Casques jaunes. Le Team Sky a inauguré hier une nouveauté remarquée : les casques jaunes de leaders du classement par équipes. Proposée par Digital, le partenaire d’un classement qui incarne à merveille ses valeurs du collectif et de la cohésion, cette innovation reprend en fait le principe des casquettes jaunes autrefois portées par la meilleure équipe du Tour, mais que l’obligation du port du casque avait fait disparaître. L’idée a été acceptée par ASO et soumise aux vingt-deux équipes retenues pour l’édition 2012 du Tour de France, sans aucune obligation. Toutes ont joué le jeu en se faisant fournir les casques appropriés, à l’exception des seules équipes réticentes RadioShack-Nissan et Katusha. Dès hier, le port du casque jaune par les Sky a interpelé. Ces casques distinctifs s’ajoutent aux dossards jaunes déjà instaurés en 2006.

Nicolas Edet. C’est Nicolas Edet (Cofidis) qui, le premier, sera passé à l’attaque sur les routes du Tour 2012. Un moment inoubliable pour celui qui fait ses débuts sur l’épreuve. « J’étais devant au kilomètre 0, j’ai attaqué directement, raconte-t-il. Le directeur sportif nous avait dit que souvent, sur la première étape, ça peut partir vite. J’ai voulu prendre le taureau par les cornes en attaquant dès mon entrée dans le grand bain. C’était une belle étape pour aller chercher le maillot à pois, malheureusement je n’ai pas pu le faire. Il fallait essayer, montrer le maillot, j’espère que cette échappée mettra Cofidis dans une bonne dynamique. On en a l’envie, on l’a toujours eue. L’équipe n’a pas toujours été récompensée de tous ses efforts mais j’espère que ça interviendra sur le Tour, qui est la vitrine du cyclisme. »

Peter Sagan. A 22 ans, Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) est devenu hier à Seraing le plus jeune vainqueur d’étape du Tour de France depuis le premier succès de Lance Armstrong, à 21 ans, en 1993. Il s’est surtout rassuré vingt-quatre heures avoir manqué ses débuts sur la Grande Boucle. « Dans le prologue, j’ai commis une faute. Je suis déjà content de ne pas être tombé quand je me suis rattrapé in extremis. Ce prologue ne me convenait pas vraiment. Je n’ai pas l’habitude de marcher sur les chronos. Celui du Tour de Suisse était plus technique, avec une montée, une descente. A Liège, c’était tout plat, il fallait vraiment être très rapide. Je ne suis pas aussi puissant qu’un Fabian Cancellara ou qu’un Bradley Wiggins sur ce genre d’exercice. Ce prologue leur convenait mieux. Je me suis senti beaucoup mieux à Seraing. »

Yohann Gène. Une tactique est revenue en écho hier dans toutes les équipes françaises. Yohann Gène (Team Europcar) l’a suivi à la lettre en s’échappant. Il nous raconte : « nous voulions avoir quelqu’un dans l’échappée pour faire les grimpeurs. J’avais pour mission de suivre le premier coup. C’est ce que j’ai fait. Nous sommes partis tout de suite. Le peloton ne nous a pas laissé trop de champ, nous savions que ça allait rentrer. J’ai tenté de faire les grimpeurs mais Michael Morkov était plus rapide. C’est comme ça. Après, c’est toujours bien d’avoir quelqu’un dans l’échappée pour montrer le maillot du Team Europcar. C’est toujours satisfaisant. Il y avait du monde, c’était vraiment énorme. Maintenant, on verra quelle sera la stratégie de l’équipe sur les étapes à venir et quel sera mon rôle. »

David Millar. Le Britannique David Millar (Garmin-Sharp) a bien pris le départ du Tour de France samedi. Pris de vomissements toute la semaine dernière, il s’est classé 16ème à 18 secondes de Cancellara à Liège. « La performance réalisée dans le prologue a été correcte compte tenu de mon état fébrile les jours auparavant, a estimé l’ancien porteur du maillot jaune. Bien sûr, je nourris une petite déception d’être tombé malade juste à ce moment-là, mais mon temps est acceptable, ça aurait pu être pire. Maintenant, ça ne peut aller que de mieux en mieux. Le plus important, c’est d’être là. J’ai failli ne pas partir samedi, c’est un soulagement que d’être sur ce Tour. Le collectif est là, très fort, basé autour de Ryder Hesjedal, pour qui nous allons faire le maximum. Il est arrivé sur ce Tour de France plus fort encore qu’au Giro à mon sens, on en reparlera. »

Infirmerie. Entre Liège et Seraing, la première étape du Tour de France a été marquée par de premières chutes, heureusement sans trop de gravité. Anthony Roux (FDJ-BigMat), tombé en début d’étape, présentait hier soir les symptômes les plus inquiétants : un traumatisme du poignet gauche avec suspicion d’une fracture du cinquième métacarpien. Le poignet, c’est aussi ce dont se sont plaints Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step) et Thibaut Pinot (FDJ-BigMat), victimes de chutes eux aussi. Luis-Leon Sanchez (Rabobank) a été impliqué dans un accrochage survenu dans le final de l’étape. L’Espagnol s’est relevé avec un traumatisme à l’avant-bras droit. Un incident qui lui a tout de même coûté 4’05 » sur la ligne d’arrivée. De nombreuses éraflures ont en outre été constatées par le service médical du Tour : José-Joquin Rojas (Movistar Team) s’est écorché la fesse droite et Robert Hunter (Garmin-Sharp) le bras droit.

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3 questions à… Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan)

Fabian, vous êtes décidément un lion indomptable. Vainqueur samedi, vous avez mis le feu aux poudres à Seraing ?
Je voulais surtout défendre le maillot jaune vers Seraing. Mais quand j’ai vu que l’équipe avait roulé toute la journée sans être relayée, il fallait que j’attaque. Et quand j’attaque, c’est pour aller jusqu’au bout. J’étais avec Peter Sagan, certes, mais il n’était pas question de me relever pour autant à 500 mètres du but. Ce final d’étape, je l’avais repéré mètre par mètre en vidéo avec Alain Gallopin dès samedi soir. J’ai vu les sections pavées. Et quand je suis arrivé là j’étais bien.

Vous réalisez décidément un départ de Tour de France bluffant ?
Je ne sais pas ce qui m’arrive. Samedi, avec la victoire dans le prologue, ma démonstration personnelle, j’ai vu que j’étais sur la bonne voie, en bonne condition. Mais dimanche c’était très différent. Il y avait 200 kilomètres avec un final très dur. Etre combatif à la fin d’une étape comme ça, c’est géant. Tout le travail accompli, la confiance gagnée dans cette étape, va beaucoup m’apporter en plus du maillot jaune. Pédaler, ce n’est pas seulement avec les jambes, c’est aussi avec la tête.

Jusqu’où allez-vous aller en jaune sur ce Tour de France ?
J’espère amener ce maillot en France. C’est faisable normalement. Je veux en profiter au jour le jour et faire tout ce qu’on peut pour le garder. On va le défendre vers Tournai, mais j’espère que les équipes de sprinteurs vont rouler aussi car cette fois ce sera une étape 100 % promise aux sprinteurs. Je veux dire, on est sur le Tour de France, pas au Tour des îles Caraïbes… J’espère que les autres formations vont prendre leurs responsabilités. Nous, nous aimerions garder ce maillot. C’est important pour l’équipe, pour notre sérénité, pour le sponsor, pour notre fierté retrouvée après ces deux premiers jours de Tour de France.

Propos recueillis à Seraing le 1er juillet 2012.