Avec les années, obsédé qu’il est par son rendez-vous de juillet, Andy Schleck (RadioShack-Nissan) a fini par devenir bien pire que les adeptes d’un modèle en vogue il n’y a pas si longtemps encore, qui consistait pour les acteurs du Tour de France à ne miser que sur juillet. Et rien d’autre. Est-ce l’influence de Johan Bruyneel, l’ex mentor de Lance Armstrong, emblème de ce courant délétère qui tend depuis la fin de son règne à s’estomper ? Attendons pour faire quel que bilan que ce soit, nous répondrait le technicien belge, comme il tâchait de tempérer hier soir l’absolu manque de combativité (qui cache certainement un gros vice de condition) de son poulain. Toujours est-il qu’à 26 ans, Andy Schleck est devenu un spectre, exclusivement focalisé sur le Tour. Et qu’importe, à l’écouter, s’il court sans rage ni passion cette semaine sur le Dauphiné.

Avant même les hauts sommets de la seconde moitié de la course rhônalpine, au figuré à compter de jeudi et le contre-la-montre marathon, au propre à partir de vendredi et l’enchaînement des cols alpins, le Critérium du Dauphiné a perdu une tête d’affiche. Dans le but d’essayer autre chose dans son approche de juillet, Andy Schleck a rompu avec son habitude de s’aligner au Tour de Suisse, où il réalisait toujours de belles choses par le passé, mais ses débuts sur le Dauphiné ne sont pour l’heure absolument pas concluants. Il a cédé 3’10 » hier vers Saint-Vallier, le Luxembourgeois va lâcher 1’47 » de plus aujourd’hui sur la seule côte finale d’une deuxième étape 100 % ardéchoise, tracée entre Lamastre et Saint-Félicien sur un tracé accidenté. Ce sera loin d’être la plus dure journée de la semaine, bien que l’arrivée à Saint-Félicien soit sur le papier la plus longue arrivée en « altitude » de ce Dauphiné : 2,5 kilomètres à 4,4 %.

Une arrivée en côte, même sur des déclivités modérées, donne des idées aux favoris. Et Cadel Evans (BMC Racing Team), qui met actuellement à profit une préparation visiblement optimale ces dernières semaines, se voit bien réitérer son succès d’hier. Sur des routes où l’on est toujours en prise, sans véritable répit, il faudra d’abord aller chercher les quatre coureurs qui parviennent à s’échapper après 39 kilomètres agités. Il y a là trois Français, Blel Kadri (Ag2r La Mondiale), Christophe Kern (Team Europcar) et David Moncoutié (Cofidis), et un Colombien en la personne de José-Cayetano Sarmiento (Liquigas-Cannondale). Les pourcentages ne sont pas très importants mais le parcours ardéchois est franchement casse-pattes. Si les favoris souhaitent s’expliquer dans la côte d’arrivée, il ne leur faut pas laisser trop de champ aux quatre hommes qui constituent le groupe de tête. Un avantage maximal de 3’45 » leur sera accordé.

A partir du col de Lalouvesc, ça devient nettement plus compliqué. Et l’avance de Kadri, Kern, Moncoutié et Sarmiento se réduit toujours. Ils devront se rendre à 6 kilomètres de l’arrivée, avant le début de la montée de Saint-Félicien. Le peloton grimpe sans à-coups, ce qui, on l’a dit, est déjà trop pour Andy Schleck. Et c’est donc au sprint entre une petite cinquantaine de gars que doit se conclure cette nouvelle journée. Cadel Evans semble idéalement placé, 2ème tout du long de la grimpée, mais lorsque son poisson-pilote George Hincapie s’écarte trop loin du but, l’Australien tergiverse et perd des positions. Il est trop tard pour réagir, le rush a commencé, et Daniel Moreno (Team Katusha) s’en va gagner sous les yeux des Français Julien Simon (Saur-Sojasun) et Tony Gallopin (RadioShack-Nissan). Sans danger, Bradley Wiggins (Team Sky) reste en jaune.

Demain mercredi, la troisième étape sera la plus accessible de toutes entre Givors et La Clayette (167 km).

Classement 2ème étape :

1. Daniel Moreno (ESP, Team Katusha) les 160 km en 4h02’38 » (39,6 km/h)
2. Julien Simon (FRA, Saur-Sojasun) m.t.
3. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Nissan) m.t.
4. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
5. Jurgen Van Den Broeck (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
6. Luis-Leon Sanchez (ESP, Rabobank) m.t.
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
8. Janez Brajkovic (SLO, Astana) m.t.
9. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) m.t.
10. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) m.t.

Classement général :

1. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) en 8h45’42 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1 sec.
3. Andriy Grivko (UKR, Astana) à 2 sec.
4. Carlos Barredo (ESP, Rabobank) m.t.
5. Tony Martin (ALL, Omega Pharma-Quick Step) à 4 sec.
6. Paul Martens (ALL, Rabobank) m.t.
7. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) à 5 sec.
8. Jérôme Coppel (FRA, Saur-Sojasun) à 6 sec.
9. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.
10. Richie Porte (AUS, Team Sky) m.t.