Valerio Agnoli (ITA, Liquigas-Cannondale) 2 pt

Classement des jeunes :

1. Steven Kruisjwik (PBS, Rabobank) en 20h15’40 »
2. Fabio Duarte (COL, Geox-TMC) à 15 sec.
3. Peter Kennaugh (GBR, Team Sky) à 22 sec.
4. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 24 sec.
5. Robert Kiserloski (CRO, Astana) m.t.
6. Francesco Masciarelli (ITA, Astana) à 31 sec.
7. Kevin Seeldraeyers (BEL, Quick Step) à 44 sec.
8. Eros Capecchi (ITA, Liquigas-Cannondale) à 46 sec.
9. Rafael Valls (ESP, Geox-TMC) à 1’17 »
10. Jan Bakelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 2’45 »

Classement par équipes :

1. Movistar Team (ESP) en 60h04’23 »
2. Astana (KAZ) à 18 sec.
3. Geox-TMC (ESP) à 34 sec.
4. Team Sky (GBR) à 59 sec.
5. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 1’16 »
6. Androni Giocattoli (ITA) à 1’38 »
7. Liquigas-Cannondale (ITA) à 1’47 »
8. HTC-Highroad (USA) à 2’16 »
9. Ag2r La Mondiale (FRA) à 2’32 »
10. Rabobank (PBS) à 3’28 »