Cela fait maintenant une semaine que le Tour d’Italie s’est élancé de Naples et, comme souvent, la course a déjà eu son lot de moments épiques, de retournements de situation, et de suspense. Tout cela, avant même que le premier temps fort de cette 96ème édition soit au menu, si l’on considère que le chrono par équipes dimanche dernier avait pour charge de donner un aperçu sur la puissance collective des formations des favoris de ce Giro. Cadel Evans et BMC ont donné des signes inquiétants de fébrilité, tout comme les Garmin-Sharp de Ryder Hesjedal. Mais le Canadien a rassuré en passant à l’attaque dès lundi. À l’inverse, les Astana de Vincenzo Nibali, et le Team Sky de Bradley Wiggins ont tenu leurs rangs.

C’est bien là le seul point positif pour le Britannique qui n’a pas vécu une première semaine de tout repos. Le vainqueur du dernier Tour de France a perdu du temps mardi, s’est fait quelques frayeurs jeudi, et surtout, s’est montré fébrile hier. Wiggins a perdu près d’1’30, 24 heures avant d’aborder son exercice favori. Avant qu’il ne s’élance sur la rampe de lancement, l’équation est simple. Soit, piqué dans son orgueil, il remet les pendules à l’heure vis-à-vis de ses concurrents, soit, marqué par sa chute et par cette première semaine compliquée, il n’est pas à la hauteur de son statut de champion olympique de l’effort en solitaire. Finalement, il livrera un chrono mi-figue, mi-raisin et ne sera, une nouvelle fois pas épargné par la malchance.

Il est 15h08 quand Bradley Wiggins s’élance pour 54,8 kilomètres avec une toute nouvelle monture, lui qui n’a plus couru de chrono depuis les Jeux Olympiques. Ce nouvel engin, l’Anglais ne l’utilisera qu’une petite vingtaine de minutes. Juste après avoir passé Danilo Di Luca (Vini Fantini-Selle Italia), il signale à son mécanicien un problème au niveau de la roue arrière. Immédiatement, Wiggins descend de vélo, jette son Pinarello sur le bas de côté de la route comme il l’avait fait au Trentin avant de reprendre le modèle sur lequel il a multiplié les succès l’an dernier. Très loin au premier point intermédiaire, il retrouve des couleurs une fois venue la seconde partie de parcours. S’il termine fort, il échoue à dix secondes de son compatriote Alex Dowsett (Movistar Team) qui a établi le temps de référence.

Nibali prend l’avantage, mais les écarts restent minimes

Avant que le Giro ne s’élance, on annonçait un duel entre Bradley Wiggins et Vincenzo Nibali. Les deux hommes aux deux profils différents vont suivre des trajectoires diamétralement opposées sur ce contre-la-montre. L’Italien joue avec ses forces et fait un départ canon. Le Sicilien signe le premier temps au pointage intermédiaire situé à mi-parcours. Mais la première partie du tracé, dessinée en montagne russe et comprenant quelques virages tortueux, est à l’avantage du Squale. En revanche, la deuxième partie présente une quinzaine de kilomètres de plat avant une dernière montée sur laquelle il faut garder un minimum de fraîcheur. Nibali ne tient logiquement pas le rythme infernal et concède finalement 21 secondes sur Alex Dowsett qui remporte l’étape.

Le Britannique, ancien du Team Sky, offre à Movistar son premier succès sur le Giro. Une belle performance pour ce coureur de 24 ans, ancien champion d’Europe Espoirs de la spécialité et qui effectue là son premier Grand Tour. C’est aussi et surtout un beau lot de consolation pour la formation espagnole qui perd le maillot rose. Sur un parcours exigeant, Benat Intxausti ne peut conserver la tunique de leader qu’il a récupéré hier. Celle-ci échoue sur les épaules de Vincenzo Nibali, surprenant 4ème.

Là où on imaginait Bradley Wiggins prendre le pouvoir, c’est finalement l’Italien qui se pare de rose. Dans le duel qui l’oppose au vainqueur de Tirreno-Adriatico, le Britannique devait à tout prix prendre de l’avance sur son rival. C’est finalement tout l’inverse puisqu’il possède 1’16 de retard. S’il termine devant Nibali, son avantage ne se compte qu’en secondes, onze précisément. L’autre grand gagnant du jour se nomme Cadel Evans (BMC Racing Team) qui ne concède que 39 secondes à Dowsett. Ryder Hesjedal est lui, un cran en dessous. Le Canadien est repoussé à plus de 2′ de Nibali au général, tandis que Michele Scarponi (Lampre-Merida) et Robert Gesink (Blanco) font plus que limiter les dégâts. En rose ce soir, Vincenzo Nibali est le grand favori pour la victoire finale. Mais le scénario complètement fou de cette première semaine doit inciter à la prudence.

Demain dimanche, les 170 kilomètres mèneront les coureurs de Sansepolcro à Florence.

Classement 8ème étape :

1. Alex Dowsett (GBR, Movistar Team) les 54,8 km en 1h16’27 » (43,2 km/h)
2. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 10 sec.
3. Tanel Kangert (EST, Astana) à 14 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 21 sec.
5. Stef Clement (PBS, Blanco) à 32 sec.
6. Luke Durbridge (AUS, Orica-GreenEdge) à 35 sec.
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 39 sec.
8. Manuele Boaro (ITA, Team Saxo-Tinkoff) à 45 sec.
9. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 53 sec.
10. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) m.t.

Classement général :

1. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) en 29h46’57 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 29 sec.
3. Robert Gesink (PBS, Blanco) à 1’15 »
4. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 1’16 »
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-Merida) à 1’24 »
6. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) à 2’05 »
7. Sergio-Luis Henao (COL, Team Sky) à 2’11 »
8. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 2’43 »
9. Przemyslaw Niemiec (POL, Lampre-Merida) à 2’44 »
10. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 2’49 »

Classement par points :

1. Mark Cavendish (GBR, Omega Pharma-Quick Step) 58 pt
2. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 52 pt
3. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 45 pt
4. Adam Hansen (AUS, Lotto-Belisol) 41 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 40 pt
6. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) 35 pt
7. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ) 31 pt
8. John Degenkolb (ALL, Argos-Shimano) 30 pt
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) 30 pt
10. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 29 pt

Classement de la montagne :

1. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 14 pt
2. Emanuele Sella (ITA, Androni Giocattoli) 13 pt
3. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) 12 pt
4. Adam Hansen (AUS, Lotto-Belisol) 12 pt
5. Willem Wauters (BEL, Vacansoleil-DCM) 9 t
6. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 9 pt
7. Danilo Di Luca (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) 5 pt
8. Manuele Boarao (ITA, Team Saxo-Tinkoff) 5 pt
9. Cameron Wurf (AUS, Cannondale) 3 pt
10. Pim Lightart (PBS, Vacansoleil-DCM) 3 pt

Classement des jeunes :

1. Wilco Kelderman (PBS, Blanco) en 29h50’23 »
2. Rafal Majka (POL, Team Saxo-Tinkoff) à 43 sec.
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’05 »
4. Carlos-Alberto Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) à 2’42 »
5. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 5’13 »
6. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 5’27 »
7. Darwin Atapuma (COL, Colombia) à 6’26 »
8. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 11’53 »
9. Stefano Locatelli (ITA, Bardiani Valvole-CSF Inox) à 12’38 »
10. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) à 13’06 »

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 88h40’51 »
2. Blanco (PBS) à 34 sec.
3. Team Sky (GBR) à 2’06 »
4. Lampre-Merida (ITA) à 4’55 »
5. Movistar Team (ESP) à 8’05 »
6. BMC Racing Team (USA) à 8’23 »
7. Team Katusha (RUS) à 9’40 »
8. Team Saxo-Tinkoff (DAN) à 10’02 »
9. RadioShack-Leopard (LUX) à 10’23 »
10. Vini Fantini-Selle Italia à 10’32 »